A la Conquête du Bonheur

Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. Parfois je me demande « Et si quelqu'un pourrait choisir sa vie, choisirais-je tout ce que j'ai vécu ? Vous, lecteur, quel serait votre réponse ? ».
On m'a toujours imposé des règles dans la vie au point de penser que la vie elle-même m'a été imposée sans la demander. Je n'ai jamais su comment m'imposer, ni comment être maître de mon destin. J'ai toujours été la personne qui regardait autour d'elle, sans savoir où précisément. Je contemplais le vide autour de moi et je ne trouvais personne. Personne auprès de qui se réfugier. Personne auprès de qui se réconforter. Je contemplais ce vide en attendant un signe, n'importe quel signe, peut être même un espoir qui me dira : «Sois fort. Ne renonce pas à tous les rêves de ton enfance et à qui tu voulais être avant. N'aie pas peur, tu y arriveras ». J'avais tellement envie d'entendre ces mots, mais comme il n'y avait personne pour me les dire, j'ai finis par me les raconter moi-même.
En effet, j'avais peur du futur, je le redoutais. Et en tant que jeune homme avec plein de désirs et d'ambitions, j'étais, comme on peut le dire, une boule de rêves, enfermée sur elle-même, et qui, avec chaque instant qui passait, le futur approchait effaçant avec lui un de ses rêves. J'avais peur de ne pas avoir le temps de pouvoir réaliser au moins un d'eux. Le temps passait et je me souciais toujours de l'avenir. Pourrais-je trouver le juste milieu entre la candeur et le vice, la fragilité et la dureté, la tendresse et la ténacité, la liberté et la docilité, pour être un homme accompli ?
J'étais différent des autres par la façon de penser. Peut-être ma mère l'avait remarqué, et donc pour compenser cette différence elle a fait autant que possible pour que je devienne à l'image de ce garçon qu'elle se faisait dans la tête. Le garçon qu'elle aurait tant aimé avoir à ma place. Pour ma part, ressembler aux autres était hors de question. Pourquoi ne pas être soi-même ? Pourquoi faut-il toujours travailler sur soi pour plaire aux autres ? Mais, d'une autre part, à cause de cette différence, je me sentais exclus, comme si j'étais dans un autre monde. Cette ambiguïté m'a toujours rongé les pensées : rester comme je suis et être mal-intégré, ou être comme les autres et dire au revoir à la solitude ? Quel serait le bon choix ?
Suis-je différent de ce monde ? Ou le monde est-il différent de moi ? Qui pourrait bien le savoir ? Suis-je peut être celui dont Tolstoï en avait parlé : un de ces hommes dont on peut dire avec raison que je ne suis pas fait pour ce monde?
Et si chacun de nous se sentais différent de l'autre ? Si chacun de nous osait montrer sa différence, cette dernière ne semblerait-elle pas normale ? Suis-je le seul ?
La solitude est si lourde à supporter que je me demande parfois : pourquoi personne ne veut m'écouter ? Pourquoi personne ne veut venir à moi, et me demander « Comment tu vas ? » ? Toutes les personnes de ce monde souffrent de manque de sentiments. Les bien-aimés deviennent après un certain temps des étrangers et la vie n'aura plus de goût. Alors on nous dit qu'il faut rêver. Rêver pour oublier toutes ses peurs, et pour enfin dire adieu aux malheurs et essuyer les larmes de tous nos pleurs. C'est pour ça, rêver est important.
Mais comment faire pour continuer à rêver dans un monde qui ne nous le permet pas ? Comment se révolter pour avoir le droit de rêver ?
Je suis maintenant à la conquête du bonheur. Je ne sais pas où il se cache, mais le trouver, j'en suis croyant. Car c'est le temps de vivre heureux en ne pensant plus à rien mais en écoutant la voie de mon cœur qui me dit : « Fais tout ce que tu rêves de faire et marche en avant, à la recherche du bonheur. Même si personne ne te comprend, il y aura toujours une personne qui te réconciliera. Donc ne rebaisse jamais les bras. »