Appelle-moi quand le fruit des fraises
Mûrit dans le jardin aux hurlements
Et quand dans la pénombre des falaises
Des fleurs transpercent les sables d’or mouvants.

Et lorsque l’espoir s’enflamme de rage
Appelle-moi. Mais pour que je t’entende
Ne va pas près de ces moulins à vent
Qui broient les phrases et mâchent les images.

Et quand les pierres auront parlé aux gens
Enferme une lettre en bouteille.
Épargne-moi seulement les mots galants
De fleurs, de valses et de mystiques merveilles.

Et si tu rêves, lucide et éveillé,
Que mon perron est envahi de haine
Que des moustiques s’empêtrent, enivrés
Dans les dentelles très fines de ma peine

N’hésite pas et par ce jour torride
Au nom de nos amours à peine goûtées
Prends un rien (et ton cœur intrépide)
Et viens à moi… Les murs sont écroulés.