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Le marchand de sommeil
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En compétition

Titubant, pantelant, Ronan entra dans la boutique :
— Bonjour monsieur, je voudrais huit heures de sommeil s’il vous plaît, non dix, mettez-m’en dix, ça fait deux jours que je n’ai pas dormi, je suis épuisé, je mérite bien ça !
— C’est pour emporter ou pour dormir sur place ? Nous avons deux cabines de libres en ce moment, dont une quatre étoiles.
— Non… non merci, c’est pour emporter, je dormirais… chez moi !
— Bon alors on a dit dix heures.
— Oui, mettez-moi dix bonnes heures bien lourdes, sans réveil nocturne ni envie d’uriner.
— OK, je vous rajoute un petit rêve sympa, histoire d’avoir un réveil joyeux ?
— Euh… non merci, juste dix bonnes heures sans rêve.
— D’accord, comme vous voulez, je vous rajoute un anti-cauchemar ? Ils sont très efficaces !
— Ah ? Mais, avant ils étaient inclus avec l’absence de rêve !
— Maintenant ce n’est plus le cas !
— C’est vraiment de l’arnaque !
— Nous sommes des marchands de sommeil, monsieur, pas des marchands de sable !
— Oui, ben eux au moins ils étaient honnêtes !
— C’est pour ça que leur profession a disparu ! Le monde évolue, mon bon monsieur, il change, il faut s’adapter, l’offre et la demande ! Dans ce secteur, la concurrence est rude. Moi je ne vends que du sommeil de qualité. Allez, je suis bon prince, je vous offre l’anti-ronflement !
— Merci, c’est toujours ça de gagné.
— Ce sera tout monsieur ?
— Oui, je n’en peux plus.
— Alors nous disions : dix heures de sommeil bien lourdes, sans rêve ni cauchemar, pas de cabine… ça vous fait deux cents sertecs.
— OK, mettez-les sur ma note, je réglerai dès mon réveil.
— Ah, désolé monsieur, la maison ne fait plus crédit !
— Comment ça la maison ne fait plus crédit ? L’ancien patron me faisait crédit ! Je suis connu ici ! Je suis monsieur Aliard Ronan, tout le monde connaît mon sérieux et mon honnêteté !
— Ça vous fait deux cents sertecs, monsieur Aliard, vous réglez comment ? Par onde alpha ou par satellite ?
— Mon satellite n’est plus actif, et mon onduleur est resté chez moi je…
— Au revoir monsieur Aliard.
— Attendez ! Écoutez, si je ne dors pas ce soir, je n’aurais plus de force pour travailler demain, je perdrai mon emploi…
— Allez dans la boutique en face vous acheter des forces, ils vous feront crédit !
— Mais vous savez bien que sans le sommeil les forces ne servent à rien, elles sont inopérantes. Les deux vont ensemble ! Le sommeil permet au corps de se régénérer et d’éviter les lésions.
— Au revoir monsieur Aliard, j’ai d’autres clients, désolé.
Ronan reprit la route en titubant et s’affala sur un banc, éveillé, mais immobile. Une patrouille de vigilance immobile s’empara de lui et l’emmena dans un dépotoir. Simon, le marchand de sommeil, ferma sa boutique et alla voir son ami Adrien, le vendeur de forces de la boutique d’en face.
— Salut Adrien ! Tu sais ce qu’il m’arrive ?
— Non, vas-y, raconte-moi tout ! Tu veux un cybercafé au lait ?
— Merci, non, juste un thé virtuel, sans diodes, je suis au régime.
— Alors, il t’est arrivé quoi ? Raconte !
— Un client est entré chez moi, il voulait dix heures de sommeil à crédit !
— À crédit ? Oh ! le con ! Plus personne ne fait crédit, il a essayé de t’embrouiller !
— Il m’a dit que c’était monsieur Aliard, réputé dans le quartier, et que tous les commerçants lui faisaient crédit !
— Faire crédit à un androïde, quelle connerie ! Saloperie de robots ! Depuis qu’ils ont l’intelligence artificielle ils se croient tout permis ! Ils se prennent pour des humains ! Tu te rends compte ?
— Et comment, que je me rends compte ! Ces tas de ferraille de merde veulent nous imiter, ils veulent tout faire comme nous ! Ils veulent manger, ils veulent boire, ils veulent dormir ! Bientôt ils demanderont même le droit de baiser, de se reproduire, et de se marier entre eux, et même avec les humains !
— Ah ! Ce jour-là n’est pas près d’arriver, crois-moi !
— Oh ! Ne parle pas trop vite ! Avec ce gouvernement extra-terrestre tout est possible. Heureusement qu’ils nous ont seulement envahis, et qu’ils nous ont demandé de leur fabriquer des robots pour être à leur service ! Ils auraient bien pu nous asservir tu sais ? Il s’en est fallu de peu ! Heureusement que Sirius a perdu les élections face aux démocrates stellaires !
— De toute façon je vais te dire un truc Simon. Un robot ça restera toujours un robot. Ils sont très cons et sous-développés, c'est pour ça que les extra-terrestres les utilisent. Ils ne sont pas aussi doués et intelligents que nous. Ils font chier le monde avec leur honnêteté, leur loyauté et leur servilité ! Ils ne sont pas comme nous. Ils ne savent pas mentir, voler, trahir, tuer, critiquer, insulter. Saloperies d'androïdes, qu'ils retournent dans leur dépotoir !
— Bonjour monsieur, je voudrais huit heures de sommeil s’il vous plaît, non dix, mettez-m’en dix, ça fait deux jours que je n’ai pas dormi, je suis épuisé, je mérite bien ça !
— C’est pour emporter ou pour dormir sur place ? Nous avons deux cabines de libres en ce moment, dont une quatre étoiles.
— Non… non merci, c’est pour emporter, je dormirais… chez moi !
— Bon alors on a dit dix heures.
— Oui, mettez-moi dix bonnes heures bien lourdes, sans réveil nocturne ni envie d’uriner.
— OK, je vous rajoute un petit rêve sympa, histoire d’avoir un réveil joyeux ?
— Euh… non merci, juste dix bonnes heures sans rêve.
— D’accord, comme vous voulez, je vous rajoute un anti-cauchemar ? Ils sont très efficaces !
— Ah ? Mais, avant ils étaient inclus avec l’absence de rêve !
— Maintenant ce n’est plus le cas !
— C’est vraiment de l’arnaque !
— Nous sommes des marchands de sommeil, monsieur, pas des marchands de sable !
— Oui, ben eux au moins ils étaient honnêtes !
— C’est pour ça que leur profession a disparu ! Le monde évolue, mon bon monsieur, il change, il faut s’adapter, l’offre et la demande ! Dans ce secteur, la concurrence est rude. Moi je ne vends que du sommeil de qualité. Allez, je suis bon prince, je vous offre l’anti-ronflement !
— Merci, c’est toujours ça de gagné.
— Ce sera tout monsieur ?
— Oui, je n’en peux plus.
— Alors nous disions : dix heures de sommeil bien lourdes, sans rêve ni cauchemar, pas de cabine… ça vous fait deux cents sertecs.
— OK, mettez-les sur ma note, je réglerai dès mon réveil.
— Ah, désolé monsieur, la maison ne fait plus crédit !
— Comment ça la maison ne fait plus crédit ? L’ancien patron me faisait crédit ! Je suis connu ici ! Je suis monsieur Aliard Ronan, tout le monde connaît mon sérieux et mon honnêteté !
— Ça vous fait deux cents sertecs, monsieur Aliard, vous réglez comment ? Par onde alpha ou par satellite ?
— Mon satellite n’est plus actif, et mon onduleur est resté chez moi je…
— Au revoir monsieur Aliard.
— Attendez ! Écoutez, si je ne dors pas ce soir, je n’aurais plus de force pour travailler demain, je perdrai mon emploi…
— Allez dans la boutique en face vous acheter des forces, ils vous feront crédit !
— Mais vous savez bien que sans le sommeil les forces ne servent à rien, elles sont inopérantes. Les deux vont ensemble ! Le sommeil permet au corps de se régénérer et d’éviter les lésions.
— Au revoir monsieur Aliard, j’ai d’autres clients, désolé.
Ronan reprit la route en titubant et s’affala sur un banc, éveillé, mais immobile. Une patrouille de vigilance immobile s’empara de lui et l’emmena dans un dépotoir. Simon, le marchand de sommeil, ferma sa boutique et alla voir son ami Adrien, le vendeur de forces de la boutique d’en face.
— Salut Adrien ! Tu sais ce qu’il m’arrive ?
— Non, vas-y, raconte-moi tout ! Tu veux un cybercafé au lait ?
— Merci, non, juste un thé virtuel, sans diodes, je suis au régime.
— Alors, il t’est arrivé quoi ? Raconte !
— Un client est entré chez moi, il voulait dix heures de sommeil à crédit !
— À crédit ? Oh ! le con ! Plus personne ne fait crédit, il a essayé de t’embrouiller !
— Il m’a dit que c’était monsieur Aliard, réputé dans le quartier, et que tous les commerçants lui faisaient crédit !
— Faire crédit à un androïde, quelle connerie ! Saloperie de robots ! Depuis qu’ils ont l’intelligence artificielle ils se croient tout permis ! Ils se prennent pour des humains ! Tu te rends compte ?
— Et comment, que je me rends compte ! Ces tas de ferraille de merde veulent nous imiter, ils veulent tout faire comme nous ! Ils veulent manger, ils veulent boire, ils veulent dormir ! Bientôt ils demanderont même le droit de baiser, de se reproduire, et de se marier entre eux, et même avec les humains !
— Ah ! Ce jour-là n’est pas près d’arriver, crois-moi !
— Oh ! Ne parle pas trop vite ! Avec ce gouvernement extra-terrestre tout est possible. Heureusement qu’ils nous ont seulement envahis, et qu’ils nous ont demandé de leur fabriquer des robots pour être à leur service ! Ils auraient bien pu nous asservir tu sais ? Il s’en est fallu de peu ! Heureusement que Sirius a perdu les élections face aux démocrates stellaires !
— De toute façon je vais te dire un truc Simon. Un robot ça restera toujours un robot. Ils sont très cons et sous-développés, c'est pour ça que les extra-terrestres les utilisent. Ils ne sont pas aussi doués et intelligents que nous. Ils font chier le monde avec leur honnêteté, leur loyauté et leur servilité ! Ils ne sont pas comme nous. Ils ne savent pas mentir, voler, trahir, tuer, critiquer, insulter. Saloperies d'androïdes, qu'ils retournent dans leur dépotoir !
dans les circuits robotiques...