Mère nature et ses vertus

Toute histoire commence un jour, quelque part où dans une entité vivant harmonieusement et paisiblement, fût la routine de raconter des histoires tragiques de génération à génération.Les acteurs de ces histoires furent des gens connus et certains appartinrent aux familles. La question que je me poses est de savoir s'il y a moyen d' éradiquer une fois pour toute les erreurs déjà constatés des générations antérieures. Ma réponse est : « Oui, il est possible ». Malheureusement, certains mènent des actions irresponsables, prenant le risque de faire disparaître leurs vies et celles des autres. L'action de l'homme sur l'environnement en est une illustration. En république démocratique de JURU, au début des années 1990, naquit Amadou, un charmant garçon doué, qui grandit paisiblement, et innocemment à HEHA, ce village qui fut longtemps frappé par de perpétuels sécheresses causés par une forte déforestation et la dégradation des écosystèmes naturels. HUNGA au lendemain du catastrophe naturelle, apparaissait comme la belle au bois dormant. L'utilisation incontrôlée des ressources prévoyait la chute de ce prospère village.
A un moment donné,comme par magie, la pluie s'était tarie. Le désert franchissait les portes du village à une vitesse de croisière. Toutes les composantes de la population furent touchées par les effets des changements climatiques, et furent obligées de développer d'autres moyens de survie. La nature mécontente avait pris ses reines. La frustration de la mère nature transforma les princes de HUNGA en plantons dans les grandes villes, les familles s'étaient disloquées, la société privée de ses moyens de régulation naturelle, était déstabilisée.
Après sa majorité, les vérités de la vie commençait à se faire sentir pour le jeune Amadou. Le grand jour était arrivé. JABWE, le père d'Amadou, un vieillard qui devait approcher les quatre-vingt-dix ans, était assis à son tabouret poussiéreux au dessus de cuir, affaissé comme un sac de patates. Il appela son fils et d'un visage bienveillant et intelligent, lui signifia que l'heure était arrivée de prendre sa destinée en main comme un vrai mâle. Amadou avait compris. Il quitta le toit familial et devait dorénavant subvenir à ses besoins. Comme son père JABWE, le charmant garçon devenu adulte, devait l'aider à trouver la ratio quotidienne. Dénicher le pain prospectait un travail titanesque. Les denrées alimentaires s' étaient raréfiées. Une décennie de lutte et de survie se faufila parmi les malheureux jours d'Amadou à HUNGA; et une pensée surgissa dans son esprit. Mais, il était encore indécis à l’idée de s’aventurer sur un voyage aussi dangereux. Pourtant, il fallait qu’il se décide. Il ne pouvait plus rester cloîtré dans ce réduit. Il y avait trop longtemps qu’il s’était réfugié entre ces murs de bois inhospitaliers. La dépression le rongeait à petit feu. Deux jours, trois jours, peut-être une semaine qu’il avait fui la
catastrophe ? Il ne savait plus. Il ne gardait que le souvenir des cris enfantins du village
prospère, le tintement lugubre de la cloche du mosquée, des sonorités de mortiers qui
accompagnaient les chants des femmes, de sa course à travers les gravats, les maisons
pailleuses.
Il envisagea de quitter le village, et de partir en EPEURA, ce monde des pays développés
qui projetait la réussite pour celui qui franchissait ces portes. C'était le rêve obsessionnel
des jeunes de Hunga.
Amadou l'infatigable, plein d'ambitions, se releva et décida de se battre pour la vie.
Malheureusement, il n'avait pas beaucoup de choix et ce fut le début de son calvaire. Avec
de dérisoires économies qu'il avait épargner, il quitta le village pour entamer un long
voyage, dangereux, au risque de perdre sa vie.
Il traversa les pays clandestinement, outrepassa les frontières illégalement; le nouveau
monde pour y parvenir n' était pas un jeu d'enfants.
La route impitoyable était devenue cauchemardesque pour les migrants. Les moyens de
locomotion déplorables, la terreur et l'enlèvement organisé par les narco-trafiquants, les
maladies de toutes sortes qui bondissaient sur des systèmes immunitaires mièvres, les
dangers de cette route pour Amadou et d'autres migrants furent multiples et innombrables.
La majeur partie de ces migrants dociles et ambitieux tombèrent au cours du voyage
laissant une volonté lointaine de franchir le nouveau monde.
Après une dizaine de jours, Amadou et son groupe faisaient face à un défi de taille. C'était
la traversée de la mer. Cette immense étendue d'eau qui s'était transformé en cimetière
pour une multitude de migrants. Ils étaient entassés sur une petite embarcation naviguant
sur les vagues déchaînées. La situation devenait chaotique dans ce paysage
apocalyptique attendant de les dévorer tels les charognards se léchant les babines
contemplant la carcasse d'une gazelle agonisant. Les rugissements crachés par les
frottements des vagues résonnaient fortement. L'embarcation impuissante était brusquée
par des flaques qui la secouait enlacement. Il y retentissait des cris de prières, de cris de
larmes au milieu de ce paysage affreux.
Une hippopotamesque vague rugissa comme le dernier soupir du vieux Bouakala. Avec
toute sa puissance et son aspect dévastateur, elle percuta violemment la petite
embarcation. Le choc sonna comme le coup d'épée finale qui transperça et focha les
cœurs de toutes ces âmes abandonnés au plein fond de la mer.
Amadou qui rêvait des merveilles du nouveau monde vit ces rêves anéantis par les vagues
et furent enseveli avec son corps englouti d'eau dans une cimetière improvisée, loin de son
village et de ses proches.
De même qu'il débarqua en sanglots et malheureux sur cette terre, le charmant garçon de HUNGA, reposa paisiblement au milieu de cette hécatombe. Sa mort retentit comme celle des milliers d'autres migrants qui continuent d'être enregistrer silencieusement aux yeux de l'humanité qui semble impuissant à réagir pour arrêter cette tragédie qui est la migration clandestine.