Nouvelles
5 min
Université publique de l'Artibonite aux Gonaïves
L'écho du silence
Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extraterrestre. Ce samedi, comme de coutume, le cocorico d'un vieux coq m'avait déjà donné l'impression de la venue de l'aube. Du coup, je pris ma marchette, ma sacoche et je m'engageai dans le chemin conduisant à mon jardin.
À la faveur de cette brise d'aurore, je me hâtai vers ma corvée consistant à conserver mes grains de maïs. En l'espace d'un cillement, à l'autre extrémité du champ, à gauche de Bel-air, une localité où se trouvant des pompes à essence, m'attira par sa verdure. Par là, je remarquai combien le ciel était grisâtre où se mêlaient les voix désespérées d'un groupe de paysans n'hésitant pas à crier : « Oh secours ! Oh Secours ! Oh Secours ! »
Subitement, je fus attiré par leur détresse, et ma curiosité m'incita à s'approcher d'eux. Ce que je constatai alors, c'étaient ma sœur éplorée, ensuite une foule versant de larmes sur la grand-rue, et la ruine d'un grand nombre de maisons y compris le salon de Saint André. Puis, j'observais les corps de mes parents brûlés vifs. Tout ça, c'était à cause d'une opération incendiaire menée par une fédération de bandits.
Face à ce drame, je réfléchis un instant et me vint à l'idée d'en trouver une formule pouvant nous aider à s'y échapper. Entretemps, les gens se lamentaient, pleuraient et désespéraient.
Un abri c'est ce qui nous fallait nécessairement, après cinq heures de temps de recherche, de renseignements, nous en avions trouvé un à la rentrée d'un village voisin, Cap Rouge, où nous allions passer la première nuit. Plutôt qu'une nuit, nous décidions d'y habiter longtemps.
À maintes reprises, nous avions tant essayé de faire entendre nos voix auprès des tribunaux. La Justice ignora nos revendications à cause de sa connivence avec les bandits. En dépit de nos insistances, un seul cantique se fit entendre « l'enquête se poursuit...»
Alors, j'avais fait allusion au treizième verset du premier chapitre du livre Ecclésiaste qui s'écrivait ainsi :
« J'ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c'est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l'homme. » (Ecclésiaste 1 v 3)
Sur ce, je profitai de cette nuit lunaire, je m'engageai dans un long voyage à l'enquête de la justice. Sur la route, je constatai qu'il était minuit. Voilà le début de l'embrouillement nocturne. Des cabris firent des courses à bicyclettes. Après chaque carrefour, des gens hautement bizarres desservirent des tables ornées de toutes sortes de mets. Ce soir, entre rêver et cauchemarder, quelle est ma situation?
Entretemps, je percevais le son des tambours, des chants d'éloge à Legba et tant d'autres esprits du vaudou, perturbaient le silence de la nuit.
Identifier où se trouva l'ambiance de cet air de sérénade me fut un défi. Finalement, un chien blanc, assis sur son cheval, posa sur le sol ses pieds hominoïdes, m'avait rapproché et parlé ainsi :
— Que cherchez-vous ici à ces heures ? N'êtes-vous pas informé de la réalité de cette localité ?
Peureusement, je répondis:
— Oui maître ! J'en suis informé. Mais, les situations me paraissent une obligation à laquelle je suis assujetti.
Ma réponse ne fut que l'application d'un rituel dans la façon de répondre aux gens singuliers au milieu de la nuit. Car, chaque région a sa réalité nocturne différente. Au Cap Rouge, la nuit elle-même constituait un monde nouveau.
Puis il continua :
— Ne vous inquiétez pas ! Demandez au maître carrefour le laissez-passer, puis vous le trouverez à votre guise.
Le chef carrefour accepta ma demande et je fus transporté. Auprès de la porte, un vieux aux barbes rouges, sous sa tonnelle, s'assit sur sa chaise en cuir de tigre m'acceuillit. Inversement, il m'avait serré les mains. Il prit la parole et dit:
—Mon garçon ! Vous avez la vaillance d'un vrai nègre. Où l'avez-vous trouvée ?
— Papa, on ne confie jamais les rênes d'une armée aux enfants. Ma bravoure n'est qu'une imposition que la vie m'a faite.
— Quelle parole de sagesse ! Les loas vous saluent avec leur ayibobo. Les loas m'avaient informé de votre visite et c'est grâce à tout ça que vous êtes arrivez ici sain et sauf. Que cherchez-vous au juste ici?
— Papa ! J'ai cherché la justice faite par les loas via leurs lois. Je viens de venger le sang de ma famille disparue injustement.
— Vous n'êtes pas dans un tribunal, mais avec moi le houngan Blaise, votre affaire bénéficiera d'une bonne procédure pénale. Notre seule différence avec la Justice, c'est qu'elle punisse suivant le niveau de l'infraction commise. Ici, toute infraction est punie par la mort.
Les chants engagés, inspirés par les esprits ancestraux, le son des tambours, furent les bienvenus des esprits. Le loa Ogou, colérique de tempérament, frappa sa tête contre les murs, mangea des charbons allumés, au moment de son apparition.
« Mesdames, messieurs, bonsoir ! Pour qui on m'a évoqué avant la venue de l'aube ? Quelle urgence ! » Dit-il, le loa.
— Bonsoir maître ! Moi, j'ai besoin de votre soutien. Répondis-je.
Tout d'un coup, le loa traça un vèvè et retraça les meurtriers et promit qu'il allait les sanctionner convenablement. Par là, la justice du vaudou fera son chemin.
Je jeûnai pendant sept jours parce que le vaudou et les chiffres impaires ont un bon rapport de fortification. L'imposition faite par les ordonnances du vaudou, sept jours au jeûne, sans rien en prendre, privé de tout, furent les parties motrices de la procédure qui allaient sanctionner les coupables. Après les moments de jeûne, je partis sous la pression d'une atmosphère orageuse pour y parvenir encore à mon endroit habituel.
Comme le houngan me le demanda, je m'y rendis à nouveau dans son fief pour évaluer le résultat des travaux effectués par les loas qui allaient s'exprimer au silence des lois républicaines.
À mon grand étonnement, le samedi dix-huit novembre 2017, j'ai surpris trente des vingt bandits où lors de leurs inhumations, c'était en ma présence.
Le premier des serviteurs du houngan me rapprocha en me disant :
— Ne faites pas de vous un garçon peureux, sinon vous serez la cible du malheur. Il insista.
Il s'était hâté de me faire parvenir dans un enclos de bananier, par là, je comptai environs soixante dix personnes qui entrèrent au four et au moulin. La portée extravagante de l'audience, le fait d'identifier ces personnes qui, avant leur trépas, leurs corps furent consumés, eurent toujours leur souffle de vie ainsi que leurs formes initiales. Ce qui retint mon attention pourrait être la cause de la stupéfaction de tout un chacun. Comment une personne inhumée peut revenir à la vie? Quel tohu-bohu ! Le monde devient trop complexe.
Je fatiguai de faire voyager ma réflexion dans un air d'illusion, du coup, je m'interrogeai :
— Qui vit réellement? Qui meurt réellement ? La vie et la mort sont-elles un état d'esprit?
Le serviteur tira de sa poche un cigare et il l'alluma. Il prit une taffe, et il retint les fumées. Par la suite, en ouvrant sa bouche fumée, il dit:
— Établir un parallèle entre la vie et la mort, même le commun des mortels peut justifier la parallèle. Par contre, identifier les zombies parmi les vivants, cet objet d'étude n'est pas le propre des gens ordinaires. Je n'ai pas même cette capacité pour vous dire si je suis vivant ou un mort-vivant, une information qui me revient de droit.
Puis, il continua en marchant :
— Ici on a un marché. Nous achetons, vendons des zombies. Ne vous inquiétez pas pour ces individus là que vous avez assistés à leurs funérailles. Ce sont eux qui ont brûlé vifs vos feus parents. Ils sont les fils du système. Face à leurs situations désastreuses, le silence des lois s'est grandement remarqué. Les yeux de Maât ne sont plus bandés. Par là, les loas s'expriment en raison du dérangement causé par l'écho du silence des lois établies.
À la faveur de cette brise d'aurore, je me hâtai vers ma corvée consistant à conserver mes grains de maïs. En l'espace d'un cillement, à l'autre extrémité du champ, à gauche de Bel-air, une localité où se trouvant des pompes à essence, m'attira par sa verdure. Par là, je remarquai combien le ciel était grisâtre où se mêlaient les voix désespérées d'un groupe de paysans n'hésitant pas à crier : « Oh secours ! Oh Secours ! Oh Secours ! »
Subitement, je fus attiré par leur détresse, et ma curiosité m'incita à s'approcher d'eux. Ce que je constatai alors, c'étaient ma sœur éplorée, ensuite une foule versant de larmes sur la grand-rue, et la ruine d'un grand nombre de maisons y compris le salon de Saint André. Puis, j'observais les corps de mes parents brûlés vifs. Tout ça, c'était à cause d'une opération incendiaire menée par une fédération de bandits.
Face à ce drame, je réfléchis un instant et me vint à l'idée d'en trouver une formule pouvant nous aider à s'y échapper. Entretemps, les gens se lamentaient, pleuraient et désespéraient.
Un abri c'est ce qui nous fallait nécessairement, après cinq heures de temps de recherche, de renseignements, nous en avions trouvé un à la rentrée d'un village voisin, Cap Rouge, où nous allions passer la première nuit. Plutôt qu'une nuit, nous décidions d'y habiter longtemps.
À maintes reprises, nous avions tant essayé de faire entendre nos voix auprès des tribunaux. La Justice ignora nos revendications à cause de sa connivence avec les bandits. En dépit de nos insistances, un seul cantique se fit entendre « l'enquête se poursuit...»
Alors, j'avais fait allusion au treizième verset du premier chapitre du livre Ecclésiaste qui s'écrivait ainsi :
« J'ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c'est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l'homme. » (Ecclésiaste 1 v 3)
Sur ce, je profitai de cette nuit lunaire, je m'engageai dans un long voyage à l'enquête de la justice. Sur la route, je constatai qu'il était minuit. Voilà le début de l'embrouillement nocturne. Des cabris firent des courses à bicyclettes. Après chaque carrefour, des gens hautement bizarres desservirent des tables ornées de toutes sortes de mets. Ce soir, entre rêver et cauchemarder, quelle est ma situation?
Entretemps, je percevais le son des tambours, des chants d'éloge à Legba et tant d'autres esprits du vaudou, perturbaient le silence de la nuit.
Identifier où se trouva l'ambiance de cet air de sérénade me fut un défi. Finalement, un chien blanc, assis sur son cheval, posa sur le sol ses pieds hominoïdes, m'avait rapproché et parlé ainsi :
— Que cherchez-vous ici à ces heures ? N'êtes-vous pas informé de la réalité de cette localité ?
Peureusement, je répondis:
— Oui maître ! J'en suis informé. Mais, les situations me paraissent une obligation à laquelle je suis assujetti.
Ma réponse ne fut que l'application d'un rituel dans la façon de répondre aux gens singuliers au milieu de la nuit. Car, chaque région a sa réalité nocturne différente. Au Cap Rouge, la nuit elle-même constituait un monde nouveau.
Puis il continua :
— Ne vous inquiétez pas ! Demandez au maître carrefour le laissez-passer, puis vous le trouverez à votre guise.
Le chef carrefour accepta ma demande et je fus transporté. Auprès de la porte, un vieux aux barbes rouges, sous sa tonnelle, s'assit sur sa chaise en cuir de tigre m'acceuillit. Inversement, il m'avait serré les mains. Il prit la parole et dit:
—Mon garçon ! Vous avez la vaillance d'un vrai nègre. Où l'avez-vous trouvée ?
— Papa, on ne confie jamais les rênes d'une armée aux enfants. Ma bravoure n'est qu'une imposition que la vie m'a faite.
— Quelle parole de sagesse ! Les loas vous saluent avec leur ayibobo. Les loas m'avaient informé de votre visite et c'est grâce à tout ça que vous êtes arrivez ici sain et sauf. Que cherchez-vous au juste ici?
— Papa ! J'ai cherché la justice faite par les loas via leurs lois. Je viens de venger le sang de ma famille disparue injustement.
— Vous n'êtes pas dans un tribunal, mais avec moi le houngan Blaise, votre affaire bénéficiera d'une bonne procédure pénale. Notre seule différence avec la Justice, c'est qu'elle punisse suivant le niveau de l'infraction commise. Ici, toute infraction est punie par la mort.
Les chants engagés, inspirés par les esprits ancestraux, le son des tambours, furent les bienvenus des esprits. Le loa Ogou, colérique de tempérament, frappa sa tête contre les murs, mangea des charbons allumés, au moment de son apparition.
« Mesdames, messieurs, bonsoir ! Pour qui on m'a évoqué avant la venue de l'aube ? Quelle urgence ! » Dit-il, le loa.
— Bonsoir maître ! Moi, j'ai besoin de votre soutien. Répondis-je.
Tout d'un coup, le loa traça un vèvè et retraça les meurtriers et promit qu'il allait les sanctionner convenablement. Par là, la justice du vaudou fera son chemin.
Je jeûnai pendant sept jours parce que le vaudou et les chiffres impaires ont un bon rapport de fortification. L'imposition faite par les ordonnances du vaudou, sept jours au jeûne, sans rien en prendre, privé de tout, furent les parties motrices de la procédure qui allaient sanctionner les coupables. Après les moments de jeûne, je partis sous la pression d'une atmosphère orageuse pour y parvenir encore à mon endroit habituel.
Comme le houngan me le demanda, je m'y rendis à nouveau dans son fief pour évaluer le résultat des travaux effectués par les loas qui allaient s'exprimer au silence des lois républicaines.
À mon grand étonnement, le samedi dix-huit novembre 2017, j'ai surpris trente des vingt bandits où lors de leurs inhumations, c'était en ma présence.
Le premier des serviteurs du houngan me rapprocha en me disant :
— Ne faites pas de vous un garçon peureux, sinon vous serez la cible du malheur. Il insista.
Il s'était hâté de me faire parvenir dans un enclos de bananier, par là, je comptai environs soixante dix personnes qui entrèrent au four et au moulin. La portée extravagante de l'audience, le fait d'identifier ces personnes qui, avant leur trépas, leurs corps furent consumés, eurent toujours leur souffle de vie ainsi que leurs formes initiales. Ce qui retint mon attention pourrait être la cause de la stupéfaction de tout un chacun. Comment une personne inhumée peut revenir à la vie? Quel tohu-bohu ! Le monde devient trop complexe.
Je fatiguai de faire voyager ma réflexion dans un air d'illusion, du coup, je m'interrogeai :
— Qui vit réellement? Qui meurt réellement ? La vie et la mort sont-elles un état d'esprit?
Le serviteur tira de sa poche un cigare et il l'alluma. Il prit une taffe, et il retint les fumées. Par la suite, en ouvrant sa bouche fumée, il dit:
— Établir un parallèle entre la vie et la mort, même le commun des mortels peut justifier la parallèle. Par contre, identifier les zombies parmi les vivants, cet objet d'étude n'est pas le propre des gens ordinaires. Je n'ai pas même cette capacité pour vous dire si je suis vivant ou un mort-vivant, une information qui me revient de droit.
Puis, il continua en marchant :
— Ici on a un marché. Nous achetons, vendons des zombies. Ne vous inquiétez pas pour ces individus là que vous avez assistés à leurs funérailles. Ce sont eux qui ont brûlé vifs vos feus parents. Ils sont les fils du système. Face à leurs situations désastreuses, le silence des lois s'est grandement remarqué. Les yeux de Maât ne sont plus bandés. Par là, les loas s'expriment en raison du dérangement causé par l'écho du silence des lois établies.