ClassiqueClassique

« En raclure de piedz et vieulx houseaulx ;
En sang d’aspic et drogues venimeuses ;
En fiel de loups, de regnards et blereaux,
Soient frittes ces langues envieuses ! »

Extrait des Langues ennuyeuses, François Villon

Mais qu'est-ce donc ?

Le Moyen-âge s’étend de la chute de l’Empire romain d’Occident (en 476) à la prise de Constantinople par les Turcs (en 1453). Cependant, le Moyen-âge littéraire français ne débute lui qu’au IXème siècle : la Cantilène de Sainte Eulalie est la première œuvre littéraire de notre langue !

Nous sommes souvent ingrats envers ce millénaire : il est renié par la Renaissance qui ne voit en lui que l’expression de la barbarie de l’homme, il est rejeté par les Lumières qui n’y retrouvent que fanatisme et grossièreté. Aujourd’hui qu’est-ce pour nous ? Une période durant laquelle les hommes mangent avec les doigts, se tuent sauvagement et traitent les femmes n’importe comment.

Tout cela n’est pas faux mais peut-on vraiment juger 977 ans d’un seul bloc, parce que la douche n’existait pas ?

L’histoire linguistique et littéraire est étroitement liée au contexte politique : en effet c’est avec Hugues Capet que l’ancêtre du français, le roman, fut adopté en masse. Les Croisades (1096-1270) et la Guerre de Cent ans (1337-1453) sont autant d’affrontements militaires qui inspireront la littérature. Enfin, la fin de cette guerre, avec l’investissement dévoué de Jeanne d’Arc, marque la naissance d’un sentiment d’appartenance nationale.

La présence prédominante de la foi

Au XIème siècle, le goût de l’épopée s’aiguise et à la fin de ce siècle éclosent les chansons de geste (comme chacun le sait, gesta signifie « action » en latin). Les exploits des héros de chair et d’os, des héros militaires, sont contés.

La plus connue est La chanson de Roland dont l’auteur est inconnu. Il relate le combat et le sacrifice de Roland, neveu de Charlemagne, dans une croisade qui dure depuis sept ans.

L’homme du Moyen-âge fait preuve d’une foi immense qui se trouvera sublimée dans les Croisades : la première est lancée en 1095 (prise de Jérusalem) et en précédera sept autres. Saint Louis (ou Louis IX) mourut lors de la huitième en ayant réussi à leur redonner une dimension religieuse : elles avaient vite dérivé en exacerbation de violence gratuite et de pillages.

Le système féodal

Le chevalier est admiré, c’est l’image de l’homme respectable et courtois par excellence. En effet, le système féodal domine en ces temps-là : un suzerain possède des fiefs (portion de territoires) et des vassaux qui sont sous son autorité. Un fossé se creuse dans les villes entre la noblesse, désormais atteignable que par hérédité, et les bourgeois. Ce contexte social est parfaitement retranscrit par Ken Follet dans son diptyque Les Piliers de la Terre, Un Monde sans fin.

Le mythe du chevalier respectable et de l’amour courtois se voit sublimé avec Chrétien de Troyes qui popularisa la quête du Graal de Perceval, ou des personnages tels que Lancelot. En s’approchant de la fin du Moyen-âge, leurs exploits ne sont plus dictés par la fidélité au suzerain mais par l’ « amour courtois. » Leur courtoisie se traduit par une vertu mise à l’épreuve des caprices de la belle. Les séductions d’aujourd’hui n’ont pas vraiment les mêmes bases…

Dans le cadre du système féodal, le roi n’est d’abord qu’un seigneur parmi d’autres, mais au fil du millénaire, il prend de plus en plus d’importance à partir du XIème siècle jusqu’à être saint comme Louis IX qui meurt en 1270. Lui succèdent les « rois maudits » dont les règnes sont traités par Maurice Druon dans une fresque de sept ou six tomes (les débats sont ouverts) dans laquelle il prend toutefois quelques libertés.