C’est Mercy qui se marie la première. Mercy, c’est ma petite sœur. Mercy a quinze ans. Mercy est plus jolie que moi, c’est ce que tout le monde dit. Mercy fait bien le mafé et la semoule au... [+]
Je suis une petite fille pas sage, j’ai 6 ans. Je vis au Maroc, à Oujda dans une maison pleine d’ombres. Ma mère n’aime pas ça. Elle aime la lumière.
Il y a un oranger dans la cour. J’ai une bonne Fatiha, qui me fait un peu peur.
J’ai un chat qui s’appelle Bonbon-caramel-esquimeau-chocolat. Ça vient d’une chanson que chante tout le temps mon arrière grand-mère. J’ai une tortue qui s’appelle Il est content mon colonel, c’est aussi une chanson que chante mon arrière grand-mère. Elle n’est pas ici, elle vit en Bretagne. Elle m’envoie des pages de bandes dessinées découpées dans « Aujourd’hui madame » des « P’tites chipies ». Parce que je suis une p’tite chipie.
J’ai un père roux qui plait beaucoup aux femmes. Une maman blonde qui plait aux hommes, mais c’est pas pareil.
J’ai une meilleure amie et deux amoureux.
Je fais de la danse. Le prof est amoureux de lui-même : il se regarde sans cesse dans la glace. Myrtille lui a tiré la langue dans le dos une fois. Il l’a vu. Elle a été renvoyée sur le champ pour manque de respect. On était toutes très contentes, on n’aime pas Myrtille. Mais elle est revenue une semaine après, le prof lui avait pardonné.
J’ai un troisième amoureux plus grand que moi. Mais il est trop grand, alors on ne se parle jamais.
Dans la cour de récréation il y a des graviers. Elle est en pente, quand on tombe c’est chouette parce qu’on a des bobos et qu’on peut frimer.
Je suis forte en lecture, je suis mauvaise en math.
La maîtresse c’est la mère de Jérémy, elle est triste parce que son fils ne lit pas bien. A chaque fois qu’elle lui demande de lire, ça finit mal. Il est expédié dans la cour et il pleure. A chaque fois.
Ma bonne se déguise en sorcière et vient me réveiller la nuit pour me faire peur. Je sais que c’est elle au fond de moi mais je ne le dis pas aux parents de peur qu’elle soit renvoyée. Elle est bizarre, mais c’est ma bonne. On se couvre d’un accord tacite. Elle me raconte ses histoires avec son amoureux. Je suis trop jeune pour comprendre d’après elle, mais à qui d’autre pourrait-elle raconter ça ? Je suis une française de six ans. Je ne vais pas juger.
Une fois, mes parents sont partis en week-end sans me le dire. Je me suis réveillée, leur lit était fait et vide. J’ai cherché ma bonne qui m’a expliqué. Il paraît que je fais trop de scandale quand ils m’annoncent leur départ, alors cette fois-ci ils sont partis comme des voleurs. C’est mon premier grand chagrin. Enfin, je crois. Le premier dont je me souvienne.
Je lis, je nage, je joue avec des quartiers de mandarine. C’est le jeu que je préfère. Avec le jeu de la vaisselle : je mets des perles dans une bassine d’eau et je les lave pendant des heures, en parlant. Il y a aussi le jeu du pommeau de douche : je fais comme si j’étais au téléphone et j’appelle une bonne imaginaire. Pas la mienne, une que j’aurai quand je serai une madame. Elle s’appelle Bonnade.
On a une petite télé en noir et blanc qui marche un jour sur deux. Ce que je préfère sur cette télé c’est les vieux films en noir et blanc. J’attends toujours que les acteurs s’embrassent, mais c’est coupé à chaque fois.
Je vais au ciné club du cinéma Mohamed V, je vois des films comme La petite fille au bout du chemin, et Le corbeau. Au théâtre je vois Le dialogue des carmélites. Ma mère est impressionnée parce que je ne m’ennuie pas. Et moi j’aime que ma mère soit impressionnée par moi. C’est même la seule chose qui m’intéresse : impressionner mes parents. Mais parfois je les impressionne en mal.
Ma meilleure amie est mon souffre-douleur. Je l’envoie me chercher du camembert dans la nuit. Il faut traverser la cour et elle a peur. Mais je la menace de ne plus être mon amie et elle y va. Alors je me dis que si elle a peur de ne plus être mon amie, c’est que c’est vraiment ma meilleure amie. En amitié, il faut avoir le sens du sacrifice.
Mon père a mis un plastique dans les roues de mon vélo et ça fait du bruit. Je suis grande tout d’un coup. Je me baigne dans une grande bassine installée dans la cour. Je mange en me baignant, je lis entourée du chat et de la tortue. Je me prends pour Fifi Brindacier. Je suis très gâtée.
Je ne veux pas que mes parents aient un autre enfant maintenant. Plus tard, je le voudrais. J’ai des tas d’amis, on vit en bande. Une bande d’adultes et d’enfants. On observe les jeux des adultes qui croient qu’on ne sait rien, mais on sait toujours tout. C’est les années 70, les adultes sont libérés et libres.
Je suis toujours très jalouse des femmes qui approchent mon père. Je ne suis jamais gentille avec elles. Aucune n’arrive à la cheville de ma mère, aucune. Et ça sera comme ça jusqu’à la nuit des temps. Je dois être jalouse à la place de ma mère, elle ne sait pas se défendre. Je n’ai pas besoin de défendre mon père. Il est indéfendable.
J’ai les parents les plus beaux du monde, les plus intelligents, les plus gentils. J’en suis sûre. Quand je compare avec ceux des autres, j’ai un sentiment de fierté. Il faut que je sois leur digne fille. Peuf ! C’est difficile.
Je crois que je suis un petit monstre, je me traite moi-même de petit diable. Je me trouve souvent mauvaise. Mais je suis très heureuse. Insouciante et heureuse. Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Un jour, elle arrive. Il y a eu des conciliabules, on a parlé dans mon dos. Il faut rentrer en France. Qui dit France dit famille. Je ne connais pas bien cette famille et je ne veux pas la connaître.
Adieu scarabées, Saïdia, grotte d’Ali baba, porteurs d’eau et kefta. Adieu mon école, ma cour. Adieu le gardien du club de tennis, adieu Bonbon-caramel-esquimeau-chocolat, adieu Fatiha, adieu mon amie, adieu mes amoureux, adieu ma chaleur, adieu mes trottoirs pas droits, adieux mes quartiers de mandarine. Adieu ma vraie vie.
J’ai dix ans. Je suis devenue sage. Comme une image. Je mets mes cheveux devant mes yeux pour ne pas voir les autres. On ne vit plus en bande.
Ma mère est triste de me voir triste. Mon père vit sa grande vie d’homme. J’apprends à ne plus être un petit monstre, ici ça ne se fait pas.
Dans la cour, on fait des rondes. Elle est sécurisée, ça ne vaut plus la peine de tomber.
Les vêtements ont tout d’un coup une importance. Ainsi que la politique et les horaires. Je garde un jean élimé sur lequel mes amis ont inscrit leur nom. Je veux le porter toute ma vie.
Mon jeu préféré, c’est... je ne m’en souviens pas.
Je ne peux plus surveiller mon père parce que je ne le vois plus. Je ne peux plus défendre ma mère.
Bonjour pluie, civisme, solitude. Combien y’aura t’il d’avant et d’après dans ma vie ? Je prie pour que ce soit le dernier.
J’ai quatorze ans. Mes souvenirs s’estompent. Je suis dans une école privée mais j’ai réussi à me faire des copains pas bourgeois du tout en dehors. Ils volent des mobylettes. On me laisse les fréquenter, il parait que je ne dois pas devenir une petite bourgeoise. Déjà, on a pris des risques en me mettant dans le privé. J’ai d’autres copains, ni bourgeois ni pas bourgeois. Des comme moi, des qui se cherchent encore. Des ni ni. Incasables. Je tombe amoureuse toutes les deux secondes mais je n’ai pas de vrai amoureux. Je crois encore que l’amour c’est pour les grands. Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Un jour, elle arrive, crac ! Sans crier gare. Je suis amoureuse. Le genre d’amour qui fait trembler les genoux. Je mettrais des années à m’en remettre. Il m’a dit que j’étais une femme maintenant. Soit ! Mais laquelle ?
Je découvre la littérature en même temps que le chagrin d’amour. Ils sont liés pour la vie. Je suis la veuve, l’inconsolable ; il pleut sur mon cœur, je passe mon temps à souligner des phrases qui me plaisent. Je perds un peu de ma peine en lisant Le bal du conte d’Orgel et Les Mots. Mais je ne sais pas pourquoi.
J’ai vingt ans. Je vis à Paris. Je suis à l’Université. Je crois que je vais avoir la vie de mes parents : je veux être en couple et voyager. Mes parents sont toujours les meilleurs du monde.
Je vis avec un étudiant en ethnologie. Beaucoup trop intelligent pour moi. Je l’admire tellement que j’en perds mon latin. On joue à être grands, on fait les courses et on invite à dîner. Je n’ai pas les genoux qui tremblent, mais ça viendra peut-être.
Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Un jour il part dans un pays pour l’étudier. Je suis fière. Un aventurier. Puis il revient. Il est devenu fou.
J’ai vingt-six ans. Je vis à Paris. Je suis serveuse et je fais du théâtre. Je vis avec mon amie d’enfance. C’est la fête, la fête, la fête ! C’est tous les jours la fête. J’ai beaucoup d’amoureux mais pas d’amour. Je vis au jour le jour. Ma mère voudrait que je me projette un peu plus. Mais je ne peux pas. C’est comme ça.
Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Ma mère meurt.
J’ai vingt neuf ans.
Il y a un oranger dans la cour. J’ai une bonne Fatiha, qui me fait un peu peur.
J’ai un chat qui s’appelle Bonbon-caramel-esquimeau-chocolat. Ça vient d’une chanson que chante tout le temps mon arrière grand-mère. J’ai une tortue qui s’appelle Il est content mon colonel, c’est aussi une chanson que chante mon arrière grand-mère. Elle n’est pas ici, elle vit en Bretagne. Elle m’envoie des pages de bandes dessinées découpées dans « Aujourd’hui madame » des « P’tites chipies ». Parce que je suis une p’tite chipie.
J’ai un père roux qui plait beaucoup aux femmes. Une maman blonde qui plait aux hommes, mais c’est pas pareil.
J’ai une meilleure amie et deux amoureux.
Je fais de la danse. Le prof est amoureux de lui-même : il se regarde sans cesse dans la glace. Myrtille lui a tiré la langue dans le dos une fois. Il l’a vu. Elle a été renvoyée sur le champ pour manque de respect. On était toutes très contentes, on n’aime pas Myrtille. Mais elle est revenue une semaine après, le prof lui avait pardonné.
J’ai un troisième amoureux plus grand que moi. Mais il est trop grand, alors on ne se parle jamais.
Dans la cour de récréation il y a des graviers. Elle est en pente, quand on tombe c’est chouette parce qu’on a des bobos et qu’on peut frimer.
Je suis forte en lecture, je suis mauvaise en math.
La maîtresse c’est la mère de Jérémy, elle est triste parce que son fils ne lit pas bien. A chaque fois qu’elle lui demande de lire, ça finit mal. Il est expédié dans la cour et il pleure. A chaque fois.
Ma bonne se déguise en sorcière et vient me réveiller la nuit pour me faire peur. Je sais que c’est elle au fond de moi mais je ne le dis pas aux parents de peur qu’elle soit renvoyée. Elle est bizarre, mais c’est ma bonne. On se couvre d’un accord tacite. Elle me raconte ses histoires avec son amoureux. Je suis trop jeune pour comprendre d’après elle, mais à qui d’autre pourrait-elle raconter ça ? Je suis une française de six ans. Je ne vais pas juger.
Une fois, mes parents sont partis en week-end sans me le dire. Je me suis réveillée, leur lit était fait et vide. J’ai cherché ma bonne qui m’a expliqué. Il paraît que je fais trop de scandale quand ils m’annoncent leur départ, alors cette fois-ci ils sont partis comme des voleurs. C’est mon premier grand chagrin. Enfin, je crois. Le premier dont je me souvienne.
Je lis, je nage, je joue avec des quartiers de mandarine. C’est le jeu que je préfère. Avec le jeu de la vaisselle : je mets des perles dans une bassine d’eau et je les lave pendant des heures, en parlant. Il y a aussi le jeu du pommeau de douche : je fais comme si j’étais au téléphone et j’appelle une bonne imaginaire. Pas la mienne, une que j’aurai quand je serai une madame. Elle s’appelle Bonnade.
On a une petite télé en noir et blanc qui marche un jour sur deux. Ce que je préfère sur cette télé c’est les vieux films en noir et blanc. J’attends toujours que les acteurs s’embrassent, mais c’est coupé à chaque fois.
Je vais au ciné club du cinéma Mohamed V, je vois des films comme La petite fille au bout du chemin, et Le corbeau. Au théâtre je vois Le dialogue des carmélites. Ma mère est impressionnée parce que je ne m’ennuie pas. Et moi j’aime que ma mère soit impressionnée par moi. C’est même la seule chose qui m’intéresse : impressionner mes parents. Mais parfois je les impressionne en mal.
Ma meilleure amie est mon souffre-douleur. Je l’envoie me chercher du camembert dans la nuit. Il faut traverser la cour et elle a peur. Mais je la menace de ne plus être mon amie et elle y va. Alors je me dis que si elle a peur de ne plus être mon amie, c’est que c’est vraiment ma meilleure amie. En amitié, il faut avoir le sens du sacrifice.
Mon père a mis un plastique dans les roues de mon vélo et ça fait du bruit. Je suis grande tout d’un coup. Je me baigne dans une grande bassine installée dans la cour. Je mange en me baignant, je lis entourée du chat et de la tortue. Je me prends pour Fifi Brindacier. Je suis très gâtée.
Je ne veux pas que mes parents aient un autre enfant maintenant. Plus tard, je le voudrais. J’ai des tas d’amis, on vit en bande. Une bande d’adultes et d’enfants. On observe les jeux des adultes qui croient qu’on ne sait rien, mais on sait toujours tout. C’est les années 70, les adultes sont libérés et libres.
Je suis toujours très jalouse des femmes qui approchent mon père. Je ne suis jamais gentille avec elles. Aucune n’arrive à la cheville de ma mère, aucune. Et ça sera comme ça jusqu’à la nuit des temps. Je dois être jalouse à la place de ma mère, elle ne sait pas se défendre. Je n’ai pas besoin de défendre mon père. Il est indéfendable.
J’ai les parents les plus beaux du monde, les plus intelligents, les plus gentils. J’en suis sûre. Quand je compare avec ceux des autres, j’ai un sentiment de fierté. Il faut que je sois leur digne fille. Peuf ! C’est difficile.
Je crois que je suis un petit monstre, je me traite moi-même de petit diable. Je me trouve souvent mauvaise. Mais je suis très heureuse. Insouciante et heureuse. Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Un jour, elle arrive. Il y a eu des conciliabules, on a parlé dans mon dos. Il faut rentrer en France. Qui dit France dit famille. Je ne connais pas bien cette famille et je ne veux pas la connaître.
Adieu scarabées, Saïdia, grotte d’Ali baba, porteurs d’eau et kefta. Adieu mon école, ma cour. Adieu le gardien du club de tennis, adieu Bonbon-caramel-esquimeau-chocolat, adieu Fatiha, adieu mon amie, adieu mes amoureux, adieu ma chaleur, adieu mes trottoirs pas droits, adieux mes quartiers de mandarine. Adieu ma vraie vie.
J’ai dix ans. Je suis devenue sage. Comme une image. Je mets mes cheveux devant mes yeux pour ne pas voir les autres. On ne vit plus en bande.
Ma mère est triste de me voir triste. Mon père vit sa grande vie d’homme. J’apprends à ne plus être un petit monstre, ici ça ne se fait pas.
Dans la cour, on fait des rondes. Elle est sécurisée, ça ne vaut plus la peine de tomber.
Les vêtements ont tout d’un coup une importance. Ainsi que la politique et les horaires. Je garde un jean élimé sur lequel mes amis ont inscrit leur nom. Je veux le porter toute ma vie.
Mon jeu préféré, c’est... je ne m’en souviens pas.
Je ne peux plus surveiller mon père parce que je ne le vois plus. Je ne peux plus défendre ma mère.
Bonjour pluie, civisme, solitude. Combien y’aura t’il d’avant et d’après dans ma vie ? Je prie pour que ce soit le dernier.
J’ai quatorze ans. Mes souvenirs s’estompent. Je suis dans une école privée mais j’ai réussi à me faire des copains pas bourgeois du tout en dehors. Ils volent des mobylettes. On me laisse les fréquenter, il parait que je ne dois pas devenir une petite bourgeoise. Déjà, on a pris des risques en me mettant dans le privé. J’ai d’autres copains, ni bourgeois ni pas bourgeois. Des comme moi, des qui se cherchent encore. Des ni ni. Incasables. Je tombe amoureuse toutes les deux secondes mais je n’ai pas de vrai amoureux. Je crois encore que l’amour c’est pour les grands. Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Un jour, elle arrive, crac ! Sans crier gare. Je suis amoureuse. Le genre d’amour qui fait trembler les genoux. Je mettrais des années à m’en remettre. Il m’a dit que j’étais une femme maintenant. Soit ! Mais laquelle ?
Je découvre la littérature en même temps que le chagrin d’amour. Ils sont liés pour la vie. Je suis la veuve, l’inconsolable ; il pleut sur mon cœur, je passe mon temps à souligner des phrases qui me plaisent. Je perds un peu de ma peine en lisant Le bal du conte d’Orgel et Les Mots. Mais je ne sais pas pourquoi.
J’ai vingt ans. Je vis à Paris. Je suis à l’Université. Je crois que je vais avoir la vie de mes parents : je veux être en couple et voyager. Mes parents sont toujours les meilleurs du monde.
Je vis avec un étudiant en ethnologie. Beaucoup trop intelligent pour moi. Je l’admire tellement que j’en perds mon latin. On joue à être grands, on fait les courses et on invite à dîner. Je n’ai pas les genoux qui tremblent, mais ça viendra peut-être.
Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Un jour il part dans un pays pour l’étudier. Je suis fière. Un aventurier. Puis il revient. Il est devenu fou.
J’ai vingt-six ans. Je vis à Paris. Je suis serveuse et je fais du théâtre. Je vis avec mon amie d’enfance. C’est la fête, la fête, la fête ! C’est tous les jours la fête. J’ai beaucoup d’amoureux mais pas d’amour. Je vis au jour le jour. Ma mère voudrait que je me projette un peu plus. Mais je ne peux pas. C’est comme ça.
Il y a bien toujours comme une menace qui pèse, mais elle est trop loin pour que je m’en préoccupe.
Ma mère meurt.
J’ai vingt neuf ans.