Tout a commencé par un tremblement de terre. Enfin, il s'agissait plutôt du CPE qui frappait à la porte. Il a une sacrée poigne. Il entre, suivi par un jeune homme, environ la vingtaine.
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Il faut qu'on nous interpelle souvent : on vit pour un temps. Pourtant il existe des humains qui l'ignorent encore complètement, qui ne savent même pas qu'ils mouront le jour même où ils s'y attendent le moins, et qui, curieusement, vivent encore comme s'ils étaient au temps de ceux qui naguère vivaient en hommes libres, dans ce lieu parfait d'Éden qui subit l'injure meurtrière du temps. Je me dis, et ce, depuis fort longtemps, que la liberté n'a plus droit de cité chez les humains qui pensent, et qui ne dépensent pas le souffle du Très Haut pour des velléités. Ceux qui vraiment étaient libres, à moins qu'on en vienne à douter de ce qui se raconte dans la littérature pure pétrie de vérité, furent Adam et l'os de ses os qu'on dénomma Ève. Oui! Eux, ils étaient vraiment libres ; ils étaient tout heureux, tout joyeux et tout chanceux, dans le bonheur jusqu'à leur désobéissance qui valut que le Grand Maître les chassât de ce paradis. Et pour moi, depuis ce temps-là la liberté n'existe plus, puisqu'il fallut bien qu'ils se tordassent de douleurs pour gagner leur pain, et qu'ils se tordassent encore de douleurs pour avoir de l'eau pour digérer le pain gagné, et qu'ils se tordassent enfin de douleurs pour produire le courant pour avoir cette eau potable, qui assure parfaitement la digestion des aliments de tant de douleurs qui nous étrillent. Si tu avais su qu'ici l'on souffre tant, alors peut-être aurais-tu aimé ne pas y naître ! Sinon, il y a certains qui l'ont su à la naissance, pour quoi ils ont pleuré, crié par moment, mais alors c'était tard. Et comme ils font partie de ceux qui ne dépensent pas le souffle du Très-Haut pour des velléités, ils ont compris qu'il faut parfois forcer le destin pour gagner son pain quotidien, pour vivre chaque jour heureux, dans ce monde qui passe.
Je vois la liberté comme la possibilité de choisir à l'intérieur d'un cadre donné, je ne suis pas libre de voler comme l'oiseau, mais je suis libre de marcher droite, satisfaite de ce que j'ai reçu, ou bien de ramper, insatisfaite, à la recherche de toujours plus, dans la peur de déplaire à mon employeur, de perdre mon travail, mon appart, ma voiture.