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— Je m'appelle Garance et tu dois être Olivier.
Nous nous étions rencontrés un jour de printemps dans le jardin des plantes, poumon de verdure qui irriguait de sa fraîcheur les immeubles de béton environnants. Garance avait tendu sa main vers moi, puis m'avait souri de sa bouche coquelicot. Vêtue d'une robe aux teintes rosées qui épousait son corps de liane, elle était restée quelques instants immobile dans les premières lueurs du matin. Elle avait ensuite continué son chemin vers l'ouest en me jetant un dernier regard. Cette trop brève rencontre avait piqué mon cœur telle une épine et la journée qui avait suivi s'était résumée au prolongement de son souvenir. Au crépuscule, l'image de Garance continuait à proliférer dans mon esprit comme une mauvaise herbe impossible à déraciner. J'ignorais cependant si j'allais la revoir. Au gré des saisons, elle aimait voyager et ne s'attardait jamais dans les villes qu'elle traversait. Garance vagabondait de jardin en jardin et je nourrissais peu d'espoir que son chemin ne recroise un jour le mien. Elle était si délicate que je doutais qu'elle s'intéresse à un homme comme moi, au visage sec et noueux et à la vie bien trop monotone pour daigner lui plaire.
Le lendemain, je fus réveillé par une étrange, mais douce sensation de brûlure qui irradiait ma poitrine comme les rayons d'un soleil naissant. Je soulevai la chemise de mon pyjama et découvris au creux de mon torse ce que je pris d'abord pour un bouton. Je m'approchai du miroir de la salle de bain pour mieux l'examiner. À la lumière du néon, je m'aperçus qu'il était d'une drôle de couleur verte, et en passant mon doigt dessus, je le trouvai bizarrement chaud et duveteux. Je n'avais jamais rien vu de tel. Je conclus qu'il s'agissait d'un bourgeon qui s'était accroché à ma poitrine par un malencontreux hasard. J'avais sans doute trop longtemps flâné entre les allées de roses du jardin des plantes et m'étais fait polliniser à mon insu. J'arrachai sans me poser davantage de questions ce bulbe dont les fines racines étaient d'un rouge aussi vif que le sang qui coulait dans mes veines.
Le matin suivant, à peine avais-je ouvert les yeux que j'étais à nouveau saisi par la même sensation de chaleur diffuse. Debout dans la salle de bain, je constatai la présence de trois bourgeons qui transperçaient ma poitrine. Je tirai sur l'un d'eux, mais impossible cette fois-ci de le déloger. J'étais pressé – une longue journée de labeur m'attendait – et je décidai de ne pas prêter davantage attention à mon problème horticole. Peut-être ces bourgeons disparaitraient-ils d'eux-mêmes avant la nuit tombée si je m'abstenais de les arroser.
Mais ce n'était que peine perdue. Le lendemain, ils étaient encore plus nombreux et formaient un petit buisson verdoyant près de mon cœur. Quelques jours plus tard, sans crier gare, la première fleur se mit à éclore. Une petite fleur, fragile et délicate, d'un jaune pâle et dont les élégants pétales formaient comme une étoile autour du pistil. Je l'observai longuement, fasciné par sa beauté que je craignais trop éphémère. Je devais me rendre à l'évidence : elle faisait à présent partie de moi et je n'avais plus la force de m'en défaire. Je décidai alors de la chérir et de la laisser croître.
Car dans cette fleur et dans celles qui éclosirent à sa suite, il me semblait reconnaître Garance, la finesse de ses traits et la douceur, j'imaginais, de ses cheveux ondoyants. Je repensais continuellement à ses yeux couleur fougère et à sa bouche rougeoyante. Par son seul regard, elle avait semé en moi une graine qui ne faisait que grandir. De ma poitrine naissaient et prospéraient des plantes et des fleurs, qui n'étaient que l'écho de mon amour pour elle. Mon torse était devenu le terreau de mes sentiments et c'est avec ravissement que je les laissais m'envahir.
Les semaines passèrent ainsi : chaque jour, de nouvelles fleurs parsemaient mon cœur, toujours plus vivaces et foisonnantes. Chaque matin, je me tenais devant ma fenêtre afin de laisser le soleil les caresser. À la fin du printemps, une enveloppe fut déposée sur le pas de ma porte. À l'intérieur, au lieu d'une lettre, je trouvai quelques pétales de rose sur lesquels étaient inscrits une heure et un lieu de rendez-vous : demain, 8 heures, Jardin des Plantes, allée des tinctoriales. Ce ne pouvait être que de la part de Garance. Le lendemain matin, je me réveillai aux aurores. D'immenses fleurs avaient éclos dans la nuit et parsemaient mon lit. Leur parfum envoûtant avait envahi ma chambre. Je n'avais jamais admiré de plantes aussi grandes et aux couleurs aussi éclatantes. Je les rassemblai en un bouquet gigantesque et descendis l'escalier chargé de mes ostensibles sentiments. Mon cœur battait très fort tandis que je pénétrais dans le jardin des plantes. Arrivé à l'endroit précis de notre première rencontre, j'attendis fébrilement Garance. Je la vis bientôt apparaître au bout de l'allée, fleur parmi les fleurs. Elle s'avança jusqu'à moi, sa robe traînant à terre et ramassant derrière elle les brins d'herbe et les pétales oubliés qui jonchaient le sol. Elle me sourit et se mit aussitôt à rougir en voyant le considérable bouquet que je lui tendais. Hésitant quelques instants, elle m'offrit en retour ce qu'elle dissimulait précautionneusement dans son dos. Dans ses mains ouvertes, je découvris toute une brassée de rameaux d'olivier. Elle m'avoua alors du bout des lèvres qu'une chose étrange s'était produite au creux de son ventre.
Nous nous étions rencontrés un jour de printemps dans le jardin des plantes, poumon de verdure qui irriguait de sa fraîcheur les immeubles de béton environnants. Garance avait tendu sa main vers moi, puis m'avait souri de sa bouche coquelicot. Vêtue d'une robe aux teintes rosées qui épousait son corps de liane, elle était restée quelques instants immobile dans les premières lueurs du matin. Elle avait ensuite continué son chemin vers l'ouest en me jetant un dernier regard. Cette trop brève rencontre avait piqué mon cœur telle une épine et la journée qui avait suivi s'était résumée au prolongement de son souvenir. Au crépuscule, l'image de Garance continuait à proliférer dans mon esprit comme une mauvaise herbe impossible à déraciner. J'ignorais cependant si j'allais la revoir. Au gré des saisons, elle aimait voyager et ne s'attardait jamais dans les villes qu'elle traversait. Garance vagabondait de jardin en jardin et je nourrissais peu d'espoir que son chemin ne recroise un jour le mien. Elle était si délicate que je doutais qu'elle s'intéresse à un homme comme moi, au visage sec et noueux et à la vie bien trop monotone pour daigner lui plaire.
Le lendemain, je fus réveillé par une étrange, mais douce sensation de brûlure qui irradiait ma poitrine comme les rayons d'un soleil naissant. Je soulevai la chemise de mon pyjama et découvris au creux de mon torse ce que je pris d'abord pour un bouton. Je m'approchai du miroir de la salle de bain pour mieux l'examiner. À la lumière du néon, je m'aperçus qu'il était d'une drôle de couleur verte, et en passant mon doigt dessus, je le trouvai bizarrement chaud et duveteux. Je n'avais jamais rien vu de tel. Je conclus qu'il s'agissait d'un bourgeon qui s'était accroché à ma poitrine par un malencontreux hasard. J'avais sans doute trop longtemps flâné entre les allées de roses du jardin des plantes et m'étais fait polliniser à mon insu. J'arrachai sans me poser davantage de questions ce bulbe dont les fines racines étaient d'un rouge aussi vif que le sang qui coulait dans mes veines.
Le matin suivant, à peine avais-je ouvert les yeux que j'étais à nouveau saisi par la même sensation de chaleur diffuse. Debout dans la salle de bain, je constatai la présence de trois bourgeons qui transperçaient ma poitrine. Je tirai sur l'un d'eux, mais impossible cette fois-ci de le déloger. J'étais pressé – une longue journée de labeur m'attendait – et je décidai de ne pas prêter davantage attention à mon problème horticole. Peut-être ces bourgeons disparaitraient-ils d'eux-mêmes avant la nuit tombée si je m'abstenais de les arroser.
Mais ce n'était que peine perdue. Le lendemain, ils étaient encore plus nombreux et formaient un petit buisson verdoyant près de mon cœur. Quelques jours plus tard, sans crier gare, la première fleur se mit à éclore. Une petite fleur, fragile et délicate, d'un jaune pâle et dont les élégants pétales formaient comme une étoile autour du pistil. Je l'observai longuement, fasciné par sa beauté que je craignais trop éphémère. Je devais me rendre à l'évidence : elle faisait à présent partie de moi et je n'avais plus la force de m'en défaire. Je décidai alors de la chérir et de la laisser croître.
Car dans cette fleur et dans celles qui éclosirent à sa suite, il me semblait reconnaître Garance, la finesse de ses traits et la douceur, j'imaginais, de ses cheveux ondoyants. Je repensais continuellement à ses yeux couleur fougère et à sa bouche rougeoyante. Par son seul regard, elle avait semé en moi une graine qui ne faisait que grandir. De ma poitrine naissaient et prospéraient des plantes et des fleurs, qui n'étaient que l'écho de mon amour pour elle. Mon torse était devenu le terreau de mes sentiments et c'est avec ravissement que je les laissais m'envahir.
Les semaines passèrent ainsi : chaque jour, de nouvelles fleurs parsemaient mon cœur, toujours plus vivaces et foisonnantes. Chaque matin, je me tenais devant ma fenêtre afin de laisser le soleil les caresser. À la fin du printemps, une enveloppe fut déposée sur le pas de ma porte. À l'intérieur, au lieu d'une lettre, je trouvai quelques pétales de rose sur lesquels étaient inscrits une heure et un lieu de rendez-vous : demain, 8 heures, Jardin des Plantes, allée des tinctoriales. Ce ne pouvait être que de la part de Garance. Le lendemain matin, je me réveillai aux aurores. D'immenses fleurs avaient éclos dans la nuit et parsemaient mon lit. Leur parfum envoûtant avait envahi ma chambre. Je n'avais jamais admiré de plantes aussi grandes et aux couleurs aussi éclatantes. Je les rassemblai en un bouquet gigantesque et descendis l'escalier chargé de mes ostensibles sentiments. Mon cœur battait très fort tandis que je pénétrais dans le jardin des plantes. Arrivé à l'endroit précis de notre première rencontre, j'attendis fébrilement Garance. Je la vis bientôt apparaître au bout de l'allée, fleur parmi les fleurs. Elle s'avança jusqu'à moi, sa robe traînant à terre et ramassant derrière elle les brins d'herbe et les pétales oubliés qui jonchaient le sol. Elle me sourit et se mit aussitôt à rougir en voyant le considérable bouquet que je lui tendais. Hésitant quelques instants, elle m'offrit en retour ce qu'elle dissimulait précautionneusement dans son dos. Dans ses mains ouvertes, je découvris toute une brassée de rameaux d'olivier. Elle m'avoua alors du bout des lèvres qu'une chose étrange s'était produite au creux de son ventre.
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Pourquoi on a aimé ?
Lorsque Olivier rencontre Garance, il ne se doute absolument pas de l'impact que cette jeune femme libre à l’âme nomade aura sur lui, au sens
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