La porte s'est remise à battre
Elle s'ouvre quand la nuit fuit
Que mes yeux dépolis se tournent
Ne fixent plus le noi
... [+]
Chemins de traverse
il y a
1 min
172
lectures
lectures
50
En compétition
On n'échappe pas à son destin, me claironnait mon père. La vie est une route à sens unique.
Il me voyait ouvrier, comme lui, père comme lui, triste comme lui.
Dans notre pays il n'était pas interdit de changer d'avenir, c'est juste que personne encore n'avait trouvé comment.
Mais le destin qui m'attendait, mon père ne s'y attendait pas...
Une arme entre les mains, face à des frères ou à des cousins. Avec ces gradés qui nous aboyaient dessus, tout le temps, pour ne pas qu'on oublie qu'ils étaient seuls détenteurs de notre libre arbitre.
Elle avait quoi ? Quatorze ans ? Quinze, tout au plus ?
La longue file de véhicules était immobilisée. Derrière les vitres on voyait s'entasser ce qui restait de vies brisées et, entre les ballots et les valises, quelques mouvements de vies qui s'obstinaient.
Elle était sortie, un violon à la main et là, le long des voitures, avait commencé à jouer tout en marchant vers nous, nos fusils, nos canons.
Que cherchait-elle ? Que voulait-elle ? Qu'espérait-elle ?
La compassion des uns ? Un peu de réconfort pour les autres ?
En tout cas, ça ne plaisait pas à mon capitaine. Il a posé sa main sur mon épaule.
— Toi ! Tire !
Je ne la connaissais pas cette fille.
— Toi ! Tire !
Il a insisté, encore et encore, jusqu'à hurler dans mon oreille.
Mais cette musique était si belle. Je voulais l'écouter, pas les cris...
J'aurais pu accepter mon destin, mettre fin à la musique comme on abat un arbre et que le silence, sinistre et rassurant, succède au fracas du géant qui s'abat.
J'aurais dû suivre ma route, mais j'ai choisi ce sentier à peine visible qui était pourtant le seul que je pusse emprunter.
J'ai tiré.
Tous les yeux se sont tournés vers moi et vers cet homme au regard surpris qui gisait à mes pieds.
Aujourd'hui, alors que, dos au mur, je fais face à ces hommes dont les fusils accepteront leur destin, je souris.
Je me dis que quelque part, sans doute, un violon chante la vie et les chemins de traverse.
Il me voyait ouvrier, comme lui, père comme lui, triste comme lui.
Dans notre pays il n'était pas interdit de changer d'avenir, c'est juste que personne encore n'avait trouvé comment.
Mais le destin qui m'attendait, mon père ne s'y attendait pas...
Une arme entre les mains, face à des frères ou à des cousins. Avec ces gradés qui nous aboyaient dessus, tout le temps, pour ne pas qu'on oublie qu'ils étaient seuls détenteurs de notre libre arbitre.
Elle avait quoi ? Quatorze ans ? Quinze, tout au plus ?
La longue file de véhicules était immobilisée. Derrière les vitres on voyait s'entasser ce qui restait de vies brisées et, entre les ballots et les valises, quelques mouvements de vies qui s'obstinaient.
Elle était sortie, un violon à la main et là, le long des voitures, avait commencé à jouer tout en marchant vers nous, nos fusils, nos canons.
Que cherchait-elle ? Que voulait-elle ? Qu'espérait-elle ?
La compassion des uns ? Un peu de réconfort pour les autres ?
En tout cas, ça ne plaisait pas à mon capitaine. Il a posé sa main sur mon épaule.
— Toi ! Tire !
Je ne la connaissais pas cette fille.
— Toi ! Tire !
Il a insisté, encore et encore, jusqu'à hurler dans mon oreille.
Mais cette musique était si belle. Je voulais l'écouter, pas les cris...
J'aurais pu accepter mon destin, mettre fin à la musique comme on abat un arbre et que le silence, sinistre et rassurant, succède au fracas du géant qui s'abat.
J'aurais dû suivre ma route, mais j'ai choisi ce sentier à peine visible qui était pourtant le seul que je pusse emprunter.
J'ai tiré.
Tous les yeux se sont tournés vers moi et vers cet homme au regard surpris qui gisait à mes pieds.
Aujourd'hui, alors que, dos au mur, je fais face à ces hommes dont les fusils accepteront leur destin, je souris.
Je me dis que quelque part, sans doute, un violon chante la vie et les chemins de traverse.
A bientôt
Si cela vous convient, merci de jeter un oeil sur mon texte Dernier voyage (Kevin KYAWEDE)