Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Entre les moments de fou rire, les moments de silence, les questions sans fins, le mouvement et l'immobilité, elle ne savait plus quoi faire de moi, avec moi, quoi me dire, comment allais-je finir...
On naît et puis on meurt. Une histoire avec un début incertain et une fin garantie. Notre existence est basée sur cette loi, loi qu'on n'a pas votée, loi qui ne nous a jamais été proposée. Pour prendre donc notre revanche on fait comme si elle n'existait pas, ou du moins c'est ce que j'ai fait. D'ailleurs comment faire autrement ? Comment être en paix avec ce concept si absurde ? Que se passerait-il si on y réfléchissait trop ? Durant des années je me suis donc contenter de vivre sans y penser, ne même pas prononcer ce mot obscur qui était devenu interdit. Et pourtant, je ne suis pas comme ça, quelque chose n'allait pas, je vivais un mensonge. Dans une partie bien cachée de moi, des questionnements tels des résistants s'organisaient afin de faire sauter ce régime totalitaire que je m'étais imposé. Oui, on meurt, donc à quoi sert tout ce qu'on fait ? Comment je peux être consciente que tout à une fin et pourtant avoir un désir si douloureux de contribuer à l'évolution de ce monde ? Pourquoi nous contentons-nous d'oser si peu, de vivre si peu, alors qu'on a une date d'expiration collé sur nous ? Ces questions me tourmentent, me paralysent durant des jours. Et puis c'est reparti, j'ouvre mes yeux, les rayons du soleil se réfléchissent sur le mur de ma chambre en passant par les petits trous du volet, créant des petits parallélogrammes jaunes sur ce blanc cassé choisi par ma mère. Depuis la fenêtre j'entends les voitures passées, des tondeuses à gazon, des gens parler, j'imagine leurs visages. Ce moment si futile, si quotidien, me remplit d'un sentiment de joie si immense qui fait parfois mal. Je me sens connectée à ce monde, à ce moment. La semaine dernière j'étais submergée, aujourd'hui j'ai envie de vivre, d'aimer...mais quelque chose garde mes pieds sur terre, c'est la réalité. Ce constant rappel que tout est si grand et si infime à la fois, ce dilemme entre donner de l'importance à tout ou bien se foutre de tout.
Ces questions me mettent mal à l'aise, j'ai mal à la tête, mon cœur s'accélère, mais je n'arrive pas à les effacer car elles me sont nécessaires. Je n'en parle plus à ma mère car elle semble avoir ses idées déjà fixes et je n'ose pas être celle qui la fera tout remettre en question. J'en parle encore moins à mes amis car j'ai vite compris que je dérangeais, je devenais lourde, j'allais trop loin et pourtant c'était ma façon d'être « normale ».
Dans mon entourage je suis vue comme l'éternelle insatisfaite, celle qui cherche toujours le contre-argument, la morale de l'histoire, qui fait l'avocate du diable et qui veut rendre justice. Ils ne pensent pas que je pourrais être heureuse un jour, épanouie dans une vie de famille où je serais une femme aimable, avec deux enfants merveilleux et un petit chien adopté, allant au boulot où les collègues m'inviteront à boire un coup le vendredi soir. Pour être honnête je n'ai jamais senti le besoin de contredire ces propos, peut-être parce ce que c'est vrai, peut-être parce que mon bonheur à moi ne rentre pas dans cette réalité. J'en fais peut-être trop, je demande l'impossible, mais si je le fais c'est parce que j'en ai la capacité.
Quelqu'un a dit un jour « Je pense, donc je suis ». Le fait de penser n'est donc pas en partie ce qui nous donne vie ? Si l'homme a pu évoluer au fil du temps c'est grâce à cette capacité intellectuelle de réfléchir, cette maîtrise d'analyse et d'observation. Pourquoi devrais-je donc m'en priver ? Ces pensées sans fin et sans réponses, qui sont parfois très dures à poser, cause en moi un inconfort et à la fois me donne conscience de la belle complexité de la vie qui finalement peut être décomposée en plusieurs éléments simples. J'aime bien prendre l'exemple de la théorie de la relativité générale, qui peut paraitre complexe mais qui a été élaboré par quelqu'un qui a commencé par la fameuse expression mathématique « un plus un, égale à deux ».
Avec du recul j'ai compris que l'idée c'est de commencer étape par étape afin d'éviter de se sentir noyé. Dans une société où existe une certaine norme qui est utilisée comme référence finalement, on peut facilement se sentir en décalé avec la réalité telle qu'elle parait. Naturellement on va se sentir victime de celle-là. Au moment précis où on fait ce constat, au lieu de se renfermer, je propose de se laisser porter par ce doute intérieur qui commence à gagner du terrain. Cette petite voix qui dit que ce qui semble être en déphasage n'est peut-être pas moi avec le monde mais plutôt ce que je ressens avec ce que je perçois. Il y a quelques années de cela lors d'un cours de philosophie, notre professeur nous parla du doute méthodique, cette simple idée audacieuse qui consiste de tout remettre en question même ce qui semble évident et autant réel que nous-mêmes. Avant d'adresser mes questionnements j'avais le sentiment de vivre un mensonge, car je me privais de nombreuses possibilités de ce qui pourrait être la vérité de tout ce qui m'entoure. Ce concept donc me semble juste et séduisant car notre société et notre monde mérite qu'on lui offre le bénéfice du doute.
Dans un monde où on a choisi de poser nos propres règles et fabriquer notre propre réalité, il est important de chercher à savoir ce qui est et ce qui était déjà, car sans cette information on ne peut être qu'à contre-courant avec notre propre nature et la nature elle-même.
Je ne suis pas philosophe, je ne connais pas plus des choses que le reste du monde, mais j'apprends à me rendre compte et à accepter mon ignorance tout en essayant avec peur et excitation de connaître tout ce qui a à connaître et tenter de frôler ces limites qu'on essaie d'ignorer.
Je ne sais pas si un jour quelqu'un aura les réponses à toutes ces questions, mais ce qui compte c'est de les poser, de leur donner vie et l'opportunité de connaitre un jour une réponse.
Peut-être demain tous ces mots n'auront aucun sens, aucune raison mais cela n'a pas d'importance car au final ils font partie de ce grand tout et rien.
On naît et puis on meurt. Une histoire avec un début incertain et une fin garantie. Notre existence est basée sur cette loi, loi qu'on n'a pas votée, loi qui ne nous a jamais été proposée. Pour prendre donc notre revanche on fait comme si elle n'existait pas, ou du moins c'est ce que j'ai fait. D'ailleurs comment faire autrement ? Comment être en paix avec ce concept si absurde ? Que se passerait-il si on y réfléchissait trop ? Durant des années je me suis donc contenter de vivre sans y penser, ne même pas prononcer ce mot obscur qui était devenu interdit. Et pourtant, je ne suis pas comme ça, quelque chose n'allait pas, je vivais un mensonge. Dans une partie bien cachée de moi, des questionnements tels des résistants s'organisaient afin de faire sauter ce régime totalitaire que je m'étais imposé. Oui, on meurt, donc à quoi sert tout ce qu'on fait ? Comment je peux être consciente que tout à une fin et pourtant avoir un désir si douloureux de contribuer à l'évolution de ce monde ? Pourquoi nous contentons-nous d'oser si peu, de vivre si peu, alors qu'on a une date d'expiration collé sur nous ? Ces questions me tourmentent, me paralysent durant des jours. Et puis c'est reparti, j'ouvre mes yeux, les rayons du soleil se réfléchissent sur le mur de ma chambre en passant par les petits trous du volet, créant des petits parallélogrammes jaunes sur ce blanc cassé choisi par ma mère. Depuis la fenêtre j'entends les voitures passées, des tondeuses à gazon, des gens parler, j'imagine leurs visages. Ce moment si futile, si quotidien, me remplit d'un sentiment de joie si immense qui fait parfois mal. Je me sens connectée à ce monde, à ce moment. La semaine dernière j'étais submergée, aujourd'hui j'ai envie de vivre, d'aimer...mais quelque chose garde mes pieds sur terre, c'est la réalité. Ce constant rappel que tout est si grand et si infime à la fois, ce dilemme entre donner de l'importance à tout ou bien se foutre de tout.
Ces questions me mettent mal à l'aise, j'ai mal à la tête, mon cœur s'accélère, mais je n'arrive pas à les effacer car elles me sont nécessaires. Je n'en parle plus à ma mère car elle semble avoir ses idées déjà fixes et je n'ose pas être celle qui la fera tout remettre en question. J'en parle encore moins à mes amis car j'ai vite compris que je dérangeais, je devenais lourde, j'allais trop loin et pourtant c'était ma façon d'être « normale ».
Dans mon entourage je suis vue comme l'éternelle insatisfaite, celle qui cherche toujours le contre-argument, la morale de l'histoire, qui fait l'avocate du diable et qui veut rendre justice. Ils ne pensent pas que je pourrais être heureuse un jour, épanouie dans une vie de famille où je serais une femme aimable, avec deux enfants merveilleux et un petit chien adopté, allant au boulot où les collègues m'inviteront à boire un coup le vendredi soir. Pour être honnête je n'ai jamais senti le besoin de contredire ces propos, peut-être parce ce que c'est vrai, peut-être parce que mon bonheur à moi ne rentre pas dans cette réalité. J'en fais peut-être trop, je demande l'impossible, mais si je le fais c'est parce que j'en ai la capacité.
Quelqu'un a dit un jour « Je pense, donc je suis ». Le fait de penser n'est donc pas en partie ce qui nous donne vie ? Si l'homme a pu évoluer au fil du temps c'est grâce à cette capacité intellectuelle de réfléchir, cette maîtrise d'analyse et d'observation. Pourquoi devrais-je donc m'en priver ? Ces pensées sans fin et sans réponses, qui sont parfois très dures à poser, cause en moi un inconfort et à la fois me donne conscience de la belle complexité de la vie qui finalement peut être décomposée en plusieurs éléments simples. J'aime bien prendre l'exemple de la théorie de la relativité générale, qui peut paraitre complexe mais qui a été élaboré par quelqu'un qui a commencé par la fameuse expression mathématique « un plus un, égale à deux ».
Avec du recul j'ai compris que l'idée c'est de commencer étape par étape afin d'éviter de se sentir noyé. Dans une société où existe une certaine norme qui est utilisée comme référence finalement, on peut facilement se sentir en décalé avec la réalité telle qu'elle parait. Naturellement on va se sentir victime de celle-là. Au moment précis où on fait ce constat, au lieu de se renfermer, je propose de se laisser porter par ce doute intérieur qui commence à gagner du terrain. Cette petite voix qui dit que ce qui semble être en déphasage n'est peut-être pas moi avec le monde mais plutôt ce que je ressens avec ce que je perçois. Il y a quelques années de cela lors d'un cours de philosophie, notre professeur nous parla du doute méthodique, cette simple idée audacieuse qui consiste de tout remettre en question même ce qui semble évident et autant réel que nous-mêmes. Avant d'adresser mes questionnements j'avais le sentiment de vivre un mensonge, car je me privais de nombreuses possibilités de ce qui pourrait être la vérité de tout ce qui m'entoure. Ce concept donc me semble juste et séduisant car notre société et notre monde mérite qu'on lui offre le bénéfice du doute.
Dans un monde où on a choisi de poser nos propres règles et fabriquer notre propre réalité, il est important de chercher à savoir ce qui est et ce qui était déjà, car sans cette information on ne peut être qu'à contre-courant avec notre propre nature et la nature elle-même.
Je ne suis pas philosophe, je ne connais pas plus des choses que le reste du monde, mais j'apprends à me rendre compte et à accepter mon ignorance tout en essayant avec peur et excitation de connaître tout ce qui a à connaître et tenter de frôler ces limites qu'on essaie d'ignorer.
Je ne sais pas si un jour quelqu'un aura les réponses à toutes ces questions, mais ce qui compte c'est de les poser, de leur donner vie et l'opportunité de connaitre un jour une réponse.
Peut-être demain tous ces mots n'auront aucun sens, aucune raison mais cela n'a pas d'importance car au final ils font partie de ce grand tout et rien.