- Dites-moi ce qui vous amène. Cette conversation est sécurisée, vous pouvez me parler à coeur ouvert.
- Eh bien, c'est à propos de ce problème que je vous ai mentionné au téléphone. Ca m'est arrivé pas plus tard qu'hier, docteur. Nous avions terminé la revue des nouveaux chars Dassault. J'étais à peine assis à la table des généraux, qu'une gamine aussi fraîche et sucrée qu'une foutue madeleine de Proust, vient me présenter sous le nez un de ces bouquets de fleurs. Et là paf ! Ca n'a pas raté : hallucination totale ! Je me revois gamin, dans un flash, comme dans un rêve éveillé, et ça dure le temps que le bouquet me passe sous le nez et que les photographes officiels terminent leur sale besogne. Je ne sais pas comment je suis parvenu cette fois à grimacer un semblant de sourire, mais voyez la photo ! Même retouchée par nos services, on voit que je ne suis pas dans mon état normal. Voici ici la photo originale, jugez oar vous-même !
- En effet, les yeux sont révulsés, la bouche s'étire en un rictus... de plaisir ? Si je peux me permettre, monsieur le ministre, dites-moi ce que vous ressentez dans ces moments.
- C'est... une sensation suffocante et moîte qui s'empare de moi, docteur. Mais seulement au début, parce qu'ensuite je perds rapidement connaissance. Je redeviens enfant... baigné dans une lumière qui n'a rien de comparable avec les halos fugaces des flashs des photographes. Ce n'est pas un bain de foule, mais c'est tout autant grisant... et pourtant... quelque chose me dit qu'il me faut ferme mon esprit à ces surgissements du passé. Je suis quelqu'un qui compte pour le pays, je n'ai pas le temps pour ces bêtises ! Je me revois... en ce moment-même ça me reprend ! J'essaie de décrire froidement ce qui m'arrive sans... sans y retourner ! Je suis presque nu, sous un soleil étourdissant, il y a... des coquilles d'escargots, des petites fleurs rouges que je touche et qui se fânent presquent instantanément...
- Des coquelicots. Ils ont aujourd'hui complètement disparu si ma mémoire est bonne.
- C'est ça ! Et il y a aussi des papillons, des abeilles et toujours cette odeur entêtante. Qui me hante ! Qui me traverse et me transperce de parts en parts. Chaque inspiration est un vent puissant qui s'engouffre dans tout mon corps, j'ai le coeur qui s'emballe... Je ne sais plus quoi faire docteur... Vous savez, j'ai commencé ma carrière au PS, eh bien j'en suis parti parce que je ne supportais plus les meetings du parti : ils portaient tous une rose à la boutonnière ! L'enfer ! Parfois il suffit du parfum trop fleuri d'une collaboratrice ou d'une courtisane, et je vrille docteur ! Ma cravate me serre, je ne peux plus respirer que cette pestilence qui me ramène sans cesse en rêve à ce passé, à cette petite enfance et à ce décor digne des pires documentaires écolo-conspis.
- Je comprends. Vous voudriez faire cesser ces visions à tout prix ?
- Evidemment. Imaginez que cela doive m'arriver un jour au beau milieu d'un plateau télé et ma carrière est finie ! Vous voyez déjà les titres des journaux... "Gardner, le ministre de l'environnement, fait un malaise en direct.". Devant des millions de téléspecateurs. Et qui ira croire mon histoire ? Ils diront "Il est gaga !" comme c'est arrivé aux anciens collègues un peu maffiosi qu'on a laissé tranquille en prétextant Alzheimer.
- Mhh. Bien sûr. Cette perte de contrôle que vous décrivez, la-ressentez-vous dans d'autres circonstances ?
- Parfois en rêve ou dans des moments de solitude ça me reprend, mais la situation est plus simple à gérer. Souvent lorsque j'écoute de la musique, il m'arrive de... de m'abandonner vous voyez ? Je n'en peux plus, même durant mes quelques moment de repos, je n'ai jamais de répit !
- Effectivement c'est inquiétant. Ecoutez je vais vous faire une confession. Vous n'êtes pas le premier à me consulter pour ce genre de trouble. Il en résulte que nous avons un certain recul sur les traitements les plus efficaces. Dans votre cas, je conseillerai une décoction à base de coca, une plante sacrée des Incas, qui devrait...
- Encore une plante ?! Vous vous moquez de moi ?
- Celle-là est absolument synthétisée et les molécules actives entièrement contrôlées par les laboratoires de nos amis communs. Vous l'administrerez sous forme de poudre en injection nasale. Vous resterez en total contrôle de vos gestes et de vos paroles. Ce traitement permet d'anesthésier toute empathie, toute stimulation extérieure.
- Pourquoi pas, après tout... Et je ne sentirai rien ?
- Vous ne sentirez plus rien.
- Eh bien, c'est à propos de ce problème que je vous ai mentionné au téléphone. Ca m'est arrivé pas plus tard qu'hier, docteur. Nous avions terminé la revue des nouveaux chars Dassault. J'étais à peine assis à la table des généraux, qu'une gamine aussi fraîche et sucrée qu'une foutue madeleine de Proust, vient me présenter sous le nez un de ces bouquets de fleurs. Et là paf ! Ca n'a pas raté : hallucination totale ! Je me revois gamin, dans un flash, comme dans un rêve éveillé, et ça dure le temps que le bouquet me passe sous le nez et que les photographes officiels terminent leur sale besogne. Je ne sais pas comment je suis parvenu cette fois à grimacer un semblant de sourire, mais voyez la photo ! Même retouchée par nos services, on voit que je ne suis pas dans mon état normal. Voici ici la photo originale, jugez oar vous-même !
- En effet, les yeux sont révulsés, la bouche s'étire en un rictus... de plaisir ? Si je peux me permettre, monsieur le ministre, dites-moi ce que vous ressentez dans ces moments.
- C'est... une sensation suffocante et moîte qui s'empare de moi, docteur. Mais seulement au début, parce qu'ensuite je perds rapidement connaissance. Je redeviens enfant... baigné dans une lumière qui n'a rien de comparable avec les halos fugaces des flashs des photographes. Ce n'est pas un bain de foule, mais c'est tout autant grisant... et pourtant... quelque chose me dit qu'il me faut ferme mon esprit à ces surgissements du passé. Je suis quelqu'un qui compte pour le pays, je n'ai pas le temps pour ces bêtises ! Je me revois... en ce moment-même ça me reprend ! J'essaie de décrire froidement ce qui m'arrive sans... sans y retourner ! Je suis presque nu, sous un soleil étourdissant, il y a... des coquilles d'escargots, des petites fleurs rouges que je touche et qui se fânent presquent instantanément...
- Des coquelicots. Ils ont aujourd'hui complètement disparu si ma mémoire est bonne.
- C'est ça ! Et il y a aussi des papillons, des abeilles et toujours cette odeur entêtante. Qui me hante ! Qui me traverse et me transperce de parts en parts. Chaque inspiration est un vent puissant qui s'engouffre dans tout mon corps, j'ai le coeur qui s'emballe... Je ne sais plus quoi faire docteur... Vous savez, j'ai commencé ma carrière au PS, eh bien j'en suis parti parce que je ne supportais plus les meetings du parti : ils portaient tous une rose à la boutonnière ! L'enfer ! Parfois il suffit du parfum trop fleuri d'une collaboratrice ou d'une courtisane, et je vrille docteur ! Ma cravate me serre, je ne peux plus respirer que cette pestilence qui me ramène sans cesse en rêve à ce passé, à cette petite enfance et à ce décor digne des pires documentaires écolo-conspis.
- Je comprends. Vous voudriez faire cesser ces visions à tout prix ?
- Evidemment. Imaginez que cela doive m'arriver un jour au beau milieu d'un plateau télé et ma carrière est finie ! Vous voyez déjà les titres des journaux... "Gardner, le ministre de l'environnement, fait un malaise en direct.". Devant des millions de téléspecateurs. Et qui ira croire mon histoire ? Ils diront "Il est gaga !" comme c'est arrivé aux anciens collègues un peu maffiosi qu'on a laissé tranquille en prétextant Alzheimer.
- Mhh. Bien sûr. Cette perte de contrôle que vous décrivez, la-ressentez-vous dans d'autres circonstances ?
- Parfois en rêve ou dans des moments de solitude ça me reprend, mais la situation est plus simple à gérer. Souvent lorsque j'écoute de la musique, il m'arrive de... de m'abandonner vous voyez ? Je n'en peux plus, même durant mes quelques moment de repos, je n'ai jamais de répit !
- Effectivement c'est inquiétant. Ecoutez je vais vous faire une confession. Vous n'êtes pas le premier à me consulter pour ce genre de trouble. Il en résulte que nous avons un certain recul sur les traitements les plus efficaces. Dans votre cas, je conseillerai une décoction à base de coca, une plante sacrée des Incas, qui devrait...
- Encore une plante ?! Vous vous moquez de moi ?
- Celle-là est absolument synthétisée et les molécules actives entièrement contrôlées par les laboratoires de nos amis communs. Vous l'administrerez sous forme de poudre en injection nasale. Vous resterez en total contrôle de vos gestes et de vos paroles. Ce traitement permet d'anesthésier toute empathie, toute stimulation extérieure.
- Pourquoi pas, après tout... Et je ne sentirai rien ?
- Vous ne sentirez plus rien.
Bravo pour l’humour grinçant, j’aime ! 💖
Je vous invite sur En avoir plein le dos! (Fab Meiloan)
C'est un dialogue qui fait rire et pleurer en même temps !
Merci pour cet instant .