Ils disent... que je suis l’éternelle ratée, toujours la tête dans les étoiles, à ruminer des chimères, et à écrire des vers que jamais personne ne lira ! Ils disent... que je suis d’une lenteur qui énerve, que je « glandouille » toute la journée et que je n’arriverai à rien dans la vie ! Ils disent que je suis riquiqui petite et sans aucun avenir ...
Eux, ils passent tous à la vitesse supérieure et partent au quart de tour, ils me donnent le tournis ! C’est bien joli tout ça, mais genre plutôt fatiguant et astreignant. Il faut tenir le rythme, la mesure, la chaîne qui défile, être performant, innovant, rentable, toujours sur la brèche, et surtout satisfaire les commanditaires. Il ne faut pas lâcher prise, ne pas se laisser distancer, et tenir sur la longueur et fournir des efforts physiques épuisants. Les beaux rôles ne seront jamais attribués aux plus méritants ! Ça c’était pour le boulot, pour s'y rendre, ils ont tous plus ou moins un moyen de locomotion, le vélo, des vieilles guimbardes, les bus, le train...
Oui je suis médisante ! Rassurez-vous je ne vis pas au crochet de cette société, au cas où vous l’auriez pensé.
Et tous ceux qui composent : des tableaux, de la musique, des livres, des maquettes qui seront reproduites à l’identique, à grandeur réelle. Des inventeurs du diable comme les bombes atomiques ou chimiques, et ceux de la recherche pour soulager et guérir. Si le corps se repose, par contre la matière grise est sans cesse en ébullition, pour pouvoir se saisir de l’instant créatif, inventif et particulièrement prolifique. Ah ! ces cerveaux qui gambergent malheureusement pas toujours du bon côté. C’est sûr il y en a qui nous font entrer dans leurs toiles, d’autres qui nous transportent hors des sentiers battus, devenir aussi le personnage principal de leur best-seller. Nous deviendrons tour à tour comédiens, chanteurs lyriques, cosmonautes... ça j’aimerai bien, être au plus près des étoiles !
Après quoi la plupart courent-ils ? La puissance, la richesse et la gloire, le pouvoir, atteindre les sommets, la reconnaissance, le savoir. Certains tueraient père et mère, Pierre, Paul et Jacques pour accéder aux plus hautes marches.
Il faut de tout pour faire un monde, certains chaussent les bottes de sept lieues, d'autres honnêtes et méticuleux, rament. Des différents sans foi ni loi chevauchant les textes pour trouver leurs failles. Beaucoup veulent tout de suite plus d’argent, comme l’oncle Picsou, ils survolent les lieux et s’incrustent là où il y aurait du « blé » à moissonner. Les sportifs qui courent à en perdre haleine, tout comme l’alpiniste pour atteindre les plus hauts sommets où l’air se raréfie, la gloire au bout de l’effort, le conquérant de l’inutile.
Et moi dans tout ça... comme ils disent je « glandouille » au grand désespoir de ma famille. Mes vertes vallées que je parcours avec mes baskets, mon sac sur le dos et mon bâton de pèlerin, suffisent à mon bonheur. Imagine dans quel cadre j’évolue, changeant et incommensurable, aux beautés à couper le souffle ! Je ne fais pas la « queue » au supermarché, je trouve de tout dans la nature. Je pars à l’aventure sans aucun but, et sans planifier quoi que ce soit, sans téléphone, libre comme l’air ! Ma vie ressemblerait à celle des vagabonds, dormir à la belle étoile , sans port d’attache, là où mes pas me mènent. Je n’ai peur de rien, même pas de mauvaises rencontres avec des individus ayant un grain de folie, j'ai mon bâton fait de bois très dur ! Je ne crains pas les animaux. La solitude ne m'effraye pas, les oiseaux me parlent, les ruisseaux me chuchotent des comptines oubliées, le vent joue avec les feuilles, le soleil me fait des clins d’œil, des odeurs embaument l’air, la mousse un bon matelas... Je suis genre sauvageonne et quand, de temps à autre, je retourne au bercail, avant même de franchir la porte, je vois le bonheur de me voir enfin rentrer, dans les yeux de cette mère dont je suis le souci permanent, cette progéniture si différente de ses autres « petits » et qui lui en fait voir de toutes les couleurs, et qu’elle essaye en vain de « couver » à longueur de temps. Bien sûr c’est le rôle de toutes les mères, du moins j’aime à le penser.
Mais ce riquiqui était-ce bien vous petite ?
Au soleil et aux forêts,
Oui mais il parle aux ruisseaux parfois..."
Votre personnage aurait pu s'entendre avec
celui de la chanson de Gérard Lenormand...
Bien écrit.
J'aime.
Mon "Coup de Chaleur", que vous avez soutenu lors des qualifs. est en finale, en partie grâce à vous. Je vous invite à aller le relire pour éventuellement confirmer votre soutien. Merci d'avance.
Si vous voulez découvrir mon univers :
https://short-edition.com/fr/oeuvre/nouvelles/journal-de-guerre