p class="Standard">On m’escorta jusqu’à la maison de Schiffer. La grande façade grise ne laissait pas présager un tel luxe. En quittant le vestibule, je croisai un serviteur élégant qui... [+]
Elle vient d'apprendre la mort de ses deux fils sur l'écran de télévision devant le carrousel à bagages où elle a récupéré sa valise. La salle est bondée et l'air est moite, irrespirable. Elle a enlevé son manteau et le porte sur le bras. De l'autre main elle tient la poignée d'une énorme valise. Elle vient juste d'atterrir, elle rentre enfin chez elle, finalement, définitivement, après des années d'absence. Elle regarde les images sans comprendre, elle est complètement paralysée. La nouvelle vient d'être annoncée à la télévision et défile maintenant en boucle. Les flashes d'information se succèdent, répétant le même contenu presque mot pour mot. Les gens autour d'elle regardent aussi, choqués. Certains se mettent à passer des appels anxieux à leur famille, d'autres sont penchés sur leurs téléphones pour chercher plus d'information.
Il y a une atmosphère de peur et de déroute. Des voyageurs entrent dans la salle l'air ailleurs, puis ils s'arrêtent abasourdis devant les écrans. Ils regardent les images d'un air stupéfait et après plusieurs minutes, ils détournent la tête, attrapent leur valise et se dépêchent de quitter la salle. Elle par contre reste debout sans bouger. Ses yeux sont légèrement exorbités, on dirait qu'elle regarde à travers l'écran. Elle ne voit plus rien et se met à penser à ce que lui a dit le fonctionnaire hier après-midi, en signant sa déclaration de sortie. "Vos enfants ne vont pas vous reconnaître" Il lui a lancé cela avec un regard malveillant. Il avait sauté sur la dernière occasion de lui faire mal avant qu'elle ne quitte le centre. Elle se répète cette phrase en boucle, Ils ne vont pas me reconnaître, ils ne vont pas me reconnaître, ils ne vont pas me reconnaître et au bout d'un moment elle s'aperçoit qu'elle parle à voix haute. La salle s'est vidée, elle est seule à côté de sa valise devant le carrousel à bagages qui s'est arrêté de tourner.
Il y a une atmosphère de peur et de déroute. Des voyageurs entrent dans la salle l'air ailleurs, puis ils s'arrêtent abasourdis devant les écrans. Ils regardent les images d'un air stupéfait et après plusieurs minutes, ils détournent la tête, attrapent leur valise et se dépêchent de quitter la salle. Elle par contre reste debout sans bouger. Ses yeux sont légèrement exorbités, on dirait qu'elle regarde à travers l'écran. Elle ne voit plus rien et se met à penser à ce que lui a dit le fonctionnaire hier après-midi, en signant sa déclaration de sortie. "Vos enfants ne vont pas vous reconnaître" Il lui a lancé cela avec un regard malveillant. Il avait sauté sur la dernière occasion de lui faire mal avant qu'elle ne quitte le centre. Elle se répète cette phrase en boucle, Ils ne vont pas me reconnaître, ils ne vont pas me reconnaître, ils ne vont pas me reconnaître et au bout d'un moment elle s'aperçoit qu'elle parle à voix haute. La salle s'est vidée, elle est seule à côté de sa valise devant le carrousel à bagages qui s'est arrêté de tourner.