A force de faire la vaniteuse depuis les compliments de mon médecin, vers la cinquantaine, j’ai abandonné la balance et doucement, mois après mois, mon corps a pris le parti de gonfle... [+]

Lui, c’est Ouistiti. Enfin c’est ainsi que sa grand-mère appelle Eloi. C’est un garçon de dix ans qui en paraît à peine huit. Il adore grimper aux arbres, parler avec son chat, rouler et pirouetter comme un leste animal.
Au village, dans sa classe à trois niveaux, sa petite taille le servirait plutôt. Il s’occupe du poisson rouge, de la tortue et des livres.
Mais au collège, que se passera-t-il pour lui ? Ses parents redoutent la rentrée en sixième et tous les pièges qui le guettent. Une préparation s’impose. La maîtresse suggère la pratique d’un sport collectif.
Ses parents, Romane et Alexis, choisissent le football. Eloi accepte pour les rassurer : il ne supporte pas de les voir dans la peine.
A table, la conversation roule sur les champions, on parle Coupe du monde, on compare Griezmann à Giroud ou à Gignac… Romane emmène Eloi en shopping, Alexis au stade. Le voilà inscrit, équipé, paré pour s’aguerrir.
Avant, arrière, ailier droit ou gauche : Eloi n’a pas montré la moindre aptitude pour tous ces postes. En désespoir de cause, l’entraîneur le nomme gardien de but. Après tout, le gamin est leste.
Premier match sérieux. On entre dans la compétition. Ça cavale sur le terrain, ça tacle, ça trébuche. Eloi tient son rôle avec grand sérieux. Mains aux genoux, l’œil aux aguets, il attend l’attaque frontale. Il ne faudrait pas qu’il laisse marquer un but.
Mais l’adversaire n’est pas trop coriace et le jeu a tendance à se dérouler sur l’autre partie du terrain. Loin de la cage du gardien… Loin d’Eloi. Qui suit le ballon, un moment… Puis lève les yeux vers le ciel. Il s’ennuie… Bientôt, il esquisse quelques pas glissés, ose une pirouette… Puis une autre, plus haute. Il oublie qu’il est gardien, se retrouve petit ouistiti, à sauter. Et hop ! La roue, dans un sens, dans un autre… A présent, l’équilibre : le voilà, pieds en l’air, tête en bas. Il n’entend pas la rumeur qui monte vers lui. Le jeu est revenu dans son camp. Il est ailleurs, il marche sur les mains, retombe sur le côté, roule. Ouch ! Qu’est-ce qui a bien pu le faire chuter aussi brutalement ? Et qu’est-ce que c’est, là, entre ses pieds ?
Le ballon ! Contré, arrêté !
Il a sauvé l’honneur. Il a arrêté le but !
Il n’a pas encore compris ce qui vient d’arriver que la clameur l’assourdit : on le porte en triomphe. On le proclame mascotte de l’équipe !
— Alors champion, dit grand-père, qu’est-ce que tu vas faire à présent ?
— M’entraîner sérieusement… en gymnastique !
Au village, dans sa classe à trois niveaux, sa petite taille le servirait plutôt. Il s’occupe du poisson rouge, de la tortue et des livres.
Mais au collège, que se passera-t-il pour lui ? Ses parents redoutent la rentrée en sixième et tous les pièges qui le guettent. Une préparation s’impose. La maîtresse suggère la pratique d’un sport collectif.
Ses parents, Romane et Alexis, choisissent le football. Eloi accepte pour les rassurer : il ne supporte pas de les voir dans la peine.
A table, la conversation roule sur les champions, on parle Coupe du monde, on compare Griezmann à Giroud ou à Gignac… Romane emmène Eloi en shopping, Alexis au stade. Le voilà inscrit, équipé, paré pour s’aguerrir.
Avant, arrière, ailier droit ou gauche : Eloi n’a pas montré la moindre aptitude pour tous ces postes. En désespoir de cause, l’entraîneur le nomme gardien de but. Après tout, le gamin est leste.
Premier match sérieux. On entre dans la compétition. Ça cavale sur le terrain, ça tacle, ça trébuche. Eloi tient son rôle avec grand sérieux. Mains aux genoux, l’œil aux aguets, il attend l’attaque frontale. Il ne faudrait pas qu’il laisse marquer un but.
Mais l’adversaire n’est pas trop coriace et le jeu a tendance à se dérouler sur l’autre partie du terrain. Loin de la cage du gardien… Loin d’Eloi. Qui suit le ballon, un moment… Puis lève les yeux vers le ciel. Il s’ennuie… Bientôt, il esquisse quelques pas glissés, ose une pirouette… Puis une autre, plus haute. Il oublie qu’il est gardien, se retrouve petit ouistiti, à sauter. Et hop ! La roue, dans un sens, dans un autre… A présent, l’équilibre : le voilà, pieds en l’air, tête en bas. Il n’entend pas la rumeur qui monte vers lui. Le jeu est revenu dans son camp. Il est ailleurs, il marche sur les mains, retombe sur le côté, roule. Ouch ! Qu’est-ce qui a bien pu le faire chuter aussi brutalement ? Et qu’est-ce que c’est, là, entre ses pieds ?
Le ballon ! Contré, arrêté !
Il a sauvé l’honneur. Il a arrêté le but !
Il n’a pas encore compris ce qui vient d’arriver que la clameur l’assourdit : on le porte en triomphe. On le proclame mascotte de l’équipe !
— Alors champion, dit grand-père, qu’est-ce que tu vas faire à présent ?
— M’entraîner sérieusement… en gymnastique !

Mon pantoum (Rêve d'ailleurs) est en cavale dans la Matinale. Je vous invite à aller le lire pour le soutenir s'il vous a plu. Merci.
http://short-edition.com/fr/oeuvre/poetik/reve-dailleurs-pantoum