Au départ tout nous destinait à grouiller de la même façon, Catherine et moi. Même parents, même enfance, même maison familiale dans le Beaujolais. Mêmes allers-retours à l'école à pied ... [+]
il y a donc l'amour bœuf,
épais, saignant, coriace,
bien qu'au départ si neuf.
L'amour est d'abord rouge,
cœur de bœuf, palpitant,
l'amour de jeunes bêtes,
qui s'ébrouent fougueusement.
Dans les prés alléchants,
les amants s'encanaillent,
plus tard, l'un des deux,
mettra l'autre sur la paille.
Car l'amour épicé
s'assombrit sur le grill,
de plus en plus salé,
de moins en moins subtil.
Et tels des hérons,
volent les noms d'oiseaux,
l'amour devient mots crus,
insultes et jurons.
L'amour un temps dopé,
piquousé aux hormones,
soutient quelques rougeurs
malgré tout pâlichonnes.
Mais l'amour dérive,
inexorablement,
le corps devient viande,
s'enfile machinalement.
La fougue a disparu,
peu à peu tout fléchit,
les mots prennent tout leur sens,
l'amour est avachi.
C'est le temps de l'action,
l'amour est faisandé,
et les couteaux tirés
sortent pour l'achever.
Tranchants pour marquer l'autre,
découper cette histoire,
il faut la mettre en pièce,
supprimer la bête noire.
De cette vache qui rit,
désormais en sursis,
il faut juste conserver,
quelques morceaux choisis.
L'amour se prolonge,
parfois jusqu'à l'arène,
pour un dernier regard,
cette fois rempli de haine.
Temps de la mise à mort,
coup fatal à l'échine,
puis chacun prend une pause,
trop plein de protéines.
Période de vaches maigres,
pâturages amers,
vieux taureau déprimé,
voué à l'abattoir.
Jusqu'à ce qu'une génisse,
gambadant dans les prés
lui fasse un effet bœuf,
lui stimule l'entrecuisse.
Herbe un temps reverdie,
bienheureux ruminant,
mais l'amour sautillant...
finira en boucherie.
L'amour est citadelle
A toujours conquérir.
Au dessert, un tartare !
;-)
Votre boucherie ne mérite point le bonnet d’âne et vous excuserez j’espère mes pitreries ; l’amour est cependant cruel et le tartare monte à cru.
Bien à vous et bravo encore pour cette originale et fine composition.