Dans le tiroir de la table, il y avait un papier qu’ils avaient préparé tous les deux. Une liste. La liste de ce qu'il faudrait faire quand le moment serait venu. Ils l'avaient écrite ensemble... [+]
Monsieur l’Inspecteur des impôts
J’ai reçu hier votre courrier concernant ma déclaration d’impôts.
Je dois vous dire que cette lettre m'a beaucoup inquiétée et tracassée.
Je n'en ai pas dormi de la nuit, et ce matin j’ai fait une crise d’angoisse ( palpitations cardiaques, sueur froide, tremblements) . J’ai même pensé un moment que je vivais ma dernière heure et j’ai dû appeler mon médecin traitant pour qu'il vienne me voir en urgence chez moi, car je me déplace très difficilement. Comme vous avez pu le vérifier dans mon dossier, je suis une vieille dame de quatre-vingt six ans. Mon médecin m’a demandé si j’avais eu une contrariété. J’ai parlé d’une lettre, mais sans mentionner l’expéditeur, ce dont vous me saurez gré. Vous me dites que la déclaration que j’ai envoyée à vos services comporte de graves anomalies et vous parlez de « redressement fiscal ».
Vous connaissez ma situation patrimoniale aussi bien que moi. Je vous rappelle néanmoins qu’outre ma retraite d’institutrice, ( qui, à elle seule, me permettrait juste de survivre), les revenus qui me viennent de la location de ma maison me servent à payer le loyer d’un appartement avec ascenseur ( un luxe devenu désormais indispensable). Mais ce n’est pas sans regret, croyez-moi, que j’ai dû quitter la maison où j’ai vécu tant d’années et élevé mes enfants.
Vous savez également que je touche le loyer de deux magasins achetés il y a déjà une trentaine d’années avec l’argent que m’avaient légué mes parents lorsqu'ils sont décédés : une boutique de fleurs et un salon de coiffure, investissements parmi les plus sûrs du marché. Je me réjouis souvent du choix judicieux que j’ai fait de ces commerces, toujours florissants. Tant d’autres font faillite de nos jours ! J’ai déclaré tous ces revenus dans leur intégralité sans RIEN chercher à vous dissimuler.
Je dois toutefois vous préciser que, cette année, j’ai rempli moi-même ma déclaration d’impôts, car l’amie comptable qui s’en occupait jusqu’à présent est malheureusement décédée il y a trois mois. C’est hélas le sort de la plupart de mes amies de mon âge, sans oublier les quelques-unes qui vivent désormais en compagnie d’Alzheimer. Tout cela est bien triste, vous en conviendrez... J’en viens à ce redressement fiscal dont vous me menacez. Je ne vois qu’une explication à ces anomalies : une erreur de virgule, peut-être ? ( Ce qui, vous l’avouerez, serait quand même vexant pour l’institutrice que j’ai été ! ) Ma bonne foi cependant ne saurait être mise en doute, car je suis une vieille dame honnête, mais parfois étourdie, je le reconnais volontiers.
Vous me parlez également d’une amende que je devrai acquitter. Pourriez-vous m’en dispenser ? C’est précisément le prix de la plaque à induction que l’on doit me livrer demain. La mienne m’a lâchée dimanche dernier, juste le jour où j’avais invité des amies ! Comme le répétait souvent ma grand-mère : Un malheur n’arrive jamais seul. Elle avait bien raison.
Que dois-je faire ? Il m’est très difficile de venir jusqu’à vous, mais je reste toutefois à votre entière disposition pour répondre à toutes vos questions. Accepteriez-vous de venir chez moi partager un thé un après-midi, après la sieste, et manger une part de mon cake aux oranges amères ? Je serais très heureuse d’avoir votre visite et de pouvoir, tout en réglant ce litige, converser avec vous. Peut-être connaissez-vous certains de mes anciens élèves ?
Une chose encore : voyez-vous, cette lettre que vous m’avez adressée et qui m’a vivement perturbée, voire traumatisée ( le mot n’est pas trop fort), il me semble qu'il serait bon, à l’avenir, de la nuancer, afin d’en adoucir ses effets, notamment sur les personnes du quatrième âge, qui, comme moi, ont le cœur fragile. Je pourrai peut-être vous apporter mon aide, quant à sa rédaction. Ce serait avec grand plaisir. Mais nous en reparlerons lors de notre prochaine rencontre, si vous le voulez bien. À très bientôt, j’espère, Monsieur l’Inspecteur ? Bien respectueusement. Amélie Marchand, veuve Fontaine Ancienne institutrice à C...
J’ai reçu hier votre courrier concernant ma déclaration d’impôts.
Je dois vous dire que cette lettre m'a beaucoup inquiétée et tracassée.
Je n'en ai pas dormi de la nuit, et ce matin j’ai fait une crise d’angoisse ( palpitations cardiaques, sueur froide, tremblements) . J’ai même pensé un moment que je vivais ma dernière heure et j’ai dû appeler mon médecin traitant pour qu'il vienne me voir en urgence chez moi, car je me déplace très difficilement. Comme vous avez pu le vérifier dans mon dossier, je suis une vieille dame de quatre-vingt six ans. Mon médecin m’a demandé si j’avais eu une contrariété. J’ai parlé d’une lettre, mais sans mentionner l’expéditeur, ce dont vous me saurez gré. Vous me dites que la déclaration que j’ai envoyée à vos services comporte de graves anomalies et vous parlez de « redressement fiscal ».
Vous connaissez ma situation patrimoniale aussi bien que moi. Je vous rappelle néanmoins qu’outre ma retraite d’institutrice, ( qui, à elle seule, me permettrait juste de survivre), les revenus qui me viennent de la location de ma maison me servent à payer le loyer d’un appartement avec ascenseur ( un luxe devenu désormais indispensable). Mais ce n’est pas sans regret, croyez-moi, que j’ai dû quitter la maison où j’ai vécu tant d’années et élevé mes enfants.
Vous savez également que je touche le loyer de deux magasins achetés il y a déjà une trentaine d’années avec l’argent que m’avaient légué mes parents lorsqu'ils sont décédés : une boutique de fleurs et un salon de coiffure, investissements parmi les plus sûrs du marché. Je me réjouis souvent du choix judicieux que j’ai fait de ces commerces, toujours florissants. Tant d’autres font faillite de nos jours ! J’ai déclaré tous ces revenus dans leur intégralité sans RIEN chercher à vous dissimuler.
Je dois toutefois vous préciser que, cette année, j’ai rempli moi-même ma déclaration d’impôts, car l’amie comptable qui s’en occupait jusqu’à présent est malheureusement décédée il y a trois mois. C’est hélas le sort de la plupart de mes amies de mon âge, sans oublier les quelques-unes qui vivent désormais en compagnie d’Alzheimer. Tout cela est bien triste, vous en conviendrez... J’en viens à ce redressement fiscal dont vous me menacez. Je ne vois qu’une explication à ces anomalies : une erreur de virgule, peut-être ? ( Ce qui, vous l’avouerez, serait quand même vexant pour l’institutrice que j’ai été ! ) Ma bonne foi cependant ne saurait être mise en doute, car je suis une vieille dame honnête, mais parfois étourdie, je le reconnais volontiers.
Vous me parlez également d’une amende que je devrai acquitter. Pourriez-vous m’en dispenser ? C’est précisément le prix de la plaque à induction que l’on doit me livrer demain. La mienne m’a lâchée dimanche dernier, juste le jour où j’avais invité des amies ! Comme le répétait souvent ma grand-mère : Un malheur n’arrive jamais seul. Elle avait bien raison.
Que dois-je faire ? Il m’est très difficile de venir jusqu’à vous, mais je reste toutefois à votre entière disposition pour répondre à toutes vos questions. Accepteriez-vous de venir chez moi partager un thé un après-midi, après la sieste, et manger une part de mon cake aux oranges amères ? Je serais très heureuse d’avoir votre visite et de pouvoir, tout en réglant ce litige, converser avec vous. Peut-être connaissez-vous certains de mes anciens élèves ?
Une chose encore : voyez-vous, cette lettre que vous m’avez adressée et qui m’a vivement perturbée, voire traumatisée ( le mot n’est pas trop fort), il me semble qu'il serait bon, à l’avenir, de la nuancer, afin d’en adoucir ses effets, notamment sur les personnes du quatrième âge, qui, comme moi, ont le cœur fragile. Je pourrai peut-être vous apporter mon aide, quant à sa rédaction. Ce serait avec grand plaisir. Mais nous en reparlerons lors de notre prochaine rencontre, si vous le voulez bien. À très bientôt, j’espère, Monsieur l’Inspecteur ? Bien respectueusement. Amélie Marchand, veuve Fontaine Ancienne institutrice à C...
J'espère que Mone nous tiendra au courant et que, pour ta part, tu tiendras ta "promesse" ! 😉😊
PS : tu as un Ph acide ! 😉😁