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La mariée était en Deuche
— Sérieusement ? Tu veux vraiment te la jouer bobo-bohème-chic-rétro jusqu'au bout ?
— Ça n'est pas parce que toi tu te la joues hyper-temps-présent que tout le monde doit faire pareil. Un mariage, c'est l'occasion de se faire plaisir et de mettre un peu d'originalité. J'ai envie d'arriver en 2 CV à la mairie, je ne vais pas m'en priver. Même si Madame désapprouve.
— Je ne désapprouve rien. Je trouve simplement ça grotesque et franchement pas original pour un sous, mais c'est ton mariage, tu fais comme tu veux. Juste, pour rappel, la Deuche date de 39... Un nombre incalculable de mariées ont dû, depuis, débarquer en Deudeuche à leur mariage, avec ou sans originalité recherchée, ce qui, de fait, enlève toute originalité tu en conviendras.
C'est là que je vois Alice, ma meilleure amie, et accessoirement future mariée, fulminer purement et simplement.
— T'es chiante ! Tu m'emmerdes ! Non, je t'emmerde ! Garde ton avis de merde pour toi. Je ne t'ai rien demandé sur le choix du véhicule qui me transportera à l'autel. Tu es là pour regarder la robe que j'ai envie de choisir, et me donner ton avis. Que je te demande. Point barre. Est-ce qu'une fois dans ta vie tu pourrais fermer ta gueule et te contenter de ce pour quoi tu es là ?! Une seule fois !
Elle bout, elle rougit, elle transpire – dans ladite robe non encore définitivement validée d'ailleurs – et je la vois prête à pleurer. Je reconnais que j'y suis allée un peu fort. Mais je ne peux pas m'empêcher de dire ce que je pense. Elle le sait. Et ça ne l'empêche pas d'être ma meilleure amie, et moi la sienne, depuis 20 ans. Alors OK, pour le plus beau jour de sa vie je vais faire un effort. Mais juste - et après j'arrête promis - oui je trouve ridicule de choisir une vieille voiture pseudo tendance pour son mariage. Il y a de très belles voitures modernes qui font tout aussi bien l'affaire à mon sens. Bref.
— OK, désolée. Je la boucle. Mais, juste pour voir si j'ai bien compris, la Deuche t'amène à la mairie, à l'église ou à l'hôtel ? Non parce que, je voudrais juste savoir où je te retrouverai le jour J...
J'ai réussi à la faire sourire avec ce jeu de mots, le drame est passé. Je reviens à la robe, dans un style très bohème chic, un peu hippie sur les bords. Avec de la dentelle partout, très à la mode, et une longue traîne, tout autant en dentelle. Alice porte une sorte de couronne de fleurs blanches dans ses cheveux longs détachés, à laquelle est fixée un voile... de dentelle également. Elle me confirme que ce sera sa coiffure « en mieux » le jour de la noce. Je valide. Elle est très belle... dans cette robe début XXème. Mais je ne dis plus rien. Elle a envie d'un mariage daté, c'est son affaire.
Nous y voilà. C'est le jour J. Un temps splendide. Un samedi de mai. Je retrouve Alice chez elle pour les derniers préparatifs maquillage-coiffure. Elle resplendit. Nous nous séparons au moment de partir pour la mairie. Je la regarde monter dans sa belle Deuche blanche décorée de fleurs assorties à celles de sa couronne. Son frère conduit l'engin d' époque. Elle part en dernier, pour arriver après tout le monde sur place. Ainsi, chacun pourra la prendre en photo à sa sortie de voiture.
Le futur marié s'impatiente sur le parvis de la mairie. Tous les invités sont rassemblés. Nous n'attendons plus qu'Alice. Un klaxon d'antan se fait entendre au loin. Il se rapproche. Nous apercevons enfin la Deuche au sortir du dernier virage. Elle ralentit. Les smartphones sont dégainés. Les photos fusent. Le véhicule s'arrête. Je jette un œil à ma meilleure amie tout sourire, debout dans l'habitacle décapoté, qui se tient à la barre centrale. Mon regard se porte ensuite sur le futur marié, béat devant sa belle. Le frère d'Alice sort de la voiture et ouvre la portière arrière à sa sœur. Elle se baisse pour sortir. Son voile de dentelle s'accroche à la poignée de la porte opposée. Surprise, elle se raidit alors que sa couronne vole en arrière. Elle tente un mouvement pour la rattraper et perd l'équilibre. Son pied droit qui avait commencé à sortir termine sa trajectoire et voilà mon amie qui chute séance tenante la tête la première sur les pavés. La traîne de dentelle est restée à l’intérieur de la Deuche. La couronne et le voile aussi. Le futur marié se précipite, comme de nombreux invités, pour l'aider à se relever. Elle gémit de douleur, face au sol. Son frère, qui n'a pu réagir, se penche alors vers elle, lâchant la portière de l'auto. À cet instant, Alice tente de se redresser. Dans la panique, personne ne réalise que le tissu de la robe est déjà trop tendu et n'en supportera pas plus. Et là Alice, future mariée tendance bohème-chic sortie d'une Deuche ton sur ton avec sa robe, se retrouve telle Cendrillon avant - et après - le bal en guenilles de dentelle devant la mairie du village, sous les yeux horrifiés de ses nombreux amis et membres de la famille, ainsi que du marié dépité.
Les téléphones portables n'ont rien perdu de ce moment que mon amie voulait original.
— Ça n'est pas parce que toi tu te la joues hyper-temps-présent que tout le monde doit faire pareil. Un mariage, c'est l'occasion de se faire plaisir et de mettre un peu d'originalité. J'ai envie d'arriver en 2 CV à la mairie, je ne vais pas m'en priver. Même si Madame désapprouve.
— Je ne désapprouve rien. Je trouve simplement ça grotesque et franchement pas original pour un sous, mais c'est ton mariage, tu fais comme tu veux. Juste, pour rappel, la Deuche date de 39... Un nombre incalculable de mariées ont dû, depuis, débarquer en Deudeuche à leur mariage, avec ou sans originalité recherchée, ce qui, de fait, enlève toute originalité tu en conviendras.
C'est là que je vois Alice, ma meilleure amie, et accessoirement future mariée, fulminer purement et simplement.
— T'es chiante ! Tu m'emmerdes ! Non, je t'emmerde ! Garde ton avis de merde pour toi. Je ne t'ai rien demandé sur le choix du véhicule qui me transportera à l'autel. Tu es là pour regarder la robe que j'ai envie de choisir, et me donner ton avis. Que je te demande. Point barre. Est-ce qu'une fois dans ta vie tu pourrais fermer ta gueule et te contenter de ce pour quoi tu es là ?! Une seule fois !
Elle bout, elle rougit, elle transpire – dans ladite robe non encore définitivement validée d'ailleurs – et je la vois prête à pleurer. Je reconnais que j'y suis allée un peu fort. Mais je ne peux pas m'empêcher de dire ce que je pense. Elle le sait. Et ça ne l'empêche pas d'être ma meilleure amie, et moi la sienne, depuis 20 ans. Alors OK, pour le plus beau jour de sa vie je vais faire un effort. Mais juste - et après j'arrête promis - oui je trouve ridicule de choisir une vieille voiture pseudo tendance pour son mariage. Il y a de très belles voitures modernes qui font tout aussi bien l'affaire à mon sens. Bref.
— OK, désolée. Je la boucle. Mais, juste pour voir si j'ai bien compris, la Deuche t'amène à la mairie, à l'église ou à l'hôtel ? Non parce que, je voudrais juste savoir où je te retrouverai le jour J...
J'ai réussi à la faire sourire avec ce jeu de mots, le drame est passé. Je reviens à la robe, dans un style très bohème chic, un peu hippie sur les bords. Avec de la dentelle partout, très à la mode, et une longue traîne, tout autant en dentelle. Alice porte une sorte de couronne de fleurs blanches dans ses cheveux longs détachés, à laquelle est fixée un voile... de dentelle également. Elle me confirme que ce sera sa coiffure « en mieux » le jour de la noce. Je valide. Elle est très belle... dans cette robe début XXème. Mais je ne dis plus rien. Elle a envie d'un mariage daté, c'est son affaire.
Nous y voilà. C'est le jour J. Un temps splendide. Un samedi de mai. Je retrouve Alice chez elle pour les derniers préparatifs maquillage-coiffure. Elle resplendit. Nous nous séparons au moment de partir pour la mairie. Je la regarde monter dans sa belle Deuche blanche décorée de fleurs assorties à celles de sa couronne. Son frère conduit l'engin d' époque. Elle part en dernier, pour arriver après tout le monde sur place. Ainsi, chacun pourra la prendre en photo à sa sortie de voiture.
Le futur marié s'impatiente sur le parvis de la mairie. Tous les invités sont rassemblés. Nous n'attendons plus qu'Alice. Un klaxon d'antan se fait entendre au loin. Il se rapproche. Nous apercevons enfin la Deuche au sortir du dernier virage. Elle ralentit. Les smartphones sont dégainés. Les photos fusent. Le véhicule s'arrête. Je jette un œil à ma meilleure amie tout sourire, debout dans l'habitacle décapoté, qui se tient à la barre centrale. Mon regard se porte ensuite sur le futur marié, béat devant sa belle. Le frère d'Alice sort de la voiture et ouvre la portière arrière à sa sœur. Elle se baisse pour sortir. Son voile de dentelle s'accroche à la poignée de la porte opposée. Surprise, elle se raidit alors que sa couronne vole en arrière. Elle tente un mouvement pour la rattraper et perd l'équilibre. Son pied droit qui avait commencé à sortir termine sa trajectoire et voilà mon amie qui chute séance tenante la tête la première sur les pavés. La traîne de dentelle est restée à l’intérieur de la Deuche. La couronne et le voile aussi. Le futur marié se précipite, comme de nombreux invités, pour l'aider à se relever. Elle gémit de douleur, face au sol. Son frère, qui n'a pu réagir, se penche alors vers elle, lâchant la portière de l'auto. À cet instant, Alice tente de se redresser. Dans la panique, personne ne réalise que le tissu de la robe est déjà trop tendu et n'en supportera pas plus. Et là Alice, future mariée tendance bohème-chic sortie d'une Deuche ton sur ton avec sa robe, se retrouve telle Cendrillon avant - et après - le bal en guenilles de dentelle devant la mairie du village, sous les yeux horrifiés de ses nombreux amis et membres de la famille, ainsi que du marié dépité.
Les téléphones portables n'ont rien perdu de ce moment que mon amie voulait original.
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Merci Isabelle.
Merci Marie.
J'apprécie une nouvelle fois votre commentaire développé.
Merci Fred Panassac.
J'ai ri a posteriori en "trouvant" des photos de mariage en 2CV sur Internet: le fils d'un ancien président de la République s'est marié il y a peu en deudeuche blanche, et la mariée était vêtue d'une robe très dentelée avec un longue traine.
Je crois que vous avez visé juste dans votre satire.
Merci Francine.
Merci de votre lecture Miraje.
je concours aussi avec le texte : " De roues en roues "