Nouvelles
3 min
Université nationale Yuriy Fedkovych de Chernivtsi
Habitude d’être différente
Moi, je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extraterrestre.
Depuis l'enfance, je me considérais comme étrange, pensive et flottante dans mes rêves. J'aime toujours rêver, aussi naïvement et avec enthousiasme comme jadis. Je me souviens souvent de moi-même à l'âge de sept ans, allongée dans le champ infini qui s'est étendu devant ma maison de campagne, mâchant des tiges de blé comme une friandise délicieuse, sentant le parfum de la nature matinale endormie sous mon corps, regardant le ciel sans fond et volant là-dedans dans ma tête.
Depuis l'enfance, ma rêverie naïve est considérée par mon entourage comme quelque chose de frivole et d'indigne. Personne ne croyait aux fées qui avaient trouvé le refuge dans les tulipes de mon jardin, aux chênes qui me racontaient leurs histoires apaisées par le temps, et à la pluie qui jouait des symphonies sur mon toit. Quand j'ai écrit un petit livre à l'âge de cinq ans, tout le monde a été encore plus surpris. "Ne le montre à personne d'autre, ne fais pas honte à tes parents," a-marmonné sévèrement ma voisine. Quinze ans plus tard, après une bonne fouille dans le grenier, j'ai retrouvé ce chef-d'œuvre de mon enfance, peint avec des feutres de mauvaise qualité. Il s'est avéré que les lignes de mes histoires étranges étaient écrites à l'envers, c'est-à-dire de droite à gauche. Probablement, ce jour-là, tout le monde a compris que cette fille bizarre est gauchère. « Juste Dieu, il manquait plus que ça » - disaient-ils. Ils se sont efforcés de me changer. Cependant, ils ont vite rendu compte de ce qu'ils étaient impuissants ici.
Ma mère m'a comprise, parce qu'elle était la même extraterrestre que moi. La rêverie est dans nos gènes. « À quoi ça sert quand il y a une tonne de tâches ménagères : creuser des pommes de terre, désherber, nourrir le bétail, nettoyer la maison. Ce sont des tire-au-flanc qui rêvent! » - j'entendais souvent de mes proches. Il était difficile de coexister avec de tels stéréotypes. Difficile...
... Mais j'ai continué à voler rêveusement au-dessus du chemin de la vie. La porte de l'école s'est ouverte devant moi et, me frappant dans le dos, elle s'est refermée avec bruit de tonnerre. Les camarades de classe ont soupçonné qu'il y avait un étranger parmi eux : des livres «Harry Potter» sur son pupitre, un intérêt excessif pour les matières scolaires dans ses yeux et d'étranges airs rock venants de ses écouteurs. Il s'est avéré que c'était moi qui étais étrangère. Mes livres ont tombé par terre, les mélodies dans les écouteurs devenaient de plus en plus tristes et l'intérêt inextinguible dans mes yeux se heurtait quotidiennement au ridicule aux yeux des autres.
À l'école, j'ai découvert qu'on n'aime pas la dissidence chez nous... Elle était méprisée, à l'opposé des idées conventionnelles et stables qui ne menaçaient pas de briser les stéréotypes. Le confort de chacun était avant tout.
J'aimais toujours la nature, j'aimais tous les temps. Pourtant, mon cœur était captivé par la chaude pluie printanière. Elle m'accompagnait souvent sur le chemin du retour de l'école à la maison. Je n'avais pas peur d'elle, je me sentais bien avec elle. Elle me donnait une légère sensation de froid et de picotement dans le corps, ce qui a généré des milliers de mélodies dans ma tête. Je les ai chantées à l'unisson de la pluie sur le chemin du retour. Un jour, mon père a entendu par hasard ma mélodie romantique consacrée à la pluie. C'est pourquoi il m'a envoyée à l'école de musique. Là, la bandura [1] mystérieuse est devenu ma muse. Elle faisait deux fois ma taille, mais j'aimais tellement la voix douce de ses cordes qui ressemblait au son d'une harpe mêlé au chant du rossignol. Parfois, les camarades se moquaient de mon instrument étrange. J'avais mal, mais j'adorais ce que je faisais dans ma vie.
Et que s'est-il passé ensuite ? La porte de l'école s'est ouverte en claquant et m'a poussée à la vie adulte. Franchement, j'attendais plus de cet âge. Je le considérais comme un gentleman poli qui serrait la main de tous ceux qui passaient par lui, qui offrait gentiment à chacun un travail désiré, une famille et une maison confortable (oh, ma naïveté !). Au lieu de cela, devant moi se trouve un vieillard avare et froid, qui jette les passants d'un problème en problème. Mais si vous souriez dans ses yeux, cet homme va certainement vous faire un sourire réciproque et vous offrir une cigarette cubaine tirée de sa veste démodée. Parfois être un adulte n'est pas si effrayant.
Savez-vous ? J'ai l'habitude d'être différente. C'est normal. C'est naturel. Cependant, je sais avec certitude que je ne suis pas seule. Je suis sûre qu'il y a beaucoup de « bizarres » parmi nous qui ont peur de se l'admettre et s'interdit de « voler ». Peut-être, il y a quelque chose de fantastique et d'extraterrestre en chacun de nous ? Après tout, nous sommes différents.
Cherchez bien et n'ayez pas peur de ce que vous trouvez. Révélez-le au monde et le monde se révélera à vous.
[1] Instrument de musique à cordes d'origine ukrainienne.
Depuis l'enfance, je me considérais comme étrange, pensive et flottante dans mes rêves. J'aime toujours rêver, aussi naïvement et avec enthousiasme comme jadis. Je me souviens souvent de moi-même à l'âge de sept ans, allongée dans le champ infini qui s'est étendu devant ma maison de campagne, mâchant des tiges de blé comme une friandise délicieuse, sentant le parfum de la nature matinale endormie sous mon corps, regardant le ciel sans fond et volant là-dedans dans ma tête.
Depuis l'enfance, ma rêverie naïve est considérée par mon entourage comme quelque chose de frivole et d'indigne. Personne ne croyait aux fées qui avaient trouvé le refuge dans les tulipes de mon jardin, aux chênes qui me racontaient leurs histoires apaisées par le temps, et à la pluie qui jouait des symphonies sur mon toit. Quand j'ai écrit un petit livre à l'âge de cinq ans, tout le monde a été encore plus surpris. "Ne le montre à personne d'autre, ne fais pas honte à tes parents," a-marmonné sévèrement ma voisine. Quinze ans plus tard, après une bonne fouille dans le grenier, j'ai retrouvé ce chef-d'œuvre de mon enfance, peint avec des feutres de mauvaise qualité. Il s'est avéré que les lignes de mes histoires étranges étaient écrites à l'envers, c'est-à-dire de droite à gauche. Probablement, ce jour-là, tout le monde a compris que cette fille bizarre est gauchère. « Juste Dieu, il manquait plus que ça » - disaient-ils. Ils se sont efforcés de me changer. Cependant, ils ont vite rendu compte de ce qu'ils étaient impuissants ici.
Ma mère m'a comprise, parce qu'elle était la même extraterrestre que moi. La rêverie est dans nos gènes. « À quoi ça sert quand il y a une tonne de tâches ménagères : creuser des pommes de terre, désherber, nourrir le bétail, nettoyer la maison. Ce sont des tire-au-flanc qui rêvent! » - j'entendais souvent de mes proches. Il était difficile de coexister avec de tels stéréotypes. Difficile...
... Mais j'ai continué à voler rêveusement au-dessus du chemin de la vie. La porte de l'école s'est ouverte devant moi et, me frappant dans le dos, elle s'est refermée avec bruit de tonnerre. Les camarades de classe ont soupçonné qu'il y avait un étranger parmi eux : des livres «Harry Potter» sur son pupitre, un intérêt excessif pour les matières scolaires dans ses yeux et d'étranges airs rock venants de ses écouteurs. Il s'est avéré que c'était moi qui étais étrangère. Mes livres ont tombé par terre, les mélodies dans les écouteurs devenaient de plus en plus tristes et l'intérêt inextinguible dans mes yeux se heurtait quotidiennement au ridicule aux yeux des autres.
À l'école, j'ai découvert qu'on n'aime pas la dissidence chez nous... Elle était méprisée, à l'opposé des idées conventionnelles et stables qui ne menaçaient pas de briser les stéréotypes. Le confort de chacun était avant tout.
J'aimais toujours la nature, j'aimais tous les temps. Pourtant, mon cœur était captivé par la chaude pluie printanière. Elle m'accompagnait souvent sur le chemin du retour de l'école à la maison. Je n'avais pas peur d'elle, je me sentais bien avec elle. Elle me donnait une légère sensation de froid et de picotement dans le corps, ce qui a généré des milliers de mélodies dans ma tête. Je les ai chantées à l'unisson de la pluie sur le chemin du retour. Un jour, mon père a entendu par hasard ma mélodie romantique consacrée à la pluie. C'est pourquoi il m'a envoyée à l'école de musique. Là, la bandura [1] mystérieuse est devenu ma muse. Elle faisait deux fois ma taille, mais j'aimais tellement la voix douce de ses cordes qui ressemblait au son d'une harpe mêlé au chant du rossignol. Parfois, les camarades se moquaient de mon instrument étrange. J'avais mal, mais j'adorais ce que je faisais dans ma vie.
Et que s'est-il passé ensuite ? La porte de l'école s'est ouverte en claquant et m'a poussée à la vie adulte. Franchement, j'attendais plus de cet âge. Je le considérais comme un gentleman poli qui serrait la main de tous ceux qui passaient par lui, qui offrait gentiment à chacun un travail désiré, une famille et une maison confortable (oh, ma naïveté !). Au lieu de cela, devant moi se trouve un vieillard avare et froid, qui jette les passants d'un problème en problème. Mais si vous souriez dans ses yeux, cet homme va certainement vous faire un sourire réciproque et vous offrir une cigarette cubaine tirée de sa veste démodée. Parfois être un adulte n'est pas si effrayant.
Savez-vous ? J'ai l'habitude d'être différente. C'est normal. C'est naturel. Cependant, je sais avec certitude que je ne suis pas seule. Je suis sûre qu'il y a beaucoup de « bizarres » parmi nous qui ont peur de se l'admettre et s'interdit de « voler ». Peut-être, il y a quelque chose de fantastique et d'extraterrestre en chacun de nous ? Après tout, nous sommes différents.
Cherchez bien et n'ayez pas peur de ce que vous trouvez. Révélez-le au monde et le monde se révélera à vous.
[1] Instrument de musique à cordes d'origine ukrainienne.