Source de l'existence, utile agriculture,
C'est toi qu'en ce moment célèbrent les Français ;
Rendus à l'union, rendus à la nature,
Leur voix s'élève enfin pour chanter tes bienfaits.
Ils ne sont plus ces temps où le luxe frivole
S'arrogeait à grands frais un prix peu mérité !
Ils ne sont plus ! un jour a vu briser l'idole,
Et le premier des arts devient le plus fêté.
Artisans généreux, habitants des campagnes,
Suspendez vos travaux, accourez à nos voix ;
Accourez à nos voix, vous leurs fils, leurs compagnes ;
Proclamez avec nous la plus sainte des lois.
Les mains en qui la France a mis sa destinée
D'un pénible sillon vont diriger le cours.
Le soc brille, il s'avance, et la terre étonnée
S'entrouvre et reconnaît Rome en ses plus beaux jours.
Ô prodige ! ô pouvoir d un magnanime exemple !
Le laboureur sourit et s'élève à la fois ;
La nature devient son autel et son temple ;
Et son œil lit partout ses devoirs et ses droits.
Le voyez-vous, hâtant son pas encore timide,
Reprendre ses travaux qui lui semblent plus doux.
L'égalité le suit, l'humanité le guide,
Tout Français est son frère, il est frère de tous.
Allez, simples héros qu'adopta la nature ;
Que vos bras vigoureux fécondent vos guérets !
Couronnez votre front de fleurs et de verdure,
Bientôt vous l'ornerez des palmes de la paix
Et toi divinité qui protèges nos fêtes,
Achève ton ouvrage, auguste Liberté !
Et quand tu fais planer la gloire sur nos têtes,
Jette aussi sur nos champs un regard de bonté !