Mortel pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un cors mangé de vers,
Descharné, desnervé, où les os descouvers,
Depoulpez, desnouez, delaissent leu... [+]
Fils de médecin, il reçoit une éducation humaniste et étudie le droit. À 23 ans à peine, il achève la rédaction du recueil Le Mespris de la vie et consolation contre la mort. Ce sont des sonnets macabres, à la langue violente très caractéristique de l'esthétique baroque. Son œuvre, longtemps ignorée, n'a été redécouverte qu'au cours du XXe siècle.
Mortel pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un cors mangé de vers,
Descharné, desnervé, où les os descouvers,
Depoulpez, desnouez, delaissent leu... [+]
Cet océan battu de tempête et d'orage
Me venant à dédain et le dévoiement
De mon faible estomac prompt au vomissement
Me faisait déjà perdre et couleur et courage,
Quand, pour me... [+]
Est-il rien de plus vain qu’un songe mensonger,
Un songe passager vagabond et muable ?
La vie est toutefois au songe comparable
Au songe vagabond muable et passager :
Est-il rien... [+]
À beaucoup de danger est sujette la fleur,
Ou l'on la foule aux pieds ou les vents la ternissent,
Les rayons du soleil la brûlent et rôtissent,
La bête la dévore, et s'effeuille en... [+]
Qu'est-ce de votre vie ? une bouteille molle
Qui s'enfle dessus l'eau, quand le ciel fait pleuvoir
Et se perd aussitôt comme elle se fait voir,
S'entre-brisant à l'heurt d'une moindre... [+]
J’ay voulu voyager, à la fin le voyage
M’a fait en ma maison mal content retirer.
En mon estude seul j’ay voulu demeurer,
En fin la solitude a causé mon dommage.
J’ay volu naviguer, en... [+]
L'enfance incontinent meurt devant la jeunesse,
L'adolescence fait la jeunesse mourir,
La virilité fait au monument courir
L'âge d'adolescence où l'amour nous oppresse,
La virilité cède... [+]
Le tems ne bouge point & jamais ne repose,
La vie instable fuit & ne chemine pas,
Fortune escrime & bat sans remuer les bras,
Le monde nous despesche & n’en scavons la... [+]
Comte les ans, les mois, les heures et les jours
Et les poins de ta vie, et me dis mal-habile,
Où ils s’en sont allés comme l’ombre fragile
Ils se sont escoulez sans espoir de retour.
Nous... [+]
Sçais tu que cest de vivre ? autant comme passer
Un chemin tortueus, ore le pié te casse,
Le genou s’afoiblist, le mouvement se lasse
Et la soif vient le teint de ta levre effacer ... [+]
Quand le fruit est cueilli la feuille ternissante
Est de nulle valeur ; quant les raisins contrains
Ont passez par deus fois sous les pressoirs estrains
On jette à l’abandon la pressure... [+]
Ce qui semble perir se change seulement
L’Esté est il passé ? l’an suivant le rameine
Voit on noircir la nuit ? la lumiere prochaine
Redore incontinant l’azur du... [+]