Il aurait pu se faire écraser trois fois sur la quatre-voies. Mais, sous le soleil bleu, ce jour-là, il ne voyait personne : ni voiture, ni camion, ni moto. Pas de piéton, de cycliste, de... [+]

La curiosité est un vilain défaut et Harry s'est perdu. Encore une fois.
Il se perd tout le temps quand il joue avec les deux Flanagan du côté des anciens couloirs où règne un parfum étrange, qu’on ne retrouve nulle part dans les sous-sols de « l’Arche ». Il y avait un lapin, Harry en était sûr. Il a vu sa silhouette bondir. À cette distance de la surface, il est sûr que c’est un lapin. Certains ont survécu.
Sa lampe a tremblé puis s’est tue. Le gosse scrute le silence pour percevoir les voix des secours. Il ne peut pas se perdre : le monde est clos.
Ça fait deux ans, qu'il est comme ça, à cause de « l’Arrogance ».
Ses yeux s'habituent au noir. Il distingue maintenant les tuyaux déposés sur le côté et la forme qui se dessine sous ses doigts. L’écoutille.
Si le Berger apprend qu’Harry est de nouveau venu ici, c’est la punition à coup sûr !
C'est par là qu'ils sont arrivés, il y a deux ans, lors du Grand cataclysme, et derrière, il y a le danger.
Harry se souvient de la course en pleine nuit, des dernières cantines que les hommes transportaient, de sa mère qui s’inquiétait pour savoir comment on ferait pousser de la nourriture bio « là-dessous ».
Le Berger savait qu’il y avait une ancienne centrale, avec une turbine pour puiser l’énergie d’une eau souterraine. Il avait dit que la lumière serait et l’électricité fut, « une électricité propre » a dit l’homme. Elle donne la lumière et la lumière donne les plantes.
« Un jour viendra, où les hommes retourneront à la surface, Harry, explique le Berger. Tes amis et toi, vous serez une race d’hommes nouveaux ! » Est-ce qu’on le punira en lui interdisant d’en être ? se demande Harry. Il aimerait tellement revoir le soleil.
Il hésite, puis se dirige à tâtons vers l'ouverture en acier. Ce doit être fini dehors, maintenant. Que risque-t-il à cogner ? Il essaye un coup sourd, puis un autre. Le son se répercute dans les couloirs. Les secours vont l’entendre... peut-être les Flanagan ?
— J’assume ce que je fais et mes erreurs, lance Harry à haute voix pour se donner du courage.
La réponse ne vient pas du sous-sol, elle vient de derrière la porte. Un coup, puis un autre.
Harry se remémore ce signal que son père lui a appris, il y a longtemps : deux points, deux traits, deux points. La réponse vient avec des coups.
Il y a quelqu’un derrière. Est-il contaminé ?
— Qu’est-ce que tu fais là ? lance le plus vieux des Flanagan.
— Y a quelqu’un qui me répond derrière ! réplique Harry.
— C’est peut-être un monstre ! s’inquiète le plus jeune Flanagan.
Les trois garçons se regardent puis se jettent sur la grosse roue pour essayer de la tourner. Elle roule, comme si elle n’attendait que ça.
Harry sent l'air frais pénétrer dans le couloir puis un filet de lumière l'aveugle. Il monte les yeux plissés le long de l'échelle où règne une odeur d’urine. Le monde dehors est étrangement calme. C’est le même désert que lorsqu'ils sont descendus dans les anciens silos pour se mettre à l'abri.
— Qu’est-ce que vous foutez ici ! grogne une voix qui ressemble à celle du Berger.
C'est un vieil homme armé, avec une salopette jean, une chemise à carreaux, un Stetson et un lapin mort, dont il serre les oreilles. On croirait un fantôme. Il ressemble au Berger, mais en plus vieux.
— Vous sortez d’où ? attaque le « fantôme ».
— Vous vivez dehors ? s’étonne Harry.
— Bordel, vous ne devriez pas être là ! éructe le vieux. C’est une ancienne installation nucléaire.
— Vous vous êtes installé ici après la catastrophe ? demande le gamin.
— Quelle catastrophe ? répond le vieux.
— Celle du 21 décembre 2012 ! balance le gosse, comme si c’était une évidence. On a réussi à se cacher là-dessous avant.
— Le 21 décembre ? réagit le vieil homme. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C’est ce que mon frère vous a raconté ? Il ne s’est rien passé le 21 décembre 2012, les garçons.
Si un petit tour "Dans l'océan Indien" vous tente n'hésitez pas, c'est en bleu sur ma page !
Merci
Mes voix
Je vous invite à découvrir Ô amour
et à la belle étoile
Ils attendent que l’on frappe à la porte de leurs cavernes ;-)
Bravo et merci je soutiens.