Je m'appelle Mia. Je vis avec mon petit frère Gus, mon chat Kiki et mon papa.

Aujourd'hui, Papa a accepté de nous laisser seuls à la maison, avec Gus et Kiki. C'est la première fois ! Enfin tranquilles ! C'est vrai ça, il y en a marre d'être toujours surveillés par les adultes. Bon ça, chut, je ne le dis pas à Papa. À la place, je lui dis : « Je n'ai pas peur, je ne suis plus un bébé. Je suis assez grande pour me garder toute seule et m'occuper de Kiki et Gus ». Papa fait la grimace. Je crois que c'est lui qui a la trouille de nous laisser tous seuls !

« Soyez sages, continuez vos dessins », dit Papa. Il doit partir vite à cause de sa dent. La dent de Papa est tellement énorme que sa joue est gonflée comme mon ventre quand j'ai trop envie de faire pipi et que je dois courir aux toilettes. C'est pour ça que Papa est pressé d'aller chez le dentiste. Il ne peut plus se retenir lui aussi.

Papa s'en va et ferme la porte de l'appartement.

« Hourra, hourra ! » Je danse de joie. Gus rigole. Kiki ronronne. Je monte debout sur le canapé et leur explique à haute voix que ce moment est très important pour nous les enfants et les chats. On va pouvoir faire toutes les bêtises du monde entier. Personne ne sera là pour nous embêter ni pour nous gronder.

— Faisons la liste de toutes les bêtises que nous avons envie de faire ! dis-je.
Gus répond :
— Moi j'ai une bêtise. J'ai une bêtise !
 Il éclate de rire.
Je lui réponds :
— Attends, je prends d'abord mon stylo arc-en-ciel.
Et voilà que nous commençons à écrire la liste des bêtises à faire.

Liste TOP SECRÈTE :

Kiki ne ronronne plus et Gus commence à pleurer. Il serre fort contre lui Émile, son petit âne en peluche.
Je leur chuchote :
— N'ayez pas peur. On ne va pas se laisser embêter par un cambrioleur. Nous avons des bêtises à faire. J'ai une idée !
J'emmène Kiki et Gus dans la cuisine.
— Nous allons nous construire des armures de chevaliers pour nous protéger.
Je mets Kiki dans l'essoreuse à salade, une cocotte sur la tête de mon petit frère et une passoire sur la mienne.
— Il nous faut aussi des épées !
J'attrape la louche, le rouleau à pâtisserie et le presse-purée. J'espère que ça suffira pour effrayer le cambrioleur !

Nous approchons de la porte d'entrée sur la pointe des pieds avec nos armures en casseroles. Gus et moi sommes serrés l'un contre l'autre. Kiki s'est endormi dans l'essoreuse à salade. Je crie :
— Toi, le cambrioleur, va-t'en ! 
Gus crie aussi :
— Nous avons des épées ! Nous avons un tigre géant, il s'appelle Kiki, il est très méchant !
Puis, plus un bruit.

Alors que Gus me murmure à l'oreille « crois-tu que le cambrioleur est parti ? », on entend le bruit d'une clé qui tourne dans la serrure de la porte. « Au secours, au secours ! » Nous nous précipitons dans la chambre de Papa pour nous cacher sous son lit. Nous sommes pétrifiés comme des statues. Nous entendons aussitôt une voix : « Mes chéris, où êtes-vous ? ».

C'est la voix de mamie ! Quelle joie ! Nous sortons de notre cachette et courons dans ses bras. Elle nous fait des gros bisous de crapauds baveux qui sentent un peu le chou-fleur. Elle va sans doute nous empêcher de laver Kiki. Mais tant pis pour les bêtises et les bisous mouillés qui puent !