« Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. »
La fin de la monarchie absolue

Si le règne de Louis XIV était l’apogée de la monarchie française, le XVIIIème voit sa rapide décadence à travers Louis XV qui marque son déclin et Louis XVI qui subit sa chute.
Dès la mort de Louis XIV, sous la régence du duc d’Orléans, on observe un relâchement des mœurs et de l’autorité royale. Se fiant au système de Law, le Régent crée une banque d’Etat et procure de la monnaie papier aux citoyens qui apportent leur argent.
Mais cette fortune facile est vite dépensée et, lorsque l’inquiétude, puis la panique gagnent ceux qui avaient trop dépensé, la transaction ne peut plus se faire dans l’autre sens : la France fait banqueroute.
Louis XV gagna certes la guerre contre l’Autriche mais il rendit tous les territoires conquis, tandis que la Prusse avec qui la France était alliée les conserva. Puis lors de la guerre contre ce puissant royaume et contre l’Angleterre, la France perdit ses colonies du Canada et de l’Inde.
L'évolution des moeurs
Une forte réaction contre les jansénistes et l’austérité de la cour s’exprime. Le Régent est un exemple de débauche et la banqueroute achève de créer un climat de confusion sociale. Les philosophes réhabilitent les passions et instincts et prônent le goût du bonheur. Une immoralité cynique s’élève, encouragée par l’atmosphère de frivolité qui règne dans les salons : on rit des défaites de la France, la vie devient un jeu.
Cependant, Rousseau réagit au milieu du siècle et prévient contre cette décadence des mœurs : c’est l’objet de son premier Discours. Il exercera une forte influence sur la société en transmettant le goût de la vie simple, de la vertu et une morale de l’émotion.
Les centres d'influence sociale
La cour a perdu son prestige et cesse d’être le centre du pays ; désormais les sources de l’opinion sont les salons, les cafés et les clubs. Les salons reprennent de l’importance : ils font et défont les réputations, peuvent procurer admirateurs et aide matérielle aux écrivains. En regroupant les écrivains, les philosophes et autres penseurs, ils sont le lieu de conversations brillantes et d’émulation intellectuelle. Fénelon, Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, d’Alembert se retrouvent ainsi au « bureau » de l’esprit de Mme de Tency ou au « royaume » de Mme Geoffrin.

Les cafés sont de véritables rendez-vous des philosophes : le café Procope est encore fameux pour avoir accueilli Fontenelle, Voltaire, Diderot mais aussi des philosophes étrangers comme Benjamin Franklin.
La France dans le monde
Si la France a perdu sa suprématie militaire, elle sert de modèle dans l’Europe entière dans la littérature, les arts, la mode, l’élégance et l’esprit. Les cours étrangères cherchent à attirer les grands penseurs français, aussi les écrivains se disent-ils européens, voire citoyens du monde comme Montesquieu qui affirme : « Si je savais une chose utile à ma nation qui fut ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d’être français, ou bien parce que je suis nécessairement homme et que je ne suis français que par hasard. » La philosophie se présente comme un idéal de paix et de civilisation.
L’influence de l’Angleterre est prépondérante en France : Voltaire et Montesquieu voient dans son régime politique des leçons de tolérance et de liberté, Locke et Swift enrichissent la pensée philosophique française, les clubs et le thé sont importés, on préfère les parcs à l’anglaise aux jardins à la française.
Les troubles de la fin de siècle
En 1774, à la mort de Louis XV, Louis XVI prend le pouvoir. Mais les difficultés économiques, le mécontentement croissant du peuple devant les privilèges, l’opposition des ministres et du Parlement aux réformes qui tentent d’éviter l’orage, conduisent le pays et la monarchie dans une impasse.
La Révolution éclate en 1789, la première République est proclamée en 1792, mais la révolution s’emballe et la guillotine règne ; on décapite et le roi et tout opposant ou soupçonné opposant de la république : c’est la Terreur.
Robespierre, meneur politique majeur, en est lui aussi victime : sa mort marque la fin de cette période en 1794.
Le Directoire représente une seconde tentative pour instaurer un régime stable sur une base constitutionnelle mais il reste faible ; il est à la merci du coup d’état de Napoléon Bonaparte, le 18 brumaire 1799...
