Cette nuit, je t'ai fait un dessin.
Parce que je pensais à toi. Parce que je me sentais seul. Parce que. Je ne voulais pas que t'oublies. Nous deux sur cette plage. Toi, loin devant, minuscule
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Les Éphémères
il y a
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Finaliste
Jury
Jury

— Non !
— Bah quoi ?
— C'est du chou-fleur, pas un ballon de foot.
— Ça y ressemble pourtant.
C'était le souci avec les Éphémères. Ils ne pouvaient rien retenir, ils oubliaient ce qu'on s'était tué à leur expliquer après exactement sept minutes. Oh, c'était sans doute mieux pour eux. Au moins, ils ne se rendaient pas compte du temps qu'ils passaient sur Terre.
À vrai dire, on ne savait pas exactement d'où ils venaient, ces Éphémères. Ils étaient juste apparus un beau jour et depuis, il fallait composer avec. Oh, ils n'étaient pas méchants en soi, juste horriblement oublieux.
Et ils ne vivaient vraiment pas longtemps.
En général, ils sortaient de sous le buisson aux alentours de sept heures du matin. Ils passaient leur journée à s'émerveiller de toutes ces choses qu'ils voyaient pour la première et unique fois. Ils oubliaient et redécouvraient tout encore et encore. Et sur le coup des huit heures du soir, ils commençaient à ne plus se tenir sur leurs jambes. En général, une demi-heure plus tard, ils étaient desséchés. Et, encore une autre demi-heure plus tard, ils tombaient en poussière. Littéralement.
Quel intérêt de s'en occuper alors, me direz-vous ? Eh bien, il se trouve que la poussière en question avait de grandes vertus. Niveau engrais, on n'avait pas encore fait mieux ; les plantes arrosées à l'Éphémère poussaient à une vitesse qu'on ne pouvait que difficilement imaginer. Ce qui, en soi, était une trouvaille énorme au vu de notre écosystème quasiment mort.
Bien sûr, des militants s'étaient trouvés pour crier haut et fort que les Éphémères avaient des droits, comme le droit à des sépultures décentes. Certains étaient allés jusqu'à la grève de la faim en refusant catégoriquement de manger tous les légumes issus de l'agriculture éphémère. Mais ils étaient très peu nombreux.
Et, après tout, moi qui travaillais avec les Éphémères tous les jours, je pouvais affirmer qu'ils étaient tout sauf malheureux. Bien au contraire. On aurait dit de grands enfants qui posaient un regard neuf sur le monde. Certes, ils n'en voyaient pas grand-chose, mais on essayait quand même de les occuper du mieux qu'on pouvait pendant la journée.
Du coup, c'est presque avec fierté que le soir, je regardais mon Éphémère de la journée partir. Il avait tant appris à mes côtés... Bon, d'accord, il avait tout oublié sept minutes plus tard. Mais il avait su à un moment donné. Et ça, c'était déjà pas mal.
Et il ne faut pas oublier que sans nous, ces créatures se seraient retrouvées seules, à errer dans les rues, à se demander quel était ce monde bruyant et agressif.
— Pas comme ça !
— Pourquoi ?
— C'est du chou-fleur, pas un ballon de foot.
— Ça y ressemble pourtant.
— Bah quoi ?
— C'est du chou-fleur, pas un ballon de foot.
— Ça y ressemble pourtant.
C'était le souci avec les Éphémères. Ils ne pouvaient rien retenir, ils oubliaient ce qu'on s'était tué à leur expliquer après exactement sept minutes. Oh, c'était sans doute mieux pour eux. Au moins, ils ne se rendaient pas compte du temps qu'ils passaient sur Terre.
À vrai dire, on ne savait pas exactement d'où ils venaient, ces Éphémères. Ils étaient juste apparus un beau jour et depuis, il fallait composer avec. Oh, ils n'étaient pas méchants en soi, juste horriblement oublieux.
Et ils ne vivaient vraiment pas longtemps.
En général, ils sortaient de sous le buisson aux alentours de sept heures du matin. Ils passaient leur journée à s'émerveiller de toutes ces choses qu'ils voyaient pour la première et unique fois. Ils oubliaient et redécouvraient tout encore et encore. Et sur le coup des huit heures du soir, ils commençaient à ne plus se tenir sur leurs jambes. En général, une demi-heure plus tard, ils étaient desséchés. Et, encore une autre demi-heure plus tard, ils tombaient en poussière. Littéralement.
Quel intérêt de s'en occuper alors, me direz-vous ? Eh bien, il se trouve que la poussière en question avait de grandes vertus. Niveau engrais, on n'avait pas encore fait mieux ; les plantes arrosées à l'Éphémère poussaient à une vitesse qu'on ne pouvait que difficilement imaginer. Ce qui, en soi, était une trouvaille énorme au vu de notre écosystème quasiment mort.
Bien sûr, des militants s'étaient trouvés pour crier haut et fort que les Éphémères avaient des droits, comme le droit à des sépultures décentes. Certains étaient allés jusqu'à la grève de la faim en refusant catégoriquement de manger tous les légumes issus de l'agriculture éphémère. Mais ils étaient très peu nombreux.
Et, après tout, moi qui travaillais avec les Éphémères tous les jours, je pouvais affirmer qu'ils étaient tout sauf malheureux. Bien au contraire. On aurait dit de grands enfants qui posaient un regard neuf sur le monde. Certes, ils n'en voyaient pas grand-chose, mais on essayait quand même de les occuper du mieux qu'on pouvait pendant la journée.
Du coup, c'est presque avec fierté que le soir, je regardais mon Éphémère de la journée partir. Il avait tant appris à mes côtés... Bon, d'accord, il avait tout oublié sept minutes plus tard. Mais il avait su à un moment donné. Et ça, c'était déjà pas mal.
Et il ne faut pas oublier que sans nous, ces créatures se seraient retrouvées seules, à errer dans les rues, à se demander quel était ce monde bruyant et agressif.
— Pas comme ça !
— Pourquoi ?
— C'est du chou-fleur, pas un ballon de foot.
— Ça y ressemble pourtant.

Si je devais donner quelques pistes d'améliorations (qui ne valent que le crédit qu'on leur accord évidemment), je dirais que le "langage écrit", est ici très "oral" pour le coup et que personnellement, ça peut me gêner en tant que lecteur. Mais c'est là une chose tout à fait subjective. Et une nuance "sans nous", il n'y aurait pas de rues le monde ne serait pas si bruyant ;) Merci pour cette lecture très rafraichissante! Un vrai diabolo sous un joli soleil!