La maison me déplut d’emblée. Pas seulement à cause de son aspect lugubre, mais parce qu’il s’en dégageait quelque chose de malsain, comme si un venin l’imbibait jusqu’aux poutres... [+]
Marc sortait généralement par la porte de droite après ses consultations, une habitude prise à ses débuts, qui s’était enracinée à son insu jusqu’à devenir une vague superstition. Il n’y croyait pas, bien sûr, mais si on regardait bien les choses, il n’avait encore jamais osé la braver. N’était-ce pas le jour idéal ? Le temps était clair, l’humeur légère, il avait rendez-vous un peu plus tard avec Delphine, la petite infirmière sexy du service « grands brûlés ». « C’est peut-être pour ça qu’elle est si chaude » se dit-il en empruntant la porte de gauche pour la première fois, tout en déplorant l’imprégnation de son esprit jadis si fin aux plaisanteries de corps de garde. « Bah, je suis médecin, c’est tout ce qui compte ! », après tout, peut-être n’avait-il pas tout à fait tort, personne n’en sait rien, personne ne sait rien. Le couloir de gauche était nettement plus étroit et sordide que l’autre, les murs jaunis suintaient d’humidité et le sol était jonché de morceaux de plâtre. Bizarrement, il n’obliquait pas vers la droite pour, en toute logique, aboutir au même endroit que le couloir de gauche, il descendait, en pente régulière, vers les caves. C’était un très vieil hôpital, une ancienne commanderie qui remontait à Saint-Louis, on racontait pas mal d’histoires... Le reste du bâtiment avait été refait à neuf mais personne n’avait touché aux fondations, elles étaient, paraît-il, restées « telles qu’elles ». C’était l’occasion d’aller voir. Après une longue descente, Marc venait d’arriver au bout du couloir, et se trouvait à présent devant une grosse porte de bois clouté entravée par une poutre. Il hésitait, il y avait de quoi, l’endroit était sinistre, sombre, et la poutre devait bien peser soixante kilos. Il regarda l’heure à son portable et se dit qu’après tout, il avait une heure à tuer, pourquoi pas comme ça ? C’était pas plus bête qu’autre chose...
Après pas mal d’efforts, la poutre tomba sur le sol avec un fracas qui se propagea un peu partout, il attendit, haletant, que le bruit s’étouffe dans l’épaisseur des murs et ouvrit prudemment la vieille porte. Derrière, il faisait noir, complètement noir, les ténèbres absolues, il fit fonctionner la lampe de poche de son téléphone et avança, peu rassuré, à cette lueur peu puissante. Il aurait dû vérifier l’état de sa batterie, à peine 3 %, combien de temps tiendrait-il ? Il balayait sol et plafond - superbes voûtes en pierre de taille - l’espace étaient agencé en boxes, comme des écuries, avec des tas d’objets poussiéreux enchevêtrés, parfois couverts de bâches. Il n’y avait pas grand-chose à voir d’intéressant, il était temps de rentrer. En jetant un dernier coup d’œil, un peu mieux accoutumé à l’obscurité, Marc discerna une lumière pâle dans un renfoncement. Qui pouvait bien se trouver dans un tel endroit ? Des internes qui forniquaient ? Fallait oser ! Il hésita un moment puis avança en direction de cette faible lumière qui semblait sur le point de s’éteindre. Il marchait à pas prudents, en baladant sa torche, il y avait une cinquantaine de mètres à parcourir. Il remarqua des sortes de bandes réfléchissantes collées entre les murs et le plafond et trouva cela étrange. Hélas, comme prévu, son portable s’éteignit d’un coup et l’obscurité devint totale. Aucune lueur au loin, pas même dans l’enclos vers lequel il se dirigeait, rien. Il comprit alors que cette faible lumière n’était que la réflexion de son portable sur les bandes scotchées qu’il avait aperçues. A moitié rassuré, il fit demi-tour, et se colla aux murs dans l’espoir de retrouver l’entrée. Ce ne serait pas facile, il avait eu la mauvaise idée de refermer la porte derrière lui pour ne pas éveiller de soupçons.
Cahin-caha, il finit par retrouver son chemin, seulement il n’y avait aucune porte. Rien. Il avait un solide sens de l’orientation, et n’avait pas pu se tromper. Il tâta absolument partout, aucune issue nulle part. Il se mit à courir dans le noir jusqu’à l’autre bout des caves, peut-être trouverait-il une issue de l’autre côté ? Une fois arrivé au bout du labyrinthe, il ne trouva qu’un mur râpeux et froid. Il y colla son oreille et entendit une sorte de brouhaha derrière, comme si on préparait quelque chose. Il cogna et hurla de toutes ses forces, à plein poings, à pleine gueule, mais le bruit était trop fort pour qu’on l’entende. Au bout d’un long moment, il entendit comme des coups de bélier donnés dans le mur. « On vient me chercher, je suis sauvé » se dit-il. Effectivement, on venait le chercher. Le mur céda d’un coup, des hommes entrèrent et une lumière aveuglante lui brûla les rétines. Des projecteurs étaient braqués sur lui mais il vit un homme armé, avec un porte-voix qui lui hurlait :
– Vous êtes en état d’arrestation, sortez, les mains sur la tête.
Après pas mal d’efforts, la poutre tomba sur le sol avec un fracas qui se propagea un peu partout, il attendit, haletant, que le bruit s’étouffe dans l’épaisseur des murs et ouvrit prudemment la vieille porte. Derrière, il faisait noir, complètement noir, les ténèbres absolues, il fit fonctionner la lampe de poche de son téléphone et avança, peu rassuré, à cette lueur peu puissante. Il aurait dû vérifier l’état de sa batterie, à peine 3 %, combien de temps tiendrait-il ? Il balayait sol et plafond - superbes voûtes en pierre de taille - l’espace étaient agencé en boxes, comme des écuries, avec des tas d’objets poussiéreux enchevêtrés, parfois couverts de bâches. Il n’y avait pas grand-chose à voir d’intéressant, il était temps de rentrer. En jetant un dernier coup d’œil, un peu mieux accoutumé à l’obscurité, Marc discerna une lumière pâle dans un renfoncement. Qui pouvait bien se trouver dans un tel endroit ? Des internes qui forniquaient ? Fallait oser ! Il hésita un moment puis avança en direction de cette faible lumière qui semblait sur le point de s’éteindre. Il marchait à pas prudents, en baladant sa torche, il y avait une cinquantaine de mètres à parcourir. Il remarqua des sortes de bandes réfléchissantes collées entre les murs et le plafond et trouva cela étrange. Hélas, comme prévu, son portable s’éteignit d’un coup et l’obscurité devint totale. Aucune lueur au loin, pas même dans l’enclos vers lequel il se dirigeait, rien. Il comprit alors que cette faible lumière n’était que la réflexion de son portable sur les bandes scotchées qu’il avait aperçues. A moitié rassuré, il fit demi-tour, et se colla aux murs dans l’espoir de retrouver l’entrée. Ce ne serait pas facile, il avait eu la mauvaise idée de refermer la porte derrière lui pour ne pas éveiller de soupçons.
Cahin-caha, il finit par retrouver son chemin, seulement il n’y avait aucune porte. Rien. Il avait un solide sens de l’orientation, et n’avait pas pu se tromper. Il tâta absolument partout, aucune issue nulle part. Il se mit à courir dans le noir jusqu’à l’autre bout des caves, peut-être trouverait-il une issue de l’autre côté ? Une fois arrivé au bout du labyrinthe, il ne trouva qu’un mur râpeux et froid. Il y colla son oreille et entendit une sorte de brouhaha derrière, comme si on préparait quelque chose. Il cogna et hurla de toutes ses forces, à plein poings, à pleine gueule, mais le bruit était trop fort pour qu’on l’entende. Au bout d’un long moment, il entendit comme des coups de bélier donnés dans le mur. « On vient me chercher, je suis sauvé » se dit-il. Effectivement, on venait le chercher. Le mur céda d’un coup, des hommes entrèrent et une lumière aveuglante lui brûla les rétines. Des projecteurs étaient braqués sur lui mais il vit un homme armé, avec un porte-voix qui lui hurlait :
– Vous êtes en état d’arrestation, sortez, les mains sur la tête.