« La beauté sera comestible ou ne sera pas. »
La place de la ville
Avant 1914, la France est influente et Paris rayonne dans le monde entier. L’aube du siècle voit l’invasion du bâtiment, du construit, dans les villes : c’est le début des gratte-ciels.
La tour Eiffel est construite pour l’exposition universelle, tas de ferraille tournée en dérision et méprisé par tous les artistes parisiens ; un manifeste lancé par Zola abat « l’ombre odieuse de la tour de tôle boulonée » ! Elle est censée être démontée après l’évènement mais, devenue symbole de la puissance française, elle a su nous apprivoiser !
Socialement, la ville est le lieu de la fête et des excès, hymne à la joie. Cependant au milieu de cet enthousiasme général persiste un sentiment de solitude qui hante surtout le parisien : au milieu de la foule, l’homme est seul. De plus en plus les français se rassemblent dans les villes.
« Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? »

La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, du poète Blaise Cendrars et de la peintre Sonia Delaunay
Les Guerres mondiales et les surréalistes
Durant la première guerre mondiale, la France est affaiblie mais elle sort victorieuse en 1918, et se voit attribuer un rôle central dans la Société Des Nations, donc une influence concrète à l’échelle mondiale.
Dans l’entre-deux-guerres pourtant, le climat est à l’incompréhension et le groupe surréaliste veut casser les certitudes artistiques d’avant-guerre avec Eluard, Aragon, Desnos et Breton en chef de file.
L’homme est réifié, ce n’est plus qu’une machine, la femme est devenue un objet sexuel. L’opinion générale préfère se dire que les hommes n’ont plus rien d’humain plutôt que d’assumer pleinement ses erreurs et ses fautes.
La seconde guerre mondiale arrive, inévitable mais cette fois-ci ce n’est plus seulement une guerre de patrie mais une guerre idéologique. La France est envahie en 1940. De nombreux artistes partent aux Etats-Unis où ils peuvent continuer de créer librement. C'est le cas de Marcel Duchamp par exemple.

Fontaine ready-made de Marcel Duchamp, 1917
L'après-guerres
La troisième république résiste à la première guerre mondiale mais pas à l’invasion allemande de 1939 ; et le régime du maréchal Pétain entraîne une division des français, les résistants et les « collabos », division qui meurtrit la France durant longtemps. Suit la quatrième république mais seule la cinquième, à la fin du siècle, accèdera à une certaine stabilité.
La France n’a que peu de répit pour se lever car, après avoir perdu son importance internationale, elle est prise au piège de la guerre d’Algérie qui marque la perte de ce qui a fait sa plus grande gloire au début du siècle : ses colonies. Elle se replie alors sur elle-même et ne prendra qu’une très faible part dans la lutte contre le communisme et l’URSS entamée par les Etats-Unis.
Pourtant trente années de croissance rapide font croire que l’avenir sera meilleur : ce sont les trente glorieuses (1950-1980), mais les chocs pétroliers successifs, la montée en puissance des grands pays émergents, et un manque de compétitivité facilité par l’enrichissement et une protection sociale hors pair, préparent des difficultés qui apparaissent avant la fin du XXème siècle.
L'absurde
La France s’extirpe de cette guerre certes dans le camp des vainqueurs mais blessée et humiliée. Cette fois encore une réaction violente naît du côté des arts. Les écrivains engagés à la suite de Sartre et Camus commencent (au moins pour certains !) à douter du communisme. L’absurde émerge avec Camus, et particulièrement au théâtre avec Beckett ou Ionesco. Assister aux pièces de ces derniers, c’est accepter de laisser sa raison de côté et de parfois ne rien comprendre à l’enchaînement des répliques. Patience, on attend Godot !
D'ailleurs qui est-il ce Godot ? Beaucoup pense que c'est un dérivé de "God", que cette pièce évoque l'attente des hommes en un dieu qui n'existe pas ou qui les ignore. Cependant Beckett lui-même a vivement contesté cette interprétation : « Si j'avais voulu faire entendre cela, je l'aurais appelé Dieu, pas Godot ! »
Les pièces se terminent souvent par un retour au début, la notion de pièce perpétuelle rappelle le retour de la guerre mondiale comme si les hommes n’apprenaient pas de leurs erreurs. Une ambiance particulière d’attente et de solitude laisse planer un certain vide chez les personnages comme celui qu’on peut trouver chez des hommes essoufflés et déshumanisés par plusieurs années de guerre.
La littérature au XXème
Même si ce n'est pas vraiment du court,on ne peut laisser de côté les grands auteurs « fleuve » qui ont marqué la première moitié du siècle, romanciers, dramaturges, poètes : dans le désordre Cocteau le génialissime, Péguy, Claudel, des romanciers comme Proust, Cendrars, Céline ; puis Giono, voire Martin du Gard. Heureusement certains firent bref : Raymond Radiguet, et plus tard François Mauriac ! Des hommes de théâtre : Anouilh, Giraudoux, Sartre, meilleur quand il écrit à Huit clos ! Chacun de nos lecteurs /auteurs dira quels furent ses « maîtres »....

Nous sommes très fiers de voir que la répartition des prix Nobel de littérature témoigne du talent français : en moyenne un, voire deux français, se le voit attribué chaque décennie, à commencer par Sully Prudhomme en 1901, si bien que la France est le pays ayant le plus de prix Nobel de littérature à la fin du siècle. Elle obtient son treizième en 2000 avec Gao Xingjian. Aujourd’hui elle tient encore la première place avec quatorze prix soit 12,7 % des prix.