Comme le corps ne permet point de voir
À son esprit, ni savoir sa puissance :
Ainsi l’erreur, qui tant me fait avoir
Devant les yeux le bandeau d’ignorance,
Ne m’a permis d’avoir la... [+]
Cette femme, dont la poésie est à rapprocher de celle de Louise Labé, est l'auteure d'un recueil unique, Rymes de gentille et vertueuse dame. Très cultivée et polyglotte, Pernette a seize ans lorsqu'elle elle devient la muse du poète lyonnais Maurice Scève, de dix-neuf ans son aîné, mais leur relation est obscure. Toutefois il est clair qu'ils s'inspirent mutuellement sans faire apparaître le nom de l'autre dans leurs textes. Elle meurt dans l'épidémie de peste de 1545. Elle n'a alors que 25 ans. Ses textes seront publiés de manière posthume, la même année, puis réédités une nouvelle fois en 1546.
Comme le corps ne permet point de voir
À son esprit, ni savoir sa puissance :
Ainsi l’erreur, qui tant me fait avoir
Devant les yeux le bandeau d’ignorance,
Ne m’a permis d’avoir la... [+]
Quand vous voyez, que l'étincelle
Du chaste Amour sous mon aisselle
Vient tous les jours à s'allumer,
Ne me devez-vous bien aimer ?
Quand vous me voyez toujours celle,
Qui pour vous... [+]
La nuit était pour moi si très obscure,
Que Terre et Ciel elle m’obscurcissait,
Tant, qu’à Midi de discerner figure
N’avais pouvoir, qui fort me marrissait :
Mais quand je vis que... [+]
Tu te plains que plus ne rimasse,
Bien qu'un temps fut que plus aimasse
À étendre vers rimassés,
Que d'avoir biens sans rime assez :
Mais je vois que qui trop rimoye
Sus ses vieux... [+]
Quant est d'Amour, je crois que c'est un songe,
Ou fiction, qui se paît de mensonge,
Tant que celui, qui peut plus faire encroire
Sa grand'feintise, en acquiert plus de gloire.
Car l'un... [+]
Pour contenter celui qui me tourmente,
Chercher ne veux remède à mon tourment :
Car en mon mal voyant qu’il se contente,
Contente suis de son contentement.
Celle clarté mouvante sans ombrage,
Qui m'éclaircit en mes ténébreux jours,
De sa lueur éblouit l'oeil volage
À l'inconstant, pour ne voir mes séjours :
Car, me voyant, m'eût... [+]
Le haut pouvoir des astres a permis,
Quand je naquis, d’être heureuse et servie :
Dont, connaissant celui qui m’est promis,
Restée suis sans sentiment de vie,
Fors le sentir du mal, qui... [+]
Si tu ne veux l’anneau tant estimer,
Que d’un baiser il te soit rachetable,
Tu ne dois pas, au moins, si peu l’aimer,
Qu’il ne te soit, non pour l’or acceptable,
Mais pour la main qui... [+]
Ami, je n'ai Laquais, ni Page,
Qui bien sût faire mon message,
Ne telle chose raconter
Que me sens au cerveau monter
En cette plaine, et bel espace.
Mon Dieu, comme le monde passe
En... [+]
Que d’avoir mal pour chose si louable,
Comme à chacun son grand contentement,
Tout bon esprit (tant soit peu raisonnable)
Le pourra croire, et par bon jugement.
Mais si voulez connaître... [+]
Le grand désir du plaisir admirable
Se doit nourrir par un contentement
De souhaiter chose tant agréable.
Que tout esprit peut ravir doucement.
Ô que le fait doit être grandement
Rempli de... [+]