L'esclave libre

Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres mais je ne vous appellerai pas maître ». Vous n'êtes ni le premier ni le dernier à vouloir me dompter, lorsque je vous analyses vous êtes aussi typique que tous les autres, autant sur le plan physique que psychologique. Imbu de sa personne, belle plastique mais qui essaie de cacher son mal être à ce qui l'entoure en dominant toutes les personnes faibles. Une seule personne à mes yeux mérite ce titre et c'est une femme : ma voisine. Avant j'avais une famille normale (papa, maman et deux frères) jusqu'à ce fameux jour où ce que je pensais être un paradis s'est effondré comme un château de sable percuté par les vagues d'une mer agitée. J'ai été vendu au plus offrant parce que j'étais l'aînée et la seule fille. J'ai donc été jugé plus apte à faire du ménage dans les maisons de ceux qui étaient plus nantis que moi. C'était la troisième et oui j'avais de l'expérience ! ma première maison je l'ai nommé la maison blanche pas seulement à cause de la couleur de la maison mais à cause de ceux qui y vivaient.
La deuxième c'était la maison hantée. Imagine pourquoi ce nom !?! Cette nouvelle maison était composée de quatre personnages Mr LEROI (le chef de famille qui ne commandait personne mais qui voulait le faire avec moi), Mme IVECO (la vraie chef seul ses mots avaient de la valeur dans cette maison), Linda l'ainée, elle était différente des autres simple toujours souriante et disait ce qu'elle pense sans filtre. Si j'étais née de l'autre côté de la barrière on serait amis. Enfin, Henri le petit dernier qui avait que un an mais je pouvais déjà voir ce que l'avenir lui réservait avec un tel entourage. De toutes ces maisons j'ai tiré une seule leçon : les apparences sont trompeuses. Ne jamais se fier à la couleur, la grandeur ou la beauté d'une maison. Je n'ai pas eu la chance d'aller très loin dans mes études. Je me suis arrêtée à la classe de troisième par faute de moyens. En effet, à cause de cela je ne m'exprimais pas très bien et j'avais honte jusqu'au jour où je rencontrai ma nouvelle voisine. Elle venait d'emménager et nos maisons étaient juste séparées par un petit mur. C'était une femme passionnante qui vivait dans le même quartier que nous : un «matitis» (quartiers défavorisés du Gabon) mais ne ressemblait en aucune façon à ses habitants. Les matitis où mapanes ont des caractéristiques propres : des poubelles pleines à craquer comme gratte-ciels, des marées d'eaux comme piscines, des routes boueuses comme terrains de jeux pour les enfants. Mais ceux qui y habitent connaissent la signification du mot *solidarité.
Elle était belle, pieuse, gentille, mystérieuse. Mais ce n'est pas ces critères qui m'ont principalement attirés. Sa façon de s'exprimer, c'était magnifique ! Je voulais parler comme elle et la seule manière d'y parvenir était de m'approcher d'elle. J'ai beaucoup hésité et un jour j'ai finalement pris mon courage à deux mains, et ça été plus facile que je ne l'aurait cru, elle était exactement le genre de personne que j'imaginais....Elle m'appelait mon élève préféré, et elle était aussi ma maîtresse préférée. Les deux heures que je passais quotidiennement avec elle était les meilleures de ma journée. Sauf qu'à un moment j'avais remarqué des objets étranges dans son salon : des statues, des bougies rouges, des amulettes.
Je ne lui avais pas posé des questions parce que je me disais qu'entant qu'africaine elle était sûrement superstitieuse et elle faisait peut-être partie de ces personnes qui croyais au culte de nos ancêtres. Mais mon petit doigt me disait que j'allais le regretter. Chaque jour j'apprenais un nouveau mot, une nouvelle règle de grammaire et je recevais l'amour que ma mère n'avait pas le temps de me donner. Avant que je ne parte travailler dans ces maisons-là, elle m'avait donné une boîte fermée en me disant clairement qu'elle ne s'ouvrira que lorsque je serai en danger.
Aujourd'hui 'hui, ça fait deux ans que je l'ai pas vu mais lorsque je veux abandonner chaque mot chaque phrase, chaque leçon, qu'elle me donnait résonnent en moi comme une alarme. Dans cette maison les jours se ressemblaient les uns et les autres (corvées, bruits) la même routine. Depuis que je suis arrivée dans cette maison je n'ai reçu que deux appels courts et brefs de ma famille qui ne me faisait ni chaud ni froid, un seul appel pouvais me faire tressaillir de joie.
C'était un dimanche, j était allongée dans le coin qui me servait de chambre lorsque mes narines aperçussent une odeur de gaz, mes yeux piquait, je ne pouvais pas m'arrêter de tousser et tout à coup je vis des flammes surgir la maison était en feu et pas au sens figuré. Je me demandais ce que j'allais faire quand une lumière différente du feu jaillit de mon lit. Je me courbai pour voir ce qui se passait lorsque je fut aspirée par la boîte. Je suis arrivée dans un endroit méconnu mais j'entendis une voix très familière que je ne peux oublier : celle de ma voisine. C'est incroyable ! Elle se tenait devant moi, son physique avait changé elle n'avait plus de pieds mais se tenait debout. Ses yeux étaient complètement blanc comme ceux d'un revenant, elle avait une robe plus blanche que la neige (même si je n'en ai vu qu'à la télévision). Je voulais lui posé plusieurs questions lorsque soudainement je me rendis compte que ma bouche était fermée, comme si elle avait été cousue. Je me débattais pour l'ouvrir mais rien seul mes yeux et mes oreilles avaient l'air d'être intact. Je ne sentais plus mes mains et mes pieds ! J'essayai de comprendre ce qui se passait lorsque je me suis rendu compte que mon environnement avait littéralement changé. Il n'y avait plus de feu mais pas seulement ça, le sol était plus transparent qu'une goutte d'eau, l'air avait une odeur que je n'ai jamais inhalé de ma vie. Les murs où étaient-ils ? Ils avaient disparu ! Et le plafond se transforma en arc-en-ciel devant mes yeux.
Je n'avais jamais quitté Libreville ni visiter les villes annexes à celle-ci mais je pouvais mettre ma main à couper qu'un tel endroit n'existait nulle part sur la terre des vivants. Etais-je dans l'au-delà ? Je ne sais. Ma voisine réapparue et me dit aujourd'hui tu n'auras besoin que de deux choses : la vue et l'audition. Je sais que tu souffres en ce moment et que tu es triste mais maintenant c'est ton passé. Elle s'est assise sur un nuage et avait le soleil entre ses mains puis elle me dit : « dorénavant ta vie brillera plus fort que ce soleil ». Brusquement, elle se retrouvât devant moi et me souffla une poudre verte sur le visage. Je ne peux dire ce qui s'est passé par la suite, mais je me suis réveillée dans un lit qui n'était pas le mien.
C'était la chambre de Linda ! Dès que je me rendit compte je descendit rapidement du lit quand la porte s'ouvrit et j'entendis « bonjour chérie le chauffeur t'attends, fait vite ! »