L’amour ne dure pas trois ans faisons mentir l’auteur
Les peurs, les doutes me toisant sont comme un tir au coeu
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Quand j’y repense, j’ai vraiment fait la gonzesse, mdr.
Je me souviens que l’on s’est rencontré le 04 mai. Jour de mon anniv. Je me suis dit que c’était un signe. Les planètes étaient alignées, les éléments s’étaient organisés, la terre entière avait comploté pour que notre rencontre se produise.
La meuf est arrivée, avec ses bouclettes, là, ses yeux noirs, sa petite bouille de poussin, et elle m’a lancé « Tony ? »
Je me suis retourné pour savoir s’il n’y avait pas un mec avec le même prénom que moi dans mon dos. Mais non. Elle était bien venue pour moi.
Putain.
Dieu, si c’est toi qui m’envoie une bénédiction pareille, je prends une carte de fidélité premium à la paroisse la plus proche, je bois un litre d’eau bénite par jour et quitte à paraître ridicule comme Neymar, j’arbore moi aussi un bandeau « 100% Jésus ».
J’ai dû mettre, allez, deux heures à tomber amoureux. Je le sais parce que je n’ai même pas maté son boul. Pas le temps. Tout était beaucoup plus intéressant. Ses yeux, son visage, sa conversation.
Et en plus, quand finalement, je me suis résolu reluquer ses formes (parce que faut pas déconner non plus, hein, je reste un antillais), et ben franchement, je me suis de que j’avais déjà vu des oscilloscopes dessiner des courbes moins prononcées.
Le moment précis où tout a basculé, c’est quand elle m’a tendu un toast de rillettes de thon.
J’avais envie qu’elle me fasse des toasts tout le temps. Avec du beurre, du pâté, de la tapenade, devant un film, devant un match de foot. Tout le temps !
J’aurais pu la regarder dans les yeux et lui dire très sérieusement « Bébé, fais-moi des toasts tout le reste de ma vie, toast my life ! ». Et je serais très certainement passé pour un con.
Elle avait ce truc qui rendait les banalités précieuses. Je me souviens d’une fois où l’on rentrait chez elle. Elle surveillait sa fille du regard, et moi je portais un pack de lait.
Et là, même délire. J’avais envie de marcher dix bornes quitte à ce que le lait me scie le bras. J’avais envie que sa maison soit loin.
Loiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnnn !
C’était tellement, agréable, précieux.
Pourquoi, quand la banalité devient précieuse, c’est bon signe ?
Parce que rien n’est plus banal que la vie. Et à rendre la banalité précieuse, c’est la vie qui devient inestimable.
C’est ça qu’elle avait fait : Elle avait rendu la vie inestimable.
Comme ça, sans forcer, sans même le vouloir.
(absence totale de transition)
Ça faisait cinq putain de jours que la meuf ne me donnait plus de nouvelle. Du jour au lendemain. Sans aucune putain de raison. Aucune. Ca me faisait péter un câble. Je cherchais à comprendre là où j’avais merdé, mais je ne trouvais rien.
Ça commençait à devenir inquiétant : Les femmes me quittent. C’était assez récent sur l’échelle de ma vie, mais ces derniers temps, les femmes me quittent.
Les salopes gourgandines !
Bon, elle ne m’avait pas (encore) quittée, mais ça sentait sérieusement le conifère. J’veux dire, je ne pense pas qu’elle me fasse une « John Doe » pour revenir la bouche en cœur, genre « je suis partie me purifier cinq jours dans un monastère en Vendée afin de mériter ton amour... » (Ouais, je deviens créatif dans je bade. Créatif et con).
Bon vous rigolez (ce n’est pas sympa d’ailleurs), mais moi, j’avais les boules... Vous ne savez même pas...
V’la t’y pas, qu’un jour, elle m’envoie un texto. Putain, quand je l’ai ouvert, j’ai entendu chanter les anges. Il y avait écrit : « Je t’appelle ce midi ou ce soir, promis».
Bon alors je vous explique (attention digression).
J’ai une théorie : chaque personne est composée de deux êtres : Un être intérieur façonné par l’éducation que l’on a reçu, et un autre façonné par les expériences traversées la vie durant.
Bon.
Si je devais personnifier ses deux « moi », je dirais qu’elle était bisounours à l’intérieur, et vigile de boite de nuit sélect à l’extérieur (pour protéger ledit bisounours). Mais attention, les copains !
On parle du bon vieux connard de vigile de base qui croit qu’il a un pouvoir juste parce qu’il porte un costard acheté chez C&A pour gardert un établissement à l’intérieur duquel son pouvoir d’achat le lui permet pas de consommer. Tu vois le genre. De l’escalope de gros con.
On début de notre fréquentation, je dirais qu’on était sur un ratio de 15% de bisounours et le reste en vigile.
Mais je m’en branlais. Je savais bien qu’elle protégeait le bisounours. Et je sentais bien qu’elle était de moins en moins chiche en bisounours. J’allais me le faire ce vigile. C’était sûr.
Revenons à ce texto : « je t’appelle ce midi ou ce soir , promis »
Depuis que l’on se fréquente, elle ne m’a JAMAIS appelé le midi. J-A-M-A-I-S. Pas une fois. Never (for ever-ever, for ever-ever ? #andre300voice).
Ce que je crois, c’est que le bisounours a culpabilisé (et il y’avait de quoi, sa mère-grand en bobsleigh) et qu’il a entreprit de rédiger ce texto.
Il a dû écrire « Je t’appelle ce midi ». Et là-dessus, notre bon vieux vigile - Mr le très gros connard, donc - débarque, et lui fait : « Franchement bisounours, on n’aura pas le temps, le midi. On le rappellera le soir. On a toujours fait comme ça. »
Et voilà. Genèse du texto.
Résultat, elle n’a rappelé ni le midi, ni le soir.
Durant ces cinq jours j’ai regardé mon portable environ 25000 fois par heure en moyenne. Ce soir-là, je suis montré à 75 000 avec un pic à 90 000 entre 23h00 et minuit. « Ce soir », techniquement , ça finissait à minuit.
Je commençais à me dire que la meuf m’a fait une Dupont-de-Ligones. Elle avait plié les gaules, elle avait disparu, je ne la reverrais plus JA-MAIS, elle s’était tirée sur une exo planète, tiens, pourquoi pas après tout, vu qu’on en découvre une tous les jours en ce moment. Adieu, toasts, packs de lait, bouclettes.
A 00h10, motivé par ma démence qui, je vous le rappelle, me conférais la certitude qu’elle était quelque part sur Pandora, je lui ai envoyé un texto. Très digne. Sans insulte. Rien. D’ailleurs, j’ai dû lui écrire « dignité » à un moment. Pour quelle sache que j’ai fait un effort. Que je me suis retenu. Que derrière chaque mot d’une courtoisie hypocrite, il y avait un bon vieux« NIQUE BIEN TA PUTAIN RACE » tapis dans ma frustration. J’ai fini le texto par un truc du genre « On arrête le tir, je me casse », pour faire genre « C’est moi qui m’en vais », alors qu’en fait, c’est elle qui avait disparu.
MDR.
C’est quelque chose, hein, l’égo masculin...
Je vois déjà la conversation avec les potos
_ « Alors, ça s’est terminé comment avec ta belle ? »
_ « Ouais, bah, j’en ai eu marre, elle se foutait de ma gueule, je l’ai dégagée, et maintenant elle doit bien en chier »...
Alors qu’en vrai, à l’heure qu’il est, elle doit siroter un maï-Taï sidéral avec des extraterrestres, quelque part dans la galaxie, tout en oubliant pas de s’en battre les royalement les couilles.
J’ai fait ce truc très con (je ne suis plus à ça près) : J’ai supprimé son numéro et tous nos messages échangés, tout en continuant à attendre un signe de vie venu de l’espace.
« Enculés d’aliens ! Rendez-moi ma meuf ! »
Rien.
Une journée de taff s’est passée...
Je suis allé au sport.
J’ai acheté une magnifique chemise bleue ciel (col mao, s’il vous please) chez Devdred, en solde, alors que mon pouvoir d’achat était formellement contre. Mais j’ai décidé de lui pisser à la raie à lui aussi. Il était indéniable que je serai beau gosse dans ce truc, et comme chacun sait, la « beaugossitude » n’attends jamais (ça ne veut, mais, rien dire du tout.)
Je suis rentré chez moi. J’ai préparé mes sapes pour la journée du lendemain.
Au cas où ça vous intéresse, j’ai décidé de mettre cette magnifique chemise avec un jean coupe ajustée et des bottines Catepillar camel. Petite ceinture marron claire, toute fine. En finition, la belle montre avec un bracelet en cuir que ma sœur m’a offerte pour mon anniv. C’était mon instant « MA CHARIIII, T’ES MAGGNIFAYYYKE ». Je fais ce que je veux, c’est mon récit.
Mais bon, ouais, je suis une petite poufiasse. J’avoue.
Je me suis posé sur mon PC et j’ai commencé à mater, sur Facebook, des photos de mes parents, pour penser à autre chose.
« J’en appelle à Marie Chantal ! aide moi de ta divine sagesse ! »
Mes parents recevaient mon oncle, qui vivait en métropole, et qui leur rendait visite pour la première fois, en Guadeloupe. Il y avait des photos des Chutes du Carbet en Guadeloupe, de diverses plages de Terre de Haut, de plats typiquement antillais, de rhum etc...
Ils avaient l’air heureux. Ça m’a contaminé.
Et d’un coup, comme ça j’ai compris. Ou plutôt je me suis rappelé...
Être heureux, c’est justeune façon de regarder.
Dans la vie, le malheur, c’est ce qui nous détourne de ce qui nous rend heureux, à défaut de devenir une part même de notre bonheur. Les témoins de notre bonheur sont là. Il faut accepter de les regarder. Rester focus.
Je me suis rappelé « qu’aimer » constituait la base de l’éducation reçue de mes parents.
Aucunes meufs, aucun être, d’ailleurs, ne peut déchoir l’amour des genoux de mes parents. C’est un trône hors de portée.
L’amour est une chose parfaite, les hommes seuls sont médiocres.
J’ai essayé ma tenue : je vous jure que j’étais hyper bonne.
En boîte gay, sapé comme ça, je fini violé. C’est certain.
J’ai fini par recevoir un message. Je me suis dit : Déjà elle n’est pas chez Free... Bah ouais : la 4g de Free ne passe déjà pas sur terre... Alors sur Jupiter... Quoi qu’il en soit, elle a dû niquer son forfait. Bref.
Elle m’a écrit un pavé. En gros, son texto consiste en ce que j’appelle « des aveux asynchrones ».
Les aveux asynchrone sont la preuve la plus manifeste du mal qu’ont les humains avec l’amour : cela consiste à dire à distance et trop tard, ce qui aurait dû être dit en face et à temps.
C’est vraiment un énorme grand mystère (avec la carrière d’auteur D’Alexandre Jardin et l’invention du sarouel).
Très très con.
Elle m’explique un tas de truc pour justifier plus ou moins son comportement. On y retrouve le bon vieux coup du « c’est-pas-toi-c’est-moi », suivit d’un ode à ma personne, avec accumulation d’adjectif flatteur (excusez du peu), le tout mis en relief par un passage expliquant à quel point elle avait vraiment été une connasse sur ce coup-là (selon elle, hein). Un classique. Technique très bien maîtrisée
En lisant ça, je me rappelle les fois où j’essayais de couillonner ma mère, quand j’étais gosse, avec des techniques qu’elle avait elle-même utilisées sur sa propre mère. Ca foirait tout le temps, et en plus d’une branlée (méritée) pour flagrant-délit de lèse-maman, elle me disait toujours « Les livres que tu utilises pour tes stratagèmes, c’est moi qui l’ai écrit ». Balaise, hein ?
Je suis dur avec ma futur ex, vérité.
J’ai dû relire son texto dix fois. Il m’a paru sincère. Vraiment. Il avait été écrit par le bisounours, c’est certain. Un jour où le vigile devait pioncer.
Je ne lui en veux pas. Ou si peu. Ce n’est pas une connasse. Ce n’est pas non plus une nana méchante. Elle se protège, juste, comme elle le peut, et tout ce qu’elle possède pour se faire, c’est le vigile.
Moi, j’ai buté mon vigile il y a bien longtemps.
Les gens qui se protègent m’effraient.
Je les fuis.
Toute ma vie, je préférerais dix mille fois le risque d’avoir mal pour, ne serait-ce qu’un échantillon d’amour, plutôt que de me murer dans une protection anesthésiante.
Je ne vais pas conditionner mon comportement au mal que d’autres m’ont fait. Cela consisterait à condamner le prochain pour les erreurs des précédents. C’est faire gagner les salauds.
Je croirais à ça encore longtemps.
« Amour sûr » est un oxymore, une division par zéro. C’est impossible. Aimer signifie « être à la merci » Il faut l’accepter.
Oui, moi, j’ai buté mon vigile, et il ne reste qu’un petit garçon. Un petit garçon qui voulait son bisounours (C’est beau, putain).
Je ne savais pas quoi répondre à son texto. Alors j’ai écrit ce truc.
C’est bien moi, ça ! Tout dans la mesure.
Une fois une ex m’a dit « tu es trop et pas assez en même temps ».
Haha ! Elle avait vraiment raison cette sombre conne.
Et maintenant, je vais me faire une omelette.
Je me souviens que l’on s’est rencontré le 04 mai. Jour de mon anniv. Je me suis dit que c’était un signe. Les planètes étaient alignées, les éléments s’étaient organisés, la terre entière avait comploté pour que notre rencontre se produise.
La meuf est arrivée, avec ses bouclettes, là, ses yeux noirs, sa petite bouille de poussin, et elle m’a lancé « Tony ? »
Je me suis retourné pour savoir s’il n’y avait pas un mec avec le même prénom que moi dans mon dos. Mais non. Elle était bien venue pour moi.
Putain.
Dieu, si c’est toi qui m’envoie une bénédiction pareille, je prends une carte de fidélité premium à la paroisse la plus proche, je bois un litre d’eau bénite par jour et quitte à paraître ridicule comme Neymar, j’arbore moi aussi un bandeau « 100% Jésus ».
J’ai dû mettre, allez, deux heures à tomber amoureux. Je le sais parce que je n’ai même pas maté son boul. Pas le temps. Tout était beaucoup plus intéressant. Ses yeux, son visage, sa conversation.
Et en plus, quand finalement, je me suis résolu reluquer ses formes (parce que faut pas déconner non plus, hein, je reste un antillais), et ben franchement, je me suis de que j’avais déjà vu des oscilloscopes dessiner des courbes moins prononcées.
Le moment précis où tout a basculé, c’est quand elle m’a tendu un toast de rillettes de thon.
J’avais envie qu’elle me fasse des toasts tout le temps. Avec du beurre, du pâté, de la tapenade, devant un film, devant un match de foot. Tout le temps !
J’aurais pu la regarder dans les yeux et lui dire très sérieusement « Bébé, fais-moi des toasts tout le reste de ma vie, toast my life ! ». Et je serais très certainement passé pour un con.
Elle avait ce truc qui rendait les banalités précieuses. Je me souviens d’une fois où l’on rentrait chez elle. Elle surveillait sa fille du regard, et moi je portais un pack de lait.
Et là, même délire. J’avais envie de marcher dix bornes quitte à ce que le lait me scie le bras. J’avais envie que sa maison soit loin.
Loiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnnn !
C’était tellement, agréable, précieux.
Pourquoi, quand la banalité devient précieuse, c’est bon signe ?
Parce que rien n’est plus banal que la vie. Et à rendre la banalité précieuse, c’est la vie qui devient inestimable.
C’est ça qu’elle avait fait : Elle avait rendu la vie inestimable.
Comme ça, sans forcer, sans même le vouloir.
(absence totale de transition)
Ça faisait cinq putain de jours que la meuf ne me donnait plus de nouvelle. Du jour au lendemain. Sans aucune putain de raison. Aucune. Ca me faisait péter un câble. Je cherchais à comprendre là où j’avais merdé, mais je ne trouvais rien.
Ça commençait à devenir inquiétant : Les femmes me quittent. C’était assez récent sur l’échelle de ma vie, mais ces derniers temps, les femmes me quittent.
Les salopes gourgandines !
Bon, elle ne m’avait pas (encore) quittée, mais ça sentait sérieusement le conifère. J’veux dire, je ne pense pas qu’elle me fasse une « John Doe » pour revenir la bouche en cœur, genre « je suis partie me purifier cinq jours dans un monastère en Vendée afin de mériter ton amour... » (Ouais, je deviens créatif dans je bade. Créatif et con).
Bon vous rigolez (ce n’est pas sympa d’ailleurs), mais moi, j’avais les boules... Vous ne savez même pas...
V’la t’y pas, qu’un jour, elle m’envoie un texto. Putain, quand je l’ai ouvert, j’ai entendu chanter les anges. Il y avait écrit : « Je t’appelle ce midi ou ce soir, promis».
Bon alors je vous explique (attention digression).
J’ai une théorie : chaque personne est composée de deux êtres : Un être intérieur façonné par l’éducation que l’on a reçu, et un autre façonné par les expériences traversées la vie durant.
Bon.
Si je devais personnifier ses deux « moi », je dirais qu’elle était bisounours à l’intérieur, et vigile de boite de nuit sélect à l’extérieur (pour protéger ledit bisounours). Mais attention, les copains !
On parle du bon vieux connard de vigile de base qui croit qu’il a un pouvoir juste parce qu’il porte un costard acheté chez C&A pour gardert un établissement à l’intérieur duquel son pouvoir d’achat le lui permet pas de consommer. Tu vois le genre. De l’escalope de gros con.
On début de notre fréquentation, je dirais qu’on était sur un ratio de 15% de bisounours et le reste en vigile.
Mais je m’en branlais. Je savais bien qu’elle protégeait le bisounours. Et je sentais bien qu’elle était de moins en moins chiche en bisounours. J’allais me le faire ce vigile. C’était sûr.
Revenons à ce texto : « je t’appelle ce midi ou ce soir , promis »
Depuis que l’on se fréquente, elle ne m’a JAMAIS appelé le midi. J-A-M-A-I-S. Pas une fois. Never (for ever-ever, for ever-ever ? #andre300voice).
Ce que je crois, c’est que le bisounours a culpabilisé (et il y’avait de quoi, sa mère-grand en bobsleigh) et qu’il a entreprit de rédiger ce texto.
Il a dû écrire « Je t’appelle ce midi ». Et là-dessus, notre bon vieux vigile - Mr le très gros connard, donc - débarque, et lui fait : « Franchement bisounours, on n’aura pas le temps, le midi. On le rappellera le soir. On a toujours fait comme ça. »
Et voilà. Genèse du texto.
Résultat, elle n’a rappelé ni le midi, ni le soir.
Durant ces cinq jours j’ai regardé mon portable environ 25000 fois par heure en moyenne. Ce soir-là, je suis montré à 75 000 avec un pic à 90 000 entre 23h00 et minuit. « Ce soir », techniquement , ça finissait à minuit.
Je commençais à me dire que la meuf m’a fait une Dupont-de-Ligones. Elle avait plié les gaules, elle avait disparu, je ne la reverrais plus JA-MAIS, elle s’était tirée sur une exo planète, tiens, pourquoi pas après tout, vu qu’on en découvre une tous les jours en ce moment. Adieu, toasts, packs de lait, bouclettes.
A 00h10, motivé par ma démence qui, je vous le rappelle, me conférais la certitude qu’elle était quelque part sur Pandora, je lui ai envoyé un texto. Très digne. Sans insulte. Rien. D’ailleurs, j’ai dû lui écrire « dignité » à un moment. Pour quelle sache que j’ai fait un effort. Que je me suis retenu. Que derrière chaque mot d’une courtoisie hypocrite, il y avait un bon vieux« NIQUE BIEN TA PUTAIN RACE » tapis dans ma frustration. J’ai fini le texto par un truc du genre « On arrête le tir, je me casse », pour faire genre « C’est moi qui m’en vais », alors qu’en fait, c’est elle qui avait disparu.
MDR.
C’est quelque chose, hein, l’égo masculin...
Je vois déjà la conversation avec les potos
_ « Alors, ça s’est terminé comment avec ta belle ? »
_ « Ouais, bah, j’en ai eu marre, elle se foutait de ma gueule, je l’ai dégagée, et maintenant elle doit bien en chier »...
Alors qu’en vrai, à l’heure qu’il est, elle doit siroter un maï-Taï sidéral avec des extraterrestres, quelque part dans la galaxie, tout en oubliant pas de s’en battre les royalement les couilles.
J’ai fait ce truc très con (je ne suis plus à ça près) : J’ai supprimé son numéro et tous nos messages échangés, tout en continuant à attendre un signe de vie venu de l’espace.
« Enculés d’aliens ! Rendez-moi ma meuf ! »
Rien.
Une journée de taff s’est passée...
Je suis allé au sport.
J’ai acheté une magnifique chemise bleue ciel (col mao, s’il vous please) chez Devdred, en solde, alors que mon pouvoir d’achat était formellement contre. Mais j’ai décidé de lui pisser à la raie à lui aussi. Il était indéniable que je serai beau gosse dans ce truc, et comme chacun sait, la « beaugossitude » n’attends jamais (ça ne veut, mais, rien dire du tout.)
Je suis rentré chez moi. J’ai préparé mes sapes pour la journée du lendemain.
Au cas où ça vous intéresse, j’ai décidé de mettre cette magnifique chemise avec un jean coupe ajustée et des bottines Catepillar camel. Petite ceinture marron claire, toute fine. En finition, la belle montre avec un bracelet en cuir que ma sœur m’a offerte pour mon anniv. C’était mon instant « MA CHARIIII, T’ES MAGGNIFAYYYKE ». Je fais ce que je veux, c’est mon récit.
Mais bon, ouais, je suis une petite poufiasse. J’avoue.
Je me suis posé sur mon PC et j’ai commencé à mater, sur Facebook, des photos de mes parents, pour penser à autre chose.
« J’en appelle à Marie Chantal ! aide moi de ta divine sagesse ! »
Mes parents recevaient mon oncle, qui vivait en métropole, et qui leur rendait visite pour la première fois, en Guadeloupe. Il y avait des photos des Chutes du Carbet en Guadeloupe, de diverses plages de Terre de Haut, de plats typiquement antillais, de rhum etc...
Ils avaient l’air heureux. Ça m’a contaminé.
Et d’un coup, comme ça j’ai compris. Ou plutôt je me suis rappelé...
Être heureux, c’est justeune façon de regarder.
Dans la vie, le malheur, c’est ce qui nous détourne de ce qui nous rend heureux, à défaut de devenir une part même de notre bonheur. Les témoins de notre bonheur sont là. Il faut accepter de les regarder. Rester focus.
Je me suis rappelé « qu’aimer » constituait la base de l’éducation reçue de mes parents.
Aucunes meufs, aucun être, d’ailleurs, ne peut déchoir l’amour des genoux de mes parents. C’est un trône hors de portée.
L’amour est une chose parfaite, les hommes seuls sont médiocres.
J’ai essayé ma tenue : je vous jure que j’étais hyper bonne.
En boîte gay, sapé comme ça, je fini violé. C’est certain.
J’ai fini par recevoir un message. Je me suis dit : Déjà elle n’est pas chez Free... Bah ouais : la 4g de Free ne passe déjà pas sur terre... Alors sur Jupiter... Quoi qu’il en soit, elle a dû niquer son forfait. Bref.
Elle m’a écrit un pavé. En gros, son texto consiste en ce que j’appelle « des aveux asynchrones ».
Les aveux asynchrone sont la preuve la plus manifeste du mal qu’ont les humains avec l’amour : cela consiste à dire à distance et trop tard, ce qui aurait dû être dit en face et à temps.
C’est vraiment un énorme grand mystère (avec la carrière d’auteur D’Alexandre Jardin et l’invention du sarouel).
Très très con.
Elle m’explique un tas de truc pour justifier plus ou moins son comportement. On y retrouve le bon vieux coup du « c’est-pas-toi-c’est-moi », suivit d’un ode à ma personne, avec accumulation d’adjectif flatteur (excusez du peu), le tout mis en relief par un passage expliquant à quel point elle avait vraiment été une connasse sur ce coup-là (selon elle, hein). Un classique. Technique très bien maîtrisée
En lisant ça, je me rappelle les fois où j’essayais de couillonner ma mère, quand j’étais gosse, avec des techniques qu’elle avait elle-même utilisées sur sa propre mère. Ca foirait tout le temps, et en plus d’une branlée (méritée) pour flagrant-délit de lèse-maman, elle me disait toujours « Les livres que tu utilises pour tes stratagèmes, c’est moi qui l’ai écrit ». Balaise, hein ?
Je suis dur avec ma futur ex, vérité.
J’ai dû relire son texto dix fois. Il m’a paru sincère. Vraiment. Il avait été écrit par le bisounours, c’est certain. Un jour où le vigile devait pioncer.
Je ne lui en veux pas. Ou si peu. Ce n’est pas une connasse. Ce n’est pas non plus une nana méchante. Elle se protège, juste, comme elle le peut, et tout ce qu’elle possède pour se faire, c’est le vigile.
Moi, j’ai buté mon vigile il y a bien longtemps.
Les gens qui se protègent m’effraient.
Je les fuis.
Toute ma vie, je préférerais dix mille fois le risque d’avoir mal pour, ne serait-ce qu’un échantillon d’amour, plutôt que de me murer dans une protection anesthésiante.
Je ne vais pas conditionner mon comportement au mal que d’autres m’ont fait. Cela consisterait à condamner le prochain pour les erreurs des précédents. C’est faire gagner les salauds.
Je croirais à ça encore longtemps.
« Amour sûr » est un oxymore, une division par zéro. C’est impossible. Aimer signifie « être à la merci » Il faut l’accepter.
Oui, moi, j’ai buté mon vigile, et il ne reste qu’un petit garçon. Un petit garçon qui voulait son bisounours (C’est beau, putain).
Je ne savais pas quoi répondre à son texto. Alors j’ai écrit ce truc.
C’est bien moi, ça ! Tout dans la mesure.
Une fois une ex m’a dit « tu es trop et pas assez en même temps ».
Haha ! Elle avait vraiment raison cette sombre conne.
Et maintenant, je vais me faire une omelette.