Un brin de lavande accroché à ses idées...
Elle disait que c'était joli, que ça sentait bon
Elle ne fit que passer, en
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Son prénom, c'était Jacynthe...un nom de fleurs au Y insolent et qui faisait toute la différence !
De toute façon, de fleurs, elle n'avait que ce prénom, elle était autoritaire, désagréable et maniaque ! Elle avait tout le temps mal à la tête et ses migraines la rendaient encore moins aimable ! Elle prenait beaucoup de médicaments et cela la rendait encore plus agressive !
Elle avait réussi par un miracle que seul, le hasard arrive parfois à tisser, à se faire épouser par Louis, un agriculteur au cœur sensible et aux mots rares.
Louis aimait son coin, la Loire qui le faisait rêver. Le fleuve achevait ses errances dans l'Océan Atlantique et parfois, il aurait aimé le suivre...Il aimait les châteaux qui bordaient les chemins de son enfance et comme il avait toujours vécu dans cette région, il les connaissait bien ; de Chambord à Azay le Rideau en passant par Cheverny ou Blois, il avait apprivoisé dans son cœur et sa tête, le moindre de ses endroits.
Il aimait aussi sa terre qu'il travaillait avec amour, sachant qu'elle le lui rendait. Elle était si belle quand les blés se levaient au vent, si riche quand les coquelicots s'infiltraient dans les herbes, si forte quand les orages faisaient ressortir ses odeurs les plus douces de terre mouillée. Il aurait voulu un jardin extraordinaire, scotché aux murs de sa maison. Il y aurait eu des roses pas seulement roses, des iris et des lys royaux, des violettes oubliées, du lin égaré, quelques dahlias en pompons, des ancolies délicates, du seringat odorant, une fleur d'hellébore et une Véronique de Perse... juste pour se croire ailleurs et chez soi en même temps, dans un désordre romantique et délicieux . Chaque fleur aurait eu sa place et cela aurait suffi au bonheur de Louis. Mais dans la réalité, il y avait Jacynthe et Jacynthe n'aimait que les fleurs en plastique , celles qui ne salissaient pas, ne se fanaient pas , qui restaient éternelles jusqu'au cimetière et même là-bas, elles avaient une place olympienne !
Pourquoi mais pourquoi Louis avait-il dit Oui à Jacynthe , pour le meilleur et pour le pire ? Une grossière erreur de jeunesse ! Il ne l'avait jamais vraiment aimée, il avait voulu s'épargner de la solitude et créer une famille. Hélas, le couple n'avait pas eu d'enfants, pas même un chat câlin ni une perruche bavarde ! Rien... la maison était bien tenue, propre, sage, la cuisine était correcte, sans fantaisie ni élan mais mangeable... et les vases, dix en tout, dispersés dans les pièces de la maison, offraient aux yeux des rares visiteurs invités, de magnifiques et superficiels bouquets de fleurs en plastique ! Il ne restait plus qu'à attendre la vieillesse en s'ennuyant sans colère ! La poussière des habitudes moroses peut parfois coller au coeur ! Louis s'ennuyait à mourir...Si Jacynthe avait su l'apprendre son Louis, tout aurait été différent !
Cinquante cinq ans de mariage sans amour, sans tendresse, sans complicité n'avaient pas rendu Louis, agressif, il était juste passif et malheureux et ses rares sourires, il ne les donnait qu'à sa terre. Jacynthe le savait mais s'en moquait, elle avait voulu un mari pour être une Dame, l'épouse honorable de Louis, l'agriculteur et depuis, elle avait vécu comme elle le voulait avec cet homme simple et bien trop rêveur !
Mais la vieillesse n'est pas toujours si sage que l'on croit et Louis le sut un matin d'avril bleu et doré où l'aube annonçait une belle journée ! Il s'y connaissait en fleurs, il les aimait tant , il avait une préférence pour les gentilles discrètes, celles qui se contentent d'être belles mais il aimait aussi les exquises dangereuses qui cisaillaient la vie . Parmi elles, le Datura aux superbes fleurs blanches, utilisé dans quelques traditions perdues comme un hallucinogène et dont chaque partie était totalement toxique ! Louis avait dans sa grange un petit placard de sorcier dont il gardait la clé. Une petite folie, un secret de jardinier passionné, il y mettait les graines des fleurs qu'il ne plantait pas à cause de Jacynthe et certaines qui lui étaient inconnues, à étudier peut-être un jour prochain.
Jacynthe n'allait jamais dans la remise et n'aidait jamais Louis à quoi que ce soit ! Louis avait récupéré des graines de Datura, plus par curiosité que par préméditation, suite à un fait divers parlant de cette plante toxique et répandue dans la région, dans les champs, le long des chemins et dans les jardins. Les graines attendaient dans un bocal, leur heure de gloire ou de honte... Comment savoir ?
Ce matin bleu et doré, Jacynthe avait mal à la tête, un mal terrible qui la clouait au lit ! Louis en profita, et prépara pour son épouse , un petit déjeuner explosif. Il écrasa avec des gants, toutes les graines de datura qu'il avait cachées et les mit dans la chicorée de Jacynthe, ce faux café qu'elle adorait. Louis, lors des crises migraineuses de sa femme, avait pris l'habitude de la servir et elle trouvait cela bien normal ! Elle ne voulait jamais rien manger mais acceptait sa boisson du matin !
Il lui porta donc le poison, elle le but bien que trouvant son breuvage habituel fort amer ! Le datura mélangé aux autres médicaments de Jacynthe eut un effet presque immédiat : arrêt cardiaque... et ce fut tout !... Oui, ce fut tout, Jacynthe mourut. Personne ne la regretta et aucune enquête ne put conclure à un homicide puisque Louis se contenta de déclarer la disparition de son épouse. Elle n'était pas rentrée hier soir de sa promenade. La journée avait passé et dixit Louis, sa valise de jeune fille s'était évaporée tout comme elle. On lança des avis de recherche mais comme personne ne recherchait Jacynthe, tout s'arrêta au bout de quelques mois.
Louis, lui, n'avait pas pris de repos, il avait creusé un profond trou devant sa maison et y avait enterré Jacynthe, recouvrant le cruel fossé d'un terreau riche et sombre, puis il avait semé des graines. Les saisons firent le reste, il eut enfin son jardin extraordinaire ! Il gomma son passé et jeta toutes les fleurs en plastique, il apprivoisa un chat sans famille qu'il appela Hadès, en souvenir de cet acte infernal dont il avait bien conscience mais qu'il ne regrettait pas !
A quoi sert la vie si on ne sait pas l'aimer ?
Depuis, le monde tourne toujours, pas si rond que cela mais aucune mort ne l'arrête.
Louis a jeté la clé de son placard de sorcier et il est heureux. A ses heures perdues, il écrit un livre où il confesse son acte...il ne cherche pas le pardon quoique...
Le datura est aussi appelé « Herbe du Diable ». Louis le sait.
De toute façon, de fleurs, elle n'avait que ce prénom, elle était autoritaire, désagréable et maniaque ! Elle avait tout le temps mal à la tête et ses migraines la rendaient encore moins aimable ! Elle prenait beaucoup de médicaments et cela la rendait encore plus agressive !
Elle avait réussi par un miracle que seul, le hasard arrive parfois à tisser, à se faire épouser par Louis, un agriculteur au cœur sensible et aux mots rares.
Louis aimait son coin, la Loire qui le faisait rêver. Le fleuve achevait ses errances dans l'Océan Atlantique et parfois, il aurait aimé le suivre...Il aimait les châteaux qui bordaient les chemins de son enfance et comme il avait toujours vécu dans cette région, il les connaissait bien ; de Chambord à Azay le Rideau en passant par Cheverny ou Blois, il avait apprivoisé dans son cœur et sa tête, le moindre de ses endroits.
Il aimait aussi sa terre qu'il travaillait avec amour, sachant qu'elle le lui rendait. Elle était si belle quand les blés se levaient au vent, si riche quand les coquelicots s'infiltraient dans les herbes, si forte quand les orages faisaient ressortir ses odeurs les plus douces de terre mouillée. Il aurait voulu un jardin extraordinaire, scotché aux murs de sa maison. Il y aurait eu des roses pas seulement roses, des iris et des lys royaux, des violettes oubliées, du lin égaré, quelques dahlias en pompons, des ancolies délicates, du seringat odorant, une fleur d'hellébore et une Véronique de Perse... juste pour se croire ailleurs et chez soi en même temps, dans un désordre romantique et délicieux . Chaque fleur aurait eu sa place et cela aurait suffi au bonheur de Louis. Mais dans la réalité, il y avait Jacynthe et Jacynthe n'aimait que les fleurs en plastique , celles qui ne salissaient pas, ne se fanaient pas , qui restaient éternelles jusqu'au cimetière et même là-bas, elles avaient une place olympienne !
Pourquoi mais pourquoi Louis avait-il dit Oui à Jacynthe , pour le meilleur et pour le pire ? Une grossière erreur de jeunesse ! Il ne l'avait jamais vraiment aimée, il avait voulu s'épargner de la solitude et créer une famille. Hélas, le couple n'avait pas eu d'enfants, pas même un chat câlin ni une perruche bavarde ! Rien... la maison était bien tenue, propre, sage, la cuisine était correcte, sans fantaisie ni élan mais mangeable... et les vases, dix en tout, dispersés dans les pièces de la maison, offraient aux yeux des rares visiteurs invités, de magnifiques et superficiels bouquets de fleurs en plastique ! Il ne restait plus qu'à attendre la vieillesse en s'ennuyant sans colère ! La poussière des habitudes moroses peut parfois coller au coeur ! Louis s'ennuyait à mourir...Si Jacynthe avait su l'apprendre son Louis, tout aurait été différent !
Cinquante cinq ans de mariage sans amour, sans tendresse, sans complicité n'avaient pas rendu Louis, agressif, il était juste passif et malheureux et ses rares sourires, il ne les donnait qu'à sa terre. Jacynthe le savait mais s'en moquait, elle avait voulu un mari pour être une Dame, l'épouse honorable de Louis, l'agriculteur et depuis, elle avait vécu comme elle le voulait avec cet homme simple et bien trop rêveur !
Mais la vieillesse n'est pas toujours si sage que l'on croit et Louis le sut un matin d'avril bleu et doré où l'aube annonçait une belle journée ! Il s'y connaissait en fleurs, il les aimait tant , il avait une préférence pour les gentilles discrètes, celles qui se contentent d'être belles mais il aimait aussi les exquises dangereuses qui cisaillaient la vie . Parmi elles, le Datura aux superbes fleurs blanches, utilisé dans quelques traditions perdues comme un hallucinogène et dont chaque partie était totalement toxique ! Louis avait dans sa grange un petit placard de sorcier dont il gardait la clé. Une petite folie, un secret de jardinier passionné, il y mettait les graines des fleurs qu'il ne plantait pas à cause de Jacynthe et certaines qui lui étaient inconnues, à étudier peut-être un jour prochain.
Jacynthe n'allait jamais dans la remise et n'aidait jamais Louis à quoi que ce soit ! Louis avait récupéré des graines de Datura, plus par curiosité que par préméditation, suite à un fait divers parlant de cette plante toxique et répandue dans la région, dans les champs, le long des chemins et dans les jardins. Les graines attendaient dans un bocal, leur heure de gloire ou de honte... Comment savoir ?
Ce matin bleu et doré, Jacynthe avait mal à la tête, un mal terrible qui la clouait au lit ! Louis en profita, et prépara pour son épouse , un petit déjeuner explosif. Il écrasa avec des gants, toutes les graines de datura qu'il avait cachées et les mit dans la chicorée de Jacynthe, ce faux café qu'elle adorait. Louis, lors des crises migraineuses de sa femme, avait pris l'habitude de la servir et elle trouvait cela bien normal ! Elle ne voulait jamais rien manger mais acceptait sa boisson du matin !
Il lui porta donc le poison, elle le but bien que trouvant son breuvage habituel fort amer ! Le datura mélangé aux autres médicaments de Jacynthe eut un effet presque immédiat : arrêt cardiaque... et ce fut tout !... Oui, ce fut tout, Jacynthe mourut. Personne ne la regretta et aucune enquête ne put conclure à un homicide puisque Louis se contenta de déclarer la disparition de son épouse. Elle n'était pas rentrée hier soir de sa promenade. La journée avait passé et dixit Louis, sa valise de jeune fille s'était évaporée tout comme elle. On lança des avis de recherche mais comme personne ne recherchait Jacynthe, tout s'arrêta au bout de quelques mois.
Louis, lui, n'avait pas pris de repos, il avait creusé un profond trou devant sa maison et y avait enterré Jacynthe, recouvrant le cruel fossé d'un terreau riche et sombre, puis il avait semé des graines. Les saisons firent le reste, il eut enfin son jardin extraordinaire ! Il gomma son passé et jeta toutes les fleurs en plastique, il apprivoisa un chat sans famille qu'il appela Hadès, en souvenir de cet acte infernal dont il avait bien conscience mais qu'il ne regrettait pas !
A quoi sert la vie si on ne sait pas l'aimer ?
Depuis, le monde tourne toujours, pas si rond que cela mais aucune mort ne l'arrête.
Louis a jeté la clé de son placard de sorcier et il est heureux. A ses heures perdues, il écrit un livre où il confesse son acte...il ne cherche pas le pardon quoique...
Le datura est aussi appelé « Herbe du Diable ». Louis le sait.
et Louis, pourquoi ce subit passage à l’acte alors que son armoire de sorcier cache peut être des desseins pas si avouables… reste que cette histoire un tantinet immorale est joliment racontée…bravo Viviane
Bonne finale Viviane.