La nuit va tomber sur le port. Mouettes et cormorans zèbrent le ciel dans l’attente des déchets de la pêche que les marins vont leur livrer en nettoyant les ponts. L’un après l’autre, les... [+]
La lumière du jour me transperce.
Elle a ouvert les volets, poussé les stores et m’a souhaité une bonne journée. Peut-être m’a-t-elle parlé avant, je dormais je ne l’ai pas entendu.
Elle s’est assise sur le bord du lit, je parie qu’elle m’a souri. Elle m’a frotté affectueusement l’avant-bras avant que je ne sente une piqure au creux du coude. Je ne sais pas pourquoi elle fait ça, c’est désagréable. Elle a remis en place le tuyau devant ma bouche et je perçois à nouveau ce petit souffle d’air frais qui me titille les narines, c’est agréable.
Mon estomac se remplit d’un liquide tiédasse. C’est curieux avant je n’avais pas cette sensation, avant.... Je regrette l’amertume du café du matin, sa chaleur qui me brûlait le palais, le craquant de ma biscotte allié à l’onctuosité du beurre et du miel mêlés.
Quelques fois, on rentre sans frapper dans ma chambre. Il y a un homme qui parle à plusieurs personnes d’un ton doctoral. Il parle de vie végétative, de légume, sans doute un professeur de biologie. En réalité je n’écoute pas son discours un peu débilitant, je respire l’odeur subtile d’arabica qui suit la petite troupe !
J’ai entendu, ses pas dans le couloir. Elle a mis des talons, elle met souvent des talons quand elle vient me voir. Elle frappe à la porte, attend un instant, mon cœur bat la chamade. A chacune de ses visites, je me sens revivre. Toutes mes peurs, toutes mes craintes, tous mes abandons s’envolent. Son parfum envahit l’espace. Toujours le même, Samsara, avec ses notes orientales de jasmin, ylang-ylang, bois de santal... Son premier flacon, c’est moi qui le lui avais offert. J’avais pris le temps de choisir un parfum en accord parfait avec sa personnalité et puis j’avais aussi été conquis par le nom : "renaissance éternelle" en sanskrit, le perpétuel voyage d’une existence à une autre.
Elle entre donc et j’entends sa voix. Je souris à l’intérieur de moi. Elle vient vers moi, m’enlace, m’embrasse, je voudrais tant lui rendre ses baisers, lui faire comprendre que je suis là, de l’autre côté certes, mais là, vivant, pensant.
Elle s’assied et commence à me raconter sa journée. Nos mains sont croisées, liées. Elle me dit tout. Ses soucis de bureau, les infos du jour. Autrefois c’était moi, qui parlais, qui lui racontais ma vie, si excitante, mais depuis que c’est elle qui parle, je la découvre et l’aime d’autant plus. Il aura fallu que je me taise pour qu’elle s’exprime enfin. Dans mon émoi, je ressers mes doigts. Elle sursaute, elle l’a senti. Elle pause délicatement ma main sur le drap et je l’entends partir en courant. Je n’ai pas le temps de m’inquiéter qu’elle est déjà de retour accompagnée par le biologiste.
« Mais non madame, ce n’est pas un geste volontaire, un sursaut tout au plus. Vous savez vous devez vous faire une raison, c’est un légume, il ne reviendra pas. Ne venez plus tous les jours comme cela. Sortez, vivez votre vie.... ». Il s’en est allé. A ce qu’il vient de dire, j’ai enfin compris, c’est un incapable qui me condamne à vie.
J’entends comme un sanglot. Je pleurs aussi, à l’intérieur. Ses mains ont saisi les miennes. Elle se penche sur moi et me dit : « Ne t’en fait pas, on va rentrer à la maison ». Je serre très fort ses mains, peut-être le ressent-elle ?
Pour elle, je m’entraînerai, je me concentrerai, j’y arriverai ! je retournerai de l’autre côté.
Elle a ouvert les volets, poussé les stores et m’a souhaité une bonne journée. Peut-être m’a-t-elle parlé avant, je dormais je ne l’ai pas entendu.
Elle s’est assise sur le bord du lit, je parie qu’elle m’a souri. Elle m’a frotté affectueusement l’avant-bras avant que je ne sente une piqure au creux du coude. Je ne sais pas pourquoi elle fait ça, c’est désagréable. Elle a remis en place le tuyau devant ma bouche et je perçois à nouveau ce petit souffle d’air frais qui me titille les narines, c’est agréable.
Mon estomac se remplit d’un liquide tiédasse. C’est curieux avant je n’avais pas cette sensation, avant.... Je regrette l’amertume du café du matin, sa chaleur qui me brûlait le palais, le craquant de ma biscotte allié à l’onctuosité du beurre et du miel mêlés.
Quelques fois, on rentre sans frapper dans ma chambre. Il y a un homme qui parle à plusieurs personnes d’un ton doctoral. Il parle de vie végétative, de légume, sans doute un professeur de biologie. En réalité je n’écoute pas son discours un peu débilitant, je respire l’odeur subtile d’arabica qui suit la petite troupe !
J’ai entendu, ses pas dans le couloir. Elle a mis des talons, elle met souvent des talons quand elle vient me voir. Elle frappe à la porte, attend un instant, mon cœur bat la chamade. A chacune de ses visites, je me sens revivre. Toutes mes peurs, toutes mes craintes, tous mes abandons s’envolent. Son parfum envahit l’espace. Toujours le même, Samsara, avec ses notes orientales de jasmin, ylang-ylang, bois de santal... Son premier flacon, c’est moi qui le lui avais offert. J’avais pris le temps de choisir un parfum en accord parfait avec sa personnalité et puis j’avais aussi été conquis par le nom : "renaissance éternelle" en sanskrit, le perpétuel voyage d’une existence à une autre.
Elle entre donc et j’entends sa voix. Je souris à l’intérieur de moi. Elle vient vers moi, m’enlace, m’embrasse, je voudrais tant lui rendre ses baisers, lui faire comprendre que je suis là, de l’autre côté certes, mais là, vivant, pensant.
Elle s’assied et commence à me raconter sa journée. Nos mains sont croisées, liées. Elle me dit tout. Ses soucis de bureau, les infos du jour. Autrefois c’était moi, qui parlais, qui lui racontais ma vie, si excitante, mais depuis que c’est elle qui parle, je la découvre et l’aime d’autant plus. Il aura fallu que je me taise pour qu’elle s’exprime enfin. Dans mon émoi, je ressers mes doigts. Elle sursaute, elle l’a senti. Elle pause délicatement ma main sur le drap et je l’entends partir en courant. Je n’ai pas le temps de m’inquiéter qu’elle est déjà de retour accompagnée par le biologiste.
« Mais non madame, ce n’est pas un geste volontaire, un sursaut tout au plus. Vous savez vous devez vous faire une raison, c’est un légume, il ne reviendra pas. Ne venez plus tous les jours comme cela. Sortez, vivez votre vie.... ». Il s’en est allé. A ce qu’il vient de dire, j’ai enfin compris, c’est un incapable qui me condamne à vie.
J’entends comme un sanglot. Je pleurs aussi, à l’intérieur. Ses mains ont saisi les miennes. Elle se penche sur moi et me dit : « Ne t’en fait pas, on va rentrer à la maison ». Je serre très fort ses mains, peut-être le ressent-elle ?
Pour elle, je m’entraînerai, je me concentrerai, j’y arriverai ! je retournerai de l’autre côté.
La chute est pleine d'espoir ! Merci Odile pour ce sublime moment de lecture. A bientôt !
" Un petit cœur collé sur un portable " en finale des nouvelles, espère un avis de votre part, merci.
Bravo.
http://short-edition.com/fr/oeuvre/poetik/de-l-autre-cote-de-notre-monde
http://short-edition.com/fr/oeuvre/poetik/gros-pere-noel