Les Fennecs et les zindéroises

Au bord du fleuve, j'ai planté des fleurs, au cœur d'un jardin. Là chaque jour, le guetteur des mots surgit pour donner voix à la poésie moderne, bon vent à la plume que j'envie! Enseignant ... [+]

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Si vous vous souvenez, la célèbre équipe de hand-ball de Niamey, dénommée les Fennecs, avait battu l'équipe de Dosso, les Binga-girls, sûrement. Ça s'est passé il y a trois semaines. Et aujourd'hui, les Fennecs rencontrent la puissante équipe de Zinder qui s'est déjà engagée à porter haut les couleurs de sa région, la cité du Damagaram, ou de Amadou kouran daga.
Le stade municipal de Niamey était plein à craquer. Depuis la veille du match, les zindérois venaient massivement pour soutenir leur contrée, l'engagée équipe, dénommée les Torrides-girls. Comme convenu, nos deux amis, Idi et Sani partirent très tôt, vers quatorze heures pour suivre de près les deux puissantes équipes. Sani s'est muni de sa caméra vidéo, tout est fin prêt pour immortaliser l'événement. Ils arrivèrent à bicyclette en un clin d'œil.

— Allons-y voir les Fennecs d'abord fit Idi en l'attirant vers lui.

Aussitôt, ils déambulaient dans une salle spacieuse, des bancs d'échauffement classés çà et là, des ballons de toutes les couleurs, des plus engagées aux moins engagées. L'histoire a été trop magnifique pour pouvoir la raconter à ciel ouvert.

— Tu vois reprit Idi, cette fille là, aux jambes écartées avec le ballon, l'on la surnomme la bête féroce, tu te souviens du match passé non...?

Quoique, Sani ne le suivait pas beaucoup, il s'est mis à les filmer et à les photographier. La célèbre dribbleuse à droite en position de pompe, elle leur passa son sourire.

— Tu ne penses pas, fit Sani, si on allait les interviewer, qu'en dis-tu frangin ?

— Même pas possible, reprit Idi en sursautant, je t'assure mec, tu vois le gorille là-bas qui nous lorgne ainsi...

— Quoi, Madame Ly l'entraîneuse. Non, non, c'est une vraie bouffonne celle-là, je m'en tape moi...

— Mais man, reprit Idi, jetons un coup d'œil chez les zindéroises, les Torrides-girls. Toutes aussi géantes les unes après les autres...

Nos deux amis les découvrirent en foulées et rebondissements, elles étaient vraiment la équipe, la mieux engagée dans ce tournoi. Elles répétaient à chaque entraînement :« il faut être engagé, pour décrocher le trophée.»
Elle se la disaient en tapant dans les mains et dans les cuisses.

— Tiens, regarde cette fille là-bas qui court, fit brusquement Sani, on la surnomme la flèche, pour d'autres fans c'est Flash même.

— D'après les statu quo, c'est toujours elle, la meilleure buteuse du tournoi.

— Et oui, au total vingt buts à son compteur, une véritable engagée.

— Hé, qu'est-ce-que vous foutez là, fit tout d'un coup, leur entraîneuse, Madame Hafsa. Elle portait un polo jaune et un sous-vêtement noir. Je vous informe que cet espace est privé, sortez tout de suite ou j'appelle la sécurité...

— Et bien appelle-les bouffonne, répliqua Sani, des gens comme vous madame, je m'en tape tous les jours.

— Viens, Sani, on s'en va, de toute façon, le match commencera dans dix minutes. Allons nous en cher ami, ainsi va la vie, et nous verrons bien qui est qui et qui sera qui sur le terrain. Tiens, éteins la caméra...
Un quart d'heure après, un premier coup de sifflet retentit, les joueuses se placent devant les nombreux gens qui applaudissent en fanfare.

— Tu vois, reprit Idi toujours en bon orateur, les joueuses de notre équipe de Niamey portent des maillots à bandes vertes, les zindéroises portent les maillots à bandes roses...

Sani hocha la tête tardivement, toujours muni de sa caméra, il ne voulait pas perdre un seul instant du match, les moments forts comme disent les spectateurs engagés.

— J'ai peur, reprit Idi en brandissant le drapeau des Fennecs portant leur logo.

— Et pourquoi cher ami?

— Tu ne vois donc pas que les Torrides-girls sont plus engagées que les nôtres... Hein frangin ?

Soudain, la célèbre joueuse zindéroise, la flèche, capte la balle en l'air, elle dribble, deux joueuses, trois joueuses, le public crie, les zindérois se lèvent, elle lance à toute force, la gardienne du camp adverse bloque la balle. Les spectateurs se calment, d'autres se tapent dans le dos sans le savoir.

— Tu vois mon ami, c'est ça le jeu, le fair-play, chacun trouve son compte, tout le monde oublie ses problèmes, c'est ça l'objectif du jeu...

— Très bien merci, grommela Sani. Tiens, regarde Zams qui prend le ballon, le numéro dix des Fennecs, elle élimine deux joueuses, elle fait la passe, ce n'est pas possible, quel but!

Idi faisait des grimaces en brandissant son drapeau de supporteur.
À la trentième minute, les Fennecs menaient au score de 10 à 4. La deuxième phase du match commença vers dix-sept heures, avec plus d'engagement que la première. Les joueuses se replacent. Sans plus tarder, une joueuse en maillot à bandes roses court avec le ballon, elle remet à flèche qui enchaîne en même temps, les zindérois crient, but! Ces derniers se démarquent jusqu'à revernir au score de 10 partout. Et nous sommes à dix minutes de la fin de cette demi-finale. Jamais les zindéroises ne se sont engagées à ce point. À deux minutes précisément de la fin du match, une joueuse, c'est ça, comme l'on la surnomme, la magicienne du feu, la célèbre Mariam des Fennecs, capte le ballon, elle se lance, les autres referment. Elle y va seule contre trois défenseures, elles les dribble, une à une d'abord et enfin le ballon s'écroule dans les filets, un goal, comme disent les anglais. Les supporteurs de Niamey se lèvent dans un ensemble en tendant les bras à même le temps : 11 à 10 en faveur de Niamey.
L'arbitre siffle la fin du match, les Fennecs se qualifient pour la finale, en attendant la rencontre de Maradi et Agadez dans les prochains jours.

— Tiens, reprit Sani, je te l'avais dit que cette bouffonne ne peut pas nous vaincre aussi facilement.

— Et en plus de cela, nous avons eu un très bon film, merci beaucoup cher ami.