J'ai entendu des rires clairs
Comme des matins de printemps.
J'ai rencontré des rires fiers
Qui remontaient du fond des temps
J'ai entendu des rires gais
Comme des mouettes, comme le vent .
J'ai écouté le rire usé
De vieilles gens .

J'ai ouï des rires amers
Qu'on a du mal à étouffer.
J'ai rêvé au rire éternel,
Au rire jeune, au rire d'été !
J'ai ri de voir rire un croquant
Qui montrait ses dents aux passants
J'ai pleuré de rire en pensant
Au beau temps !

J'ai goûté au rire lointain
D'une duchesse aux airs hautains.
J'ai connu des rires éphémères
Mourant aux lèvres des commères.
J'ai savouré comme des cantiques
Quelques airs de rire classique
Et perdu mon rire un matin
Pour un rien.

J'ai vu des rires malicieux,
J'en ai vu de silencieux
J'ai aperçu des rires heureux
Au pavillon des amoureux
J'ai chassé le rire en Afrique,
Ri jaune avec un asiatique.
Je suis passé des larmes au rire
Pour un sourire.

J'ai glané quelques rires francs
Qui poussaient dans l'herbe des champs.
J'ai vu des rires explosifs
Éclater au pied d'un récif !
J'ai étouffé dans son berceau
Un rire qui sonnait trop faux,
Découvert le rire inédit
D'un vieux marquis.

Et tous ces rires réunis,
Dans mon petit chapeau melon,
Je les collecte chaque nuit
Après mon numéro de clown.