Assise sur le coin du bureau face à la fenêtre, j'observe la rue. Le visage d'Antoine est tout près de moi, je sens son souffle caresser mon cou.
Le flot continu des piétons se tarit peu à peu, le jour décline. Bientôt les vitrines s'éteindront.
Ses mains glissent délicatement sur mes bras, puis ses doigts peignent ma longue chevelure brune. Muette, passive, je profite pleinement de ce moment de pur bonheur.
Mon regard reste figé sur le trottoir d'en face, maintenant désert. Antoine est le seul à parler, je me contente de l'écouter sans dire un mot.
Il murmure sa journée, me parle de ses soucis, de ses doutes, de ses projets,...
Je suis prête à tout entendre, sans juger.
Il me prend dans ses bras puis me serre si fort contre lui, que mes pieds ne touchent plus terre. Ses larmes inondent ma chevelure, puis ruissellent dans mon cou avant de tâcher ma jolie robe. Je n'ose bouger.
Soudain, on frappe à la porte de la chambre. Une voix s'exclame :
« A table ! »
Antoine sursaute avant de délicatement me coucher dans une vieille boîte en carton, une boîte qu'il cache sous le lit, avec tous ses secrets.
Demain au collège, comme tous les jours, les moqueries fuseront de toutes parts, certains le singeront, aux insultes succèderont des coups.
Personne n'interviendra pour prendre sa défense ou le réconforter.
Ce ne ferait qu'augmenter leur plaisir, il ne pleurera pas mais son être se consumera encore un peu plus...
Sans moi il sera seul et malheureux.
J'ai peur, car près de la boîte à secrets, Antoine a caché une corde.
Le flot continu des piétons se tarit peu à peu, le jour décline. Bientôt les vitrines s'éteindront.
Ses mains glissent délicatement sur mes bras, puis ses doigts peignent ma longue chevelure brune. Muette, passive, je profite pleinement de ce moment de pur bonheur.
Mon regard reste figé sur le trottoir d'en face, maintenant désert. Antoine est le seul à parler, je me contente de l'écouter sans dire un mot.
Il murmure sa journée, me parle de ses soucis, de ses doutes, de ses projets,...
Je suis prête à tout entendre, sans juger.
Il me prend dans ses bras puis me serre si fort contre lui, que mes pieds ne touchent plus terre. Ses larmes inondent ma chevelure, puis ruissellent dans mon cou avant de tâcher ma jolie robe. Je n'ose bouger.
Soudain, on frappe à la porte de la chambre. Une voix s'exclame :
« A table ! »
Antoine sursaute avant de délicatement me coucher dans une vieille boîte en carton, une boîte qu'il cache sous le lit, avec tous ses secrets.
Demain au collège, comme tous les jours, les moqueries fuseront de toutes parts, certains le singeront, aux insultes succèderont des coups.
Personne n'interviendra pour prendre sa défense ou le réconforter.
Ce ne ferait qu'augmenter leur plaisir, il ne pleurera pas mais son être se consumera encore un peu plus...
Sans moi il sera seul et malheureux.
J'ai peur, car près de la boîte à secrets, Antoine a caché une corde.
Le suicide des enfants, vraiment exceptionnel autrefois est un mal de note époque. Personnellement , je trouve que les adultes n'exigent plus des enfants le respect qu'ils doivent aux autres, il n"en expliquent même plus la nécessité : la victime est considérée comme le marginal, le malade qu'il faut changer. Il s'ensuit une intolérence que j'ai vu se durcir tout au cours de ma vie, et qui d'ailleurs, appauvrit les échanges, chacun se gardant de s'exprimer librement et imposant le silence à celui qui émet une opinion, originale et différente de celles qui sont universellement admises. J'espère me tromper sur les derniers points, mais hélas, les suicides d'enfants ne sont pas rares.
De fortes images, dérangeantes aussi, et c’est bien.
Merci pour ce texte .
Je partage la crainte de cette poupée et j'espère qu'Antoine résistera à la tentation d'en finir pour échapper à ses harceleurs...