« Le souvenir se nourrit du regret qui nous enchaîne à ceux que nous ne pouvons plus faire revivre » (Norman Manea)
C'était pourtant un jour comme un autre. Comme des tas
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Aux vents mauvais.
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Je déteste septembre.
Son rythme effréné. Ses longs silences. Ses chants enroués. Ses fausses notes...
Je déteste septembre.
Sa ruée infernale vers les affaires scolaires. Les cartables, trousses, pochettes A4 et autres cahiers qui envahissent un à un les rayons de tous les supermarchés, volent la vedette aux serviettes de plage et aux crèmes solaires, les relèguent au mieux en fond de gondole, au pire, en arrière-boutique...
Je déteste septembre.
La sonnerie de l'école à l'angle de la rue qui se met à tinter à heure régulière. Parfaitement minutée. Imperturbable. Immuable. Presque psychorigide. Les voitures qui s'entassent de nouveau au centre-ville, s'enrhument, toussotent, crachent leur fumée noire dès le lever du jour... Les klaxons qui raisonnent en pleine heure de pointe remplacent le chant des oiseaux et les tapotis délicats des ruisseaux.
Je déteste septembre.
Le stress qui monte. Le souffle un peu court, hésitant. Les pieds qui se dérobent. Le cœur qui s'emballe dans la poitrine. Ce grand saut vers l'inconnu, comme un jour de rentrée des classes...
Le vent qui devient plus incisif, presque mordant. Les feuilles qui jaunissent, déclinent, se recroquevillent sur elles-mêmes... S'assèchent... Puis s'échouent sur le sol et finissent par craqueler sous le poids de nos pas. Les journées grisonnantes qui raccourcissent... Se tassent... Deviennent peau de chagrin.
Je déteste septembre.
Le soleil qui blêmit. Les températures qui chutent, frémissent, puis capitulent. L'été qui se meurt devient un vague souvenir de vacances figé sur papier glacé. L'air froid qui s'infiltre sous la parka, parcourt l'échine, raidit la nuque, crispe les membres...
Je déteste septembre.
Ses soirées cotonneuses. La nature qui lentement se met en sommeil, et mute, de toute part : se prépare à cette petite mort. La verdure des beaux jours qui laisse place doucement aux tons ocre et or. L'ombre sournoise de l'hiver qui attend son heure, comme un avertissement.
Je déteste septembre.
Les hirondelles, chanceuses, qui migrent aux vents meilleurs. Les écharpes qui grattent la peau et s'emmêlent dans les cheveux. Les chaussettes qu'on revêt à regret et qui finissent en un rien de temps perdues quelque part au fond de la machine à laver. Esseulées. Orphelines. Les sandales, tongs, nu-pieds, rangés méticuleusement dans un coin à la cave. Les pulls aux tons trop sombres qui font plein de bouloches.
Je déteste septembre.
Tous les souvenirs qui s'y accrochent. S'y enchaînent.
Picotent le gosier comme un grain de raisin pas assez mûr.
Je déteste septembre.
Depuis que tu n'es plus là.
Son rythme effréné. Ses longs silences. Ses chants enroués. Ses fausses notes...
Je déteste septembre.
Sa ruée infernale vers les affaires scolaires. Les cartables, trousses, pochettes A4 et autres cahiers qui envahissent un à un les rayons de tous les supermarchés, volent la vedette aux serviettes de plage et aux crèmes solaires, les relèguent au mieux en fond de gondole, au pire, en arrière-boutique...
Je déteste septembre.
La sonnerie de l'école à l'angle de la rue qui se met à tinter à heure régulière. Parfaitement minutée. Imperturbable. Immuable. Presque psychorigide. Les voitures qui s'entassent de nouveau au centre-ville, s'enrhument, toussotent, crachent leur fumée noire dès le lever du jour... Les klaxons qui raisonnent en pleine heure de pointe remplacent le chant des oiseaux et les tapotis délicats des ruisseaux.
Je déteste septembre.
Le stress qui monte. Le souffle un peu court, hésitant. Les pieds qui se dérobent. Le cœur qui s'emballe dans la poitrine. Ce grand saut vers l'inconnu, comme un jour de rentrée des classes...
Le vent qui devient plus incisif, presque mordant. Les feuilles qui jaunissent, déclinent, se recroquevillent sur elles-mêmes... S'assèchent... Puis s'échouent sur le sol et finissent par craqueler sous le poids de nos pas. Les journées grisonnantes qui raccourcissent... Se tassent... Deviennent peau de chagrin.
Je déteste septembre.
Le soleil qui blêmit. Les températures qui chutent, frémissent, puis capitulent. L'été qui se meurt devient un vague souvenir de vacances figé sur papier glacé. L'air froid qui s'infiltre sous la parka, parcourt l'échine, raidit la nuque, crispe les membres...
Je déteste septembre.
Ses soirées cotonneuses. La nature qui lentement se met en sommeil, et mute, de toute part : se prépare à cette petite mort. La verdure des beaux jours qui laisse place doucement aux tons ocre et or. L'ombre sournoise de l'hiver qui attend son heure, comme un avertissement.
Je déteste septembre.
Les hirondelles, chanceuses, qui migrent aux vents meilleurs. Les écharpes qui grattent la peau et s'emmêlent dans les cheveux. Les chaussettes qu'on revêt à regret et qui finissent en un rien de temps perdues quelque part au fond de la machine à laver. Esseulées. Orphelines. Les sandales, tongs, nu-pieds, rangés méticuleusement dans un coin à la cave. Les pulls aux tons trop sombres qui font plein de bouloches.
Je déteste septembre.
Tous les souvenirs qui s'y accrochent. S'y enchaînent.
Picotent le gosier comme un grain de raisin pas assez mûr.
Je déteste septembre.
Depuis que tu n'es plus là.
Un très beau texte Déborah
Et comme une résonance avec : https://www.youtube.com/watch?v=r2S-M0OL4M0