Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre.
Seule petite fille dans une toute petite famille de garçons ; deux frères, trois cousins, pas de tantes. Seule fille d'une longue lignée d'hommes. D'un côté très attendue dans la famille, de l'autre on appréhende ma venue. Les années passent. En recherche de moi-même, autour de tous les garçons de la famille, je me suis essayé à être un garçon moi aussi. J'ai troqué les jupes que ma mère me mettait pour revêtir des joggings plus larges les uns que les autres. J'ai choisi le bleu plutôt que le rose, le football plutôt que la danse, les LEGO plutôt que les barbies. J'étais devenue une fille qui se transforme en garçon aux yeux des autres. Dans ma tête, je restais une fille qui faisait juste ce qu'elle voulait. Et puis, je pensais que faire comme les garçons ça pourrait m'aider pour me fondre dans la masse de la famille, ne pas être à l'écart, ne pas être l'extra-terrestre.
En voulant éviter d'être l'extra-terrestre, je le suis devenue. Une petite fille qui ne met pas de jupe, qui veut taper dans un ballon plutôt que d'enfiler un tutu, qui préfère Foot de rue plutôt que Dora l'exploratrice ; c'est ça le véritable extra-terrestre. Bien loin de l'excitation qu'a ressenti ma mère lors de ma naissance, on ne se comprenait désormais plus. À 12 ans, c'est bien difficile de comprendre pourquoi mettre un jogging ce n'est pas bien quand on est une fille, alors que les garçons peuvent le faire ; on les encourage à faire ce pourquoi on me réprimande. Fatiguée de toutes ses remontrances, petit à petit, jai commencé à refuser d'aller faire une partie de football. Je n'ai plus voulu jouer au football puisqu'on ne voulait pas que je le fasse. Petit à petit, j'ai décidé d'obéir, de me conformer aux attentes qu'on avait de moi.
La petite fille, qu'on aurait pu confondre avec un garçon, a laissé pousser ses cheveux. Elle a troqué les bas trop amples pour des pantalons plus collants. Ses formes commençaient à pointer le bout de leurs nez, on pouvait les devinait sous ses vêtements trop serrés. Le football s'est transmet en solfège ; déjà plus féminin aux yeux de sa mère. Fini les après-midi à rigoler avec les cousins pendant les repas de famille, la jeune fille restait seule désormais. Les regards ont changé. Sa mère s'est attendrie, sa famille l'a félicitait d'être enfin devenue une vraie fille.
« Il était temps. » J'acquiesce pour ne pas froisser.
« Regarde comme tu es belle avec cette robe. » Je souris pour ne pas alarmer.
« Le football ce n'est pas un sport de fille de toute façon, c'est mieux comme ça. » Je dis que je suis d'accord.
« Le rose te va beaucoup mieux que le bleu ! » Je rigole.
À trop suivre les attentes des autres, la jeune fille s'est perdue. Elle s'est renfermée sur elle même. Elle s'est cachée, fondu dans la masse. Ni trop fille, ni trop garçon. Pas trop présente. La plus invisible possible. Son sourire s'est envolé comme le ballon au dessus de la cloture. Plus de solfège. Plus rien. Un pantalon, un pull, ni trop large ni trop serré, ni trop foncé ni trop clair. L'ombre d'elle même mais conforme à ce qu'on attend d'elle alors ça ne dérange plus.
Puis vient la rébellion. La rencontre qui fait qu'elle réalise que c'est sa vie. Une fille aux cheveux courts qui vit comme elle le souhaite. Sans se soucier de maman, de papa, de mamie, des autres. Une fille qui vit pour elle sans suivre les codes. La rebellion. Voila qu'elle s'éloigne. Après toutes ses années d'enfermement, elle explose. Elle rejette ses parents, ne veut plus être leur fille comme ils ne voulaient pas qu'elle soit trop masculine autrefois. Si c'est ainsi, alors elle ne sera plus rien. Elle veut être ce qu'elle veut, sans remontrance, sans regard de travers, sans honte, juste ce qu'elle veut sans complexe.
« - C'est qu'une crise d'ado ! Elle se rebelle mais ça passera.
Non, non, non ! »
On ne m'écoute pas. On ne m'entend pas. Mais c'est décidé. On ne me façonnera plus.
La jeune fille met des jupes les jours où elle le veut, l'échange contre un gros jogging quand elle n'est pas d'humeur. Elle attache ses cheveux pour jouer au football. Se maquille pour aller voir ses copains et ses copines. Tout ça très loin de ses parents. Ses parents qui voient la transformation se faire, qui la voient s'échapper sans pouvoir la retenir, sans même essayer de comprendre la raison, le pourquoi du comment. Ils voient leur fille filer sous leurs yeux mais ne bougent pas.
Cette fille a grandit. Elle a muri. Elle a compris. De toute façon, personne n'est assez bien pour être conforme aux attentes qu'on a de lui. Personne n'est véritablement normal mais il vaut mieux ne pas l'être du tout, mais être heureux.
Alors oui. Je suis différente. Singulière. Entière. Pas dans les codes. Pour ma mère, un extra terrestre qui ne veut pas obéir. Une fille trop exposée car trop différente. Une fille qui dénote. Moi je suis différente, mais moi je suis moi.
Seule petite fille dans une toute petite famille de garçons ; deux frères, trois cousins, pas de tantes. Seule fille d'une longue lignée d'hommes. D'un côté très attendue dans la famille, de l'autre on appréhende ma venue. Les années passent. En recherche de moi-même, autour de tous les garçons de la famille, je me suis essayé à être un garçon moi aussi. J'ai troqué les jupes que ma mère me mettait pour revêtir des joggings plus larges les uns que les autres. J'ai choisi le bleu plutôt que le rose, le football plutôt que la danse, les LEGO plutôt que les barbies. J'étais devenue une fille qui se transforme en garçon aux yeux des autres. Dans ma tête, je restais une fille qui faisait juste ce qu'elle voulait. Et puis, je pensais que faire comme les garçons ça pourrait m'aider pour me fondre dans la masse de la famille, ne pas être à l'écart, ne pas être l'extra-terrestre.
En voulant éviter d'être l'extra-terrestre, je le suis devenue. Une petite fille qui ne met pas de jupe, qui veut taper dans un ballon plutôt que d'enfiler un tutu, qui préfère Foot de rue plutôt que Dora l'exploratrice ; c'est ça le véritable extra-terrestre. Bien loin de l'excitation qu'a ressenti ma mère lors de ma naissance, on ne se comprenait désormais plus. À 12 ans, c'est bien difficile de comprendre pourquoi mettre un jogging ce n'est pas bien quand on est une fille, alors que les garçons peuvent le faire ; on les encourage à faire ce pourquoi on me réprimande. Fatiguée de toutes ses remontrances, petit à petit, jai commencé à refuser d'aller faire une partie de football. Je n'ai plus voulu jouer au football puisqu'on ne voulait pas que je le fasse. Petit à petit, j'ai décidé d'obéir, de me conformer aux attentes qu'on avait de moi.
La petite fille, qu'on aurait pu confondre avec un garçon, a laissé pousser ses cheveux. Elle a troqué les bas trop amples pour des pantalons plus collants. Ses formes commençaient à pointer le bout de leurs nez, on pouvait les devinait sous ses vêtements trop serrés. Le football s'est transmet en solfège ; déjà plus féminin aux yeux de sa mère. Fini les après-midi à rigoler avec les cousins pendant les repas de famille, la jeune fille restait seule désormais. Les regards ont changé. Sa mère s'est attendrie, sa famille l'a félicitait d'être enfin devenue une vraie fille.
« Il était temps. » J'acquiesce pour ne pas froisser.
« Regarde comme tu es belle avec cette robe. » Je souris pour ne pas alarmer.
« Le football ce n'est pas un sport de fille de toute façon, c'est mieux comme ça. » Je dis que je suis d'accord.
« Le rose te va beaucoup mieux que le bleu ! » Je rigole.
À trop suivre les attentes des autres, la jeune fille s'est perdue. Elle s'est renfermée sur elle même. Elle s'est cachée, fondu dans la masse. Ni trop fille, ni trop garçon. Pas trop présente. La plus invisible possible. Son sourire s'est envolé comme le ballon au dessus de la cloture. Plus de solfège. Plus rien. Un pantalon, un pull, ni trop large ni trop serré, ni trop foncé ni trop clair. L'ombre d'elle même mais conforme à ce qu'on attend d'elle alors ça ne dérange plus.
Puis vient la rébellion. La rencontre qui fait qu'elle réalise que c'est sa vie. Une fille aux cheveux courts qui vit comme elle le souhaite. Sans se soucier de maman, de papa, de mamie, des autres. Une fille qui vit pour elle sans suivre les codes. La rebellion. Voila qu'elle s'éloigne. Après toutes ses années d'enfermement, elle explose. Elle rejette ses parents, ne veut plus être leur fille comme ils ne voulaient pas qu'elle soit trop masculine autrefois. Si c'est ainsi, alors elle ne sera plus rien. Elle veut être ce qu'elle veut, sans remontrance, sans regard de travers, sans honte, juste ce qu'elle veut sans complexe.
« - C'est qu'une crise d'ado ! Elle se rebelle mais ça passera.
Non, non, non ! »
On ne m'écoute pas. On ne m'entend pas. Mais c'est décidé. On ne me façonnera plus.
La jeune fille met des jupes les jours où elle le veut, l'échange contre un gros jogging quand elle n'est pas d'humeur. Elle attache ses cheveux pour jouer au football. Se maquille pour aller voir ses copains et ses copines. Tout ça très loin de ses parents. Ses parents qui voient la transformation se faire, qui la voient s'échapper sans pouvoir la retenir, sans même essayer de comprendre la raison, le pourquoi du comment. Ils voient leur fille filer sous leurs yeux mais ne bougent pas.
Cette fille a grandit. Elle a muri. Elle a compris. De toute façon, personne n'est assez bien pour être conforme aux attentes qu'on a de lui. Personne n'est véritablement normal mais il vaut mieux ne pas l'être du tout, mais être heureux.
Alors oui. Je suis différente. Singulière. Entière. Pas dans les codes. Pour ma mère, un extra terrestre qui ne veut pas obéir. Une fille trop exposée car trop différente. Une fille qui dénote. Moi je suis différente, mais moi je suis moi.