C’est une journée horriblement banale qui commence. Je quitte le clapier où je vis, perdu dans une barre d’immeubles pourris qui sentent le chou et le rance à tous les étages. Je ne me plains... [+]
Carlito est clown. Un grand clown, peut-être le meilleur que l’on n’ait jamais vu. Il fait son numéro dans le monde entier et partout le public est debout pour l’acclamer. Il enchante petits et grands car son spectacle s’adresse à tous. Il y mêle poésie, tendresse, le rire traditionnel bien sûr et puis...Ce petit plus, cette petite musique personnelle qui fait que les enfants l’adorent et que les grands aiment à se laisser aller et à oublier grâce à lui pendant quelques minutes les adultes angoissés qu’ils sont devenus, laissant derrière eux leurs rêves et leur joie de vivre. Oui, Carlito est grand. A la fin de son numéro il demande aux enfants de venir s’amasser autour de la piste et il fait le tour en leur distribuant des bonbons qui semblent jaillir de sa poche comme d’une fontaine, des bonbons multicolores et brillants, tellement brillants, et les enfants sont en joie, au bord du délire, et crient son nom même longtemps après qu’il ait quitté la piste. Et Carlito fait ce métier depuis tellement longtemps qu’il semble éternel. D’ailleurs, quel âge a-t-il ? Personne ne le sait et on ne peut faire que des suppositions puisque nul n’a jamais vu son vrai visage. On ne connait de lui que sa figure blanche, ses sourcils noirs en accent circonflexe, son grand sourire vert et ses cheveux rouges vif dressés sur sa tête. Des couleurs inhabituelles mais Carlito est unique ! Il se murmure, mais peut-on vraiment y croire, que le premier Carlito est mort et qu’une autre personne a pris sa place pour continuer le numéro. Mais les puristes affirment que c’est impossible, que Carlito est irremplaçable, qu’il doit être vieux, certes, mais encore assez vivace pour enchanter son public.
Ce que le public ignore, c’est ce qu’il se passe, chaque soir après le numéro, quand Carlito rejoint sa caravane, la plus belle de toutes. La plus belle extérieurement, car jamais personne d’autre que lui n’a jamais mis les pieds à l’intérieur. Tout le monde ignore tout de l’intimité de Carlito et de toute façon il est trop respecté pour que qui que ce soit s’avise de s’en offusquer.
Chaque soir, donc, Carlito rentre chez lui et il n’est pas de soir ou il ne soit pas satisfait de lui-même, car il considère qu’il accomplit son œuvre de façon parfaite. Il s’assoit devant son miroir mais ne se démaquille pas. Il enlève le masque qui lui recouvre la tête et son vrai visage apparait.
Un visage très sombre, presque noir, aux yeux injectés de sang et pleins de méchanceté. Ses cheveux sont noirs et crépus et au sommet de son front deux petites cornes apparaissent. Il se sourit à lui-même et ce sourire fait apercevoir des gencives d’un rouge éclatant et des dents acérées semblant faites pour la morsure. Carlito est un messager du démon, un envoyé du diable, et il n’est pas vieux puisqu’il est éternel. Il est en mission sur cette terre pour propager le mal et faire en sorte qu’il ne disparaisse jamais. Pour cela, il lui fallait approcher les humains sans les effrayer, alors un clown, n’est-ce-pas ?
Il peut ainsi chaque soir semer le germe maléfique. Comment ? Mais les bonbons, bien sûr ! Ces bonbons brillants que les enfants s’arrachent. Tous ceux qui en mangeront deviendront des êtres mauvais, voleurs, violeurs, criminels et pire encore !
Les enfants de Carlito, ses fleurs du mal, comme il les appelle. Oui, décidément, Carlito est grand...
Ce que le public ignore, c’est ce qu’il se passe, chaque soir après le numéro, quand Carlito rejoint sa caravane, la plus belle de toutes. La plus belle extérieurement, car jamais personne d’autre que lui n’a jamais mis les pieds à l’intérieur. Tout le monde ignore tout de l’intimité de Carlito et de toute façon il est trop respecté pour que qui que ce soit s’avise de s’en offusquer.
Chaque soir, donc, Carlito rentre chez lui et il n’est pas de soir ou il ne soit pas satisfait de lui-même, car il considère qu’il accomplit son œuvre de façon parfaite. Il s’assoit devant son miroir mais ne se démaquille pas. Il enlève le masque qui lui recouvre la tête et son vrai visage apparait.
Un visage très sombre, presque noir, aux yeux injectés de sang et pleins de méchanceté. Ses cheveux sont noirs et crépus et au sommet de son front deux petites cornes apparaissent. Il se sourit à lui-même et ce sourire fait apercevoir des gencives d’un rouge éclatant et des dents acérées semblant faites pour la morsure. Carlito est un messager du démon, un envoyé du diable, et il n’est pas vieux puisqu’il est éternel. Il est en mission sur cette terre pour propager le mal et faire en sorte qu’il ne disparaisse jamais. Pour cela, il lui fallait approcher les humains sans les effrayer, alors un clown, n’est-ce-pas ?
Il peut ainsi chaque soir semer le germe maléfique. Comment ? Mais les bonbons, bien sûr ! Ces bonbons brillants que les enfants s’arrachent. Tous ceux qui en mangeront deviendront des êtres mauvais, voleurs, violeurs, criminels et pire encore !
Les enfants de Carlito, ses fleurs du mal, comme il les appelle. Oui, décidément, Carlito est grand...
J'aime
Si vous avez un peu de temps libre, je vous invite de découvrir aussi mon texte en cliquant sur le lien ci après : https://short-edition.com/fr/oeuvre/tres-tres-court/les-devaliseurs-1