Ma mère ne fait plus de nœud à son mouchoir
Elle ne sait plus où il est
Le cherche pendant des heures
Est-il bleu... [+]
Djian m'a pris ma femme, je ne lui en veux pas
il y a
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Ma femme est partie à la fin de cet été. Fin juillet, nous avions été invités par Djian à une petite fête chez lui. Christine est directrice d'une librairie en Suisse, près du domicile de l'auteur, et a été remarquée par Gallimard pour ses grosses ventes des romans de Djian qui, lui, l'a immédiatement classée dans la catégorie « bombes sexuelles ». Et je suis dans l'impossibilité de dire que c'est faux, et dans l'impuissance de la retenir.
Comment vous synthétiser l'affaire de façon plus limpide ? Leur liaison dure encore aujourd'hui.
J'ai accusé le coup et j'ai continué ma vie. Croyais-je ! J'ai trouvé une amie compatissante, réconfortante, tendre et apparemment aimante. Et je ne dis pas ceci uniquement pour parader, j'y crois un peu. Si Djian pense que je suis touché, qu'il se rassure.
Mais je pense toujours à ma femme, et j'ai envie de lui dire certaines choses... à ma femme.
Tu ne le sais pas, par ta faute, je me détruis, sans bruit, sans que personne ne le sache, surtout pas ma nouvelle relation, une très jeune femme qui se cherche, comment peut-elle me connaître comme tu me connaissais ? Nous étions unis, fiers de cette relation, du moins je l'ai cru. Erreur !
Je le suis ou pas ? Malheureux, pas vraiment, pas heureux, ni malheureux, je me fais du mal, petit à petit, doucement, à petits coups, petits coups de gnôle. J'ai une relation mais qui reste une « relation ». La passion, tu sais ce qu'elle était ! Quand tu l'as perdue, tu la cherches, tu l'imagines !
Christine, qu'est-ce que tu lui trouves à ce Djian ? Un physique discutable, une intelligence remarquable, un relationnel d'un autre monde, une faconde romanesque bien bousculée par la meute littéraire. Les loups du livre !
Il doit être aux abois, pas tranquille, stressé, à l’affût d'un best-seller ! Il attend une renaissance, et toi tu t'engouffres.
Et pour moi, c'est un suicide silencieux, et peu importe le breuvage. Je me casse à coup de petites déprimes. Mes murs se fragilisent, mes fondations sont mouvantes. Christine, je marche sur du sable, je patine !
Je ne veux pas culpabiliser Djian mais j'y pense sans cesse. Est-ce qu'il sait comment te caresser ? Est-ce qu'il sait que tu n'aimes pas qu'on t'entoure des deux bras ? Un bras oui, deux bras, tu convulses. Et bien d'autres choses qu'il ne peut pas comprendre. Est-ce qu'il connaît ta mère ?
J'ai téléphoné à ta mère, elle ne sait rien de Djian. Hop !
Je veux que tu le saches, depuis que cet homme t'a pris, je fume du matin au soir, je bois le soir, exceptionnellement le midi et l'après-midi, quand il le faut. Je bois tout le temps.
J'écris des textes mauvais. Des phrases insensées. Je les trouve belles. Je regarde des vidéos d'auteurs, de politiques, de philosophes et je crois les comprendre, je pense être intelligent. Et finalement, le lendemain, je me dis sans cesse que je ne suis peut-être pas aussi intelligent que Djian, que mes phrases sonnent moins bien, que tu laisses Djian découvrir rapidement tes secrets, qu'il sait déjà pour les deux bras.
Djian est mieux que moi ?
La journée, je travaille, parfois brillamment, parfois au ralenti. Étonnant ce qu'on peut être intelligent même avec ce régime. Le cerveau humain est remarquable, Je n'ai jamais mal à la tête. Ce qui m'aide est de ne jamais avoir affaire à Djian dans mon travail. En même temps, Djian n'a rien de commun avec mon activité professionnelle.
Parfois le soir, je réponds au téléphone et je note la teneur de la conversation pour m'en rappeler le lendemain. Quelques mots griffonnés à l'arrache sur un bout de papier. Le jour suivant mesure le tréfonds à l'irrégularité de l'écriture. Et si j'oublie de le faire, il m'arrive des déconvenues.
— Allô ! On devait bouffer ensemble au resto, c'était prévu au téléphone, mais je ne te vois pas ?!
— Allô ! T'es où ? On avait une réunion à 10 heures ?! Putain tu me l'as confirmée hier soir !
Je m'en fous !
Autre rituel du matin, je fouille la poubelle pour savoir ce que j'ai mangé la veille au soir, prémices de la dégénérescence de ma mémoire ou obnubilation de Djian ? Ont-ils mieux mangé que moi ? Christine, je te faisais des petits plats. Tu te rappelles des samedi soir, douche et peignoir, coupe de champagne, toasts si fins et plaisirs sans fin. On dirait un slogan. C'est du vécu !
Qu'est-ce tu manges avec Djian ? Et où tu vis ? En Suisse ? Et la librairie ? Ton assistante ne pourra pas tenir le rythme !
Tu as le hammam et la piscine en plus, est-ce que ça joue ?
Et qui sait ce que devient mon lieu de vie ? Mon appartement est bouclé, plus personne n'y entre, depuis que tu es partie, je n'ai pas fait le ménage, j'avais encore un string à toi au sale, un string orange, je l'ai remis dans ton tiroir à dessous. Il est sur le dessus, sans passage à la machine à laver.
Christine, je te demande d'en parler avec Djian, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
Ton string orange t'allait tellement bien !
Comment vous synthétiser l'affaire de façon plus limpide ? Leur liaison dure encore aujourd'hui.
J'ai accusé le coup et j'ai continué ma vie. Croyais-je ! J'ai trouvé une amie compatissante, réconfortante, tendre et apparemment aimante. Et je ne dis pas ceci uniquement pour parader, j'y crois un peu. Si Djian pense que je suis touché, qu'il se rassure.
Mais je pense toujours à ma femme, et j'ai envie de lui dire certaines choses... à ma femme.
Tu ne le sais pas, par ta faute, je me détruis, sans bruit, sans que personne ne le sache, surtout pas ma nouvelle relation, une très jeune femme qui se cherche, comment peut-elle me connaître comme tu me connaissais ? Nous étions unis, fiers de cette relation, du moins je l'ai cru. Erreur !
Je le suis ou pas ? Malheureux, pas vraiment, pas heureux, ni malheureux, je me fais du mal, petit à petit, doucement, à petits coups, petits coups de gnôle. J'ai une relation mais qui reste une « relation ». La passion, tu sais ce qu'elle était ! Quand tu l'as perdue, tu la cherches, tu l'imagines !
Christine, qu'est-ce que tu lui trouves à ce Djian ? Un physique discutable, une intelligence remarquable, un relationnel d'un autre monde, une faconde romanesque bien bousculée par la meute littéraire. Les loups du livre !
Il doit être aux abois, pas tranquille, stressé, à l’affût d'un best-seller ! Il attend une renaissance, et toi tu t'engouffres.
Et pour moi, c'est un suicide silencieux, et peu importe le breuvage. Je me casse à coup de petites déprimes. Mes murs se fragilisent, mes fondations sont mouvantes. Christine, je marche sur du sable, je patine !
Je ne veux pas culpabiliser Djian mais j'y pense sans cesse. Est-ce qu'il sait comment te caresser ? Est-ce qu'il sait que tu n'aimes pas qu'on t'entoure des deux bras ? Un bras oui, deux bras, tu convulses. Et bien d'autres choses qu'il ne peut pas comprendre. Est-ce qu'il connaît ta mère ?
J'ai téléphoné à ta mère, elle ne sait rien de Djian. Hop !
Je veux que tu le saches, depuis que cet homme t'a pris, je fume du matin au soir, je bois le soir, exceptionnellement le midi et l'après-midi, quand il le faut. Je bois tout le temps.
J'écris des textes mauvais. Des phrases insensées. Je les trouve belles. Je regarde des vidéos d'auteurs, de politiques, de philosophes et je crois les comprendre, je pense être intelligent. Et finalement, le lendemain, je me dis sans cesse que je ne suis peut-être pas aussi intelligent que Djian, que mes phrases sonnent moins bien, que tu laisses Djian découvrir rapidement tes secrets, qu'il sait déjà pour les deux bras.
Djian est mieux que moi ?
La journée, je travaille, parfois brillamment, parfois au ralenti. Étonnant ce qu'on peut être intelligent même avec ce régime. Le cerveau humain est remarquable, Je n'ai jamais mal à la tête. Ce qui m'aide est de ne jamais avoir affaire à Djian dans mon travail. En même temps, Djian n'a rien de commun avec mon activité professionnelle.
Parfois le soir, je réponds au téléphone et je note la teneur de la conversation pour m'en rappeler le lendemain. Quelques mots griffonnés à l'arrache sur un bout de papier. Le jour suivant mesure le tréfonds à l'irrégularité de l'écriture. Et si j'oublie de le faire, il m'arrive des déconvenues.
— Allô ! On devait bouffer ensemble au resto, c'était prévu au téléphone, mais je ne te vois pas ?!
— Allô ! T'es où ? On avait une réunion à 10 heures ?! Putain tu me l'as confirmée hier soir !
Je m'en fous !
Autre rituel du matin, je fouille la poubelle pour savoir ce que j'ai mangé la veille au soir, prémices de la dégénérescence de ma mémoire ou obnubilation de Djian ? Ont-ils mieux mangé que moi ? Christine, je te faisais des petits plats. Tu te rappelles des samedi soir, douche et peignoir, coupe de champagne, toasts si fins et plaisirs sans fin. On dirait un slogan. C'est du vécu !
Qu'est-ce tu manges avec Djian ? Et où tu vis ? En Suisse ? Et la librairie ? Ton assistante ne pourra pas tenir le rythme !
Tu as le hammam et la piscine en plus, est-ce que ça joue ?
Et qui sait ce que devient mon lieu de vie ? Mon appartement est bouclé, plus personne n'y entre, depuis que tu es partie, je n'ai pas fait le ménage, j'avais encore un string à toi au sale, un string orange, je l'ai remis dans ton tiroir à dessous. Il est sur le dessus, sans passage à la machine à laver.
Christine, je te demande d'en parler avec Djian, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
Ton string orange t'allait tellement bien !
Je vous invite à découvrir Au fait qui est en finale . Belle journée