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Histoires Jeunesse - 6-8 Ans (Cycle 2)
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Ça y est. C'est décidé. Nous partons deux semaines à la mer. Papa l'a dit : on va planter la tente dans un camping près de la plage, et il y aura aussi une piscine avec de grands toboggans et plein de jeux pour les enfants. Ça m'est égal ! Je veux pas y aller. Pas sans Pacha. Pacha, c'est mon chien. C'est moi qui suis allé le chercher au refuge pour Noël. Quand il m'a vu, il s'est dressé contre le grillage pour me lécher les mains. Il m'a choisi, je l'ai choisi, c'est mon ami. Papa et Maman disent qu'on ne peut pas l'emmener parce qu'il ne peut pas rester seul sous la tente, parce qu'il va aboyer et gêner les voisins. Il ira au chenil où il sera très bien, il paraît. Moi, je ne suis pas d'accord. Pacha est gentil, il ne fait (presque) pas de bêtises. Il aboie de temps en temps, mais pas trop. D'ailleurs, la voisine madame Capeline, qui habite la maison hantée juste à côté de chez nous, n'est jamais venue se plaindre. Avec mes copains on l'appelle comme ça parce qu'elle porte toujours une cape sur les épaules : l'été, une cape grise brodée de chauves-souris, et l'hiver une cape noire avec de la fourrure, des poils de rats ou de lapins peut-être ? Et puis elle habite une maison bizarre. Les fenêtres du premier étage restent toujours fermées, l'escalier est cassé. Devant sa porte pousse un arbre aux feuilles rabougries dont les racines sortent de terre comme de gros serpents. Au fond du jardin, il y a trois cabanes faites avec des planches toutes rafistolées. C'est peut-être là qu'elle élève ses rats et ses lapins pour faire ses capes ? Et puis elle ne reçoit jamais personne, et le facteur ne s'arrête jamais devant sa boîte aux lettres. Mais en tout cas, elle n'a jamais rien dit au sujet de Pacha. Et quand j'envoie le ballon au-dessus de sa clôture, je le retrouve le lendemain devant notre portail.
En tout cas, c'est décidé, je ne vais pas au camping. Les vacances, c'est trop nul. Je reste avec Pacha. Je vais me cacher et dès que Maman et Papa seront partis je reviendrai à la maison. C'est bientôt minuit et je descends sans bruit les escaliers. J'écris un mot que je dépose sur la table :
« Cher parents
Je ne viens pas avec vous. Ne vous inquiéter pas.
Laissé les clés sur la table.
Passer de bonne vacances. »
J'attrape Pacha qui dort tranquillement dans son panier. Il n'a pas l'air content. Je prends aussi ma lampe de poche.
Je passe par le jardin et me glisse à travers la clôture chez madame Capeline. C'est un passage secret connu de moi seul et de quelques copains. Je vais me cacher dans une des trois cabanes. J'espère choisir la bonne, celle où il n'y a ni rats ni lapins. J'ouvre la porte. Elle fait un drôle de bruit. On dirait qu'elle pleure ! Je rentre dans la cabane.
Ouf ! Pas de bêtes ! Le sol est en terre, je vois quelques vieilles caisses en bois, une bêche et un râteau.
Il y a même une couverture, mais elle ne sent pas très bon. Tant pis, j'installe Pacha et je m'assieds à côté de lui. Voilà, je n'ai plus qu'à attendre que Maman et Papa soient partis.
Je me réveille tout à coup, car Pacha a grogné avant de se cacher sous la couverture. J'entends un bruit, un grattement. Peut-être les rats affamés qui sortent pour se nourrir ? Vite, je glisse mes pieds sous la couverture. Et maintenant j'entends un souffle, une respiration. Au secours, c'est un fantôme ! Le fantôme de madame Capeline ! Je savais bien qu'elle était un peu sorcière. Je voudrais m'enfuir, mais si j'ouvre la porte, je suis perdu. À mon tour, je vais devenir un fantôme et je hanterai le quartier pendant l'éternité.
Malgré la peur, je regarde à travers les planches de la porte. Une ombre qui s'avance, toute noire avec un visage blanc comme la neige. On dirait qu'elle a des ailes sur ses épaules, des ailes toutes poilues ! La porte s'ouvre doucement sans un bruit. Je vois alors le visage pâle de madame Capeline et sa cape en fourrure sur son dos. Pacha pousse un petit jappement et se précipite vers elle en remuant la queue.
— Ah, je savais bien que j'avais entendu du bruit ! Mais que fais-tu là, mon garçon ?
Je suis si paniqué que je me mets à pleurer.
— Viens à la maison, tu me raconteras tout, me dit-elle gentiment.
Quelques minutes plus tard, me voilà attablé devant un bol de chocolat chaud avec Pacha à mes pieds qui croque des biscuits.
Je raconte toute l'histoire à madame Capeline. Elle n'a plus du tout l'air d'une sorcière, mais d'une gentille grand-mère qui me sourit en m'écoutant. Elle me tapote gentiment le bras et me dit :
— J'ai la solution ! Je vais le garder, ton Pacha. Ça me fera de la compagnie. Je me sens bien seule quelquefois. J'irai au parc, il rencontrera d'autres chiens et moi d'autres promeneurs. Qu'en penses-tu ?
Je suis bien d'accord ! Et on dirait que Pacha aussi : il s'est installé sur les genoux de madame Capeline et dort dans son tablier.
— Tu vas rentrer chez toi, ajoute-t-elle, et j'irai voir tes parents demain matin à la première heure pour tout arranger.
Je ne sais pas comment la remercier. J'ai envie de lui sauter au cou, mais je n'ose pas, alors je prends sa main et dépose un bisou sur sa peau ridée.
— File vite ! Et pas un mot, ce sera notre secret !
À la maison, je dépose Pacha dans son panier. Je récupère la lettre sur la table et la déchire en mille morceaux et me faufile dans ma chambre. Je dors jusqu'au matin.
En tout cas, c'est décidé, je ne vais pas au camping. Les vacances, c'est trop nul. Je reste avec Pacha. Je vais me cacher et dès que Maman et Papa seront partis je reviendrai à la maison. C'est bientôt minuit et je descends sans bruit les escaliers. J'écris un mot que je dépose sur la table :
« Cher parents
Je ne viens pas avec vous. Ne vous inquiéter pas.
Laissé les clés sur la table.
Passer de bonne vacances. »
J'attrape Pacha qui dort tranquillement dans son panier. Il n'a pas l'air content. Je prends aussi ma lampe de poche.
Je passe par le jardin et me glisse à travers la clôture chez madame Capeline. C'est un passage secret connu de moi seul et de quelques copains. Je vais me cacher dans une des trois cabanes. J'espère choisir la bonne, celle où il n'y a ni rats ni lapins. J'ouvre la porte. Elle fait un drôle de bruit. On dirait qu'elle pleure ! Je rentre dans la cabane.
Ouf ! Pas de bêtes ! Le sol est en terre, je vois quelques vieilles caisses en bois, une bêche et un râteau.
Il y a même une couverture, mais elle ne sent pas très bon. Tant pis, j'installe Pacha et je m'assieds à côté de lui. Voilà, je n'ai plus qu'à attendre que Maman et Papa soient partis.
Je me réveille tout à coup, car Pacha a grogné avant de se cacher sous la couverture. J'entends un bruit, un grattement. Peut-être les rats affamés qui sortent pour se nourrir ? Vite, je glisse mes pieds sous la couverture. Et maintenant j'entends un souffle, une respiration. Au secours, c'est un fantôme ! Le fantôme de madame Capeline ! Je savais bien qu'elle était un peu sorcière. Je voudrais m'enfuir, mais si j'ouvre la porte, je suis perdu. À mon tour, je vais devenir un fantôme et je hanterai le quartier pendant l'éternité.
Malgré la peur, je regarde à travers les planches de la porte. Une ombre qui s'avance, toute noire avec un visage blanc comme la neige. On dirait qu'elle a des ailes sur ses épaules, des ailes toutes poilues ! La porte s'ouvre doucement sans un bruit. Je vois alors le visage pâle de madame Capeline et sa cape en fourrure sur son dos. Pacha pousse un petit jappement et se précipite vers elle en remuant la queue.
— Ah, je savais bien que j'avais entendu du bruit ! Mais que fais-tu là, mon garçon ?
Je suis si paniqué que je me mets à pleurer.
— Viens à la maison, tu me raconteras tout, me dit-elle gentiment.
Quelques minutes plus tard, me voilà attablé devant un bol de chocolat chaud avec Pacha à mes pieds qui croque des biscuits.
Je raconte toute l'histoire à madame Capeline. Elle n'a plus du tout l'air d'une sorcière, mais d'une gentille grand-mère qui me sourit en m'écoutant. Elle me tapote gentiment le bras et me dit :
— J'ai la solution ! Je vais le garder, ton Pacha. Ça me fera de la compagnie. Je me sens bien seule quelquefois. J'irai au parc, il rencontrera d'autres chiens et moi d'autres promeneurs. Qu'en penses-tu ?
Je suis bien d'accord ! Et on dirait que Pacha aussi : il s'est installé sur les genoux de madame Capeline et dort dans son tablier.
— Tu vas rentrer chez toi, ajoute-t-elle, et j'irai voir tes parents demain matin à la première heure pour tout arranger.
Je ne sais pas comment la remercier. J'ai envie de lui sauter au cou, mais je n'ose pas, alors je prends sa main et dépose un bisou sur sa peau ridée.
— File vite ! Et pas un mot, ce sera notre secret !
À la maison, je dépose Pacha dans son panier. Je récupère la lettre sur la table et la déchire en mille morceaux et me faufile dans ma chambre. Je dors jusqu'au matin.
* * *
Il est bientôt dix heures. Les bagages sont dans le coffre. La voiture démarre. Je me retourne pour voir Madame Capeline qui nous fait un signe de la main. Pacha est assis à ses côtés, puis il file dans son jardin, il a tant de choses à découvrir, même s'il n'y a ni rats ni lapins dans les cabanes.
En tout cas, cet été, le facteur va s'arrêter souvent chez madame Capeline, car elle va recevoir plein, plein de cartes postales !
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Illustration : Gabrielle Sibieude