Une aventure sans précédent :
Nous sommes à deux mois du début de la Queen-Cup, la phase finale de la plus prestigieuse compétition de football réservée aux équipes nationales féminines de la sous-région ouest-africaine, pour laquelle s’était qualifiée par pure chance, voire miraculeusement, l’équipe du Togo, cinq mois auparavant. Logées dans le groupe B des éliminatoires avec les équipes de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal et de la Guinée, les togolaises, toutes issues du championnat interclubs local de niveau amateur, étaient classées quatrième à l’entame de la dernière journée des éliminatoires qui se sont déroulées en six journées au total. Etant éliminées sur le papier au premier coup de sifflet de ce dernier match des éliminatoires qu’elles livraient face aux Sénégalaises, les Togolaises (surnommées Eperviers Dames), tout comme l’ensemble du peuple togolais, gardaient un brin d’espoir en vue de cette qualification qui, au cas où elle est acquise, serait la toute première du genre pour le pays. Malgré le fait qu’elles évoluaient à domicile au stade municipal de Lomé (capitale du pays), les Togolaises eurent beaucoup de mal à dérouler le jeu. Elles subirent d’ailleurs durant toute la rencontre le haut pressing imposé par l’adversaire.
En toute fin de match, à la dernière des quatre minutes de temps additionnel accordés par l’arbitre de la partie, le cours des événements changea brusquement en faveur du Togo. En effet, sur un dégagement d’Aminata, l’arrière-garde sénégalaise, la balle heurta au dos une défenseuse centrale de son équipe qui se trouvait lors aux abords de la surface de réparation. La balle fit demi-tour et reprit le chemin de la cage sénégalaise. N’étant pas prédisposée à un retour aussi rapide de la balle, Aminata ne put rien pour l’empêcher de franchir la ligne de but. Score final : 1-0 pour le Togo qui se qualifia ainsi en tant que meilleur troisième des éliminatoires. Ayant validé son ticket la journée précédente, le Sénégal ne s’inquiéta guère.
Pour préparer la phase finale, Mme Kayi, la sélectionneuse de l’équipe du Togo, convoqua trois stages qui s’achevaient chacun par un match amical international, histoire de rehausser le niveau de son équipe pour espérer une bonne place dans le classement final. Les Eperviers Dames perdirent lourdement chacun des trois matchs amicaux. Conscient du niveau amateur de son équipe nationale, le public togolais, même s’il souhaitait que cette sélection aille loin, était persuadé qu’elle en avait très peu de chances. Même la sélectionneuse partageait cette idée qu’elle exprima implicitement aux journalistes peu avant le départ de la délégation togolaise pour le Mali, pays organisateur, en disant : «Nous y allons pour apprendre», une sorte d’excuses au cas où les résultats seraient pareils à ceux des rencontres amicales.
Quelques jours plus tard, l’heure étant aux quarts de finale, le Togo affronta en match d’ouverture le Mali. Consciente du faible niveau de son équipe, Mme Kayi avait mis en place un système collectif de défense et d’attaque de telle sorte que les insuffisances individuelles soient compensées par le bloc-équipe. Cette stratégie permit aux Togolaises de tenir tête aux athlétiques maliennes devenues méconnaissables, vues leurs précédentes performances. L’on assistait à un match très équilibré lorsqu’en fin de partie, les Eperviers Dames obtinrent un coup-franc suite à une faute malienne dans le demi-camp malien. La capitaine togolaise Mafille, la victime de la faute, se chargea d’exécuter le coup-franc. Elle prit un élan qui trompa à la fois le mur formé par cinq joueuses maliennes et l’arrière-garde de cette équipe. Le mur sauta pour dévier son tir qui, au contraire, étant à ras de terre, passa par-dessous le mur et franchit la ligne de but par l’angle extrême, hors de portée de la gardienne de buts. Le Togo était alors en demi-finale.
Fier de son équipe, l’Etat togolais envoya au Mali un grand nombre de supporters, histoire de motiver davantage la sélection. Dans le dernier carré figuraient le Cameroun, le Niger, le Sénégal et le Togo. Les Togolaises croisèrent les crampons avec les Nigériennes en demi-finale. N’étant pas aussi professionnelle, l’équipe du Niger redoutait celle du Togo. Mais déjà à la demi-heure de jeu, le Niger menait par 3-0 et ce fut le score à la pause.Au retour des citrons, Rachida, une jeune joueuse du Niger qui disputait son tout premier match officiel avec l’équipe nationale comme remplaçante inscrivit à la 62ème minute le quatrième but du Niger. Emerveillée par sa performance et pour la célébrer, elle se mit torse nu. L’arbitre de la partie lui attribua un carton rouge direct, synonyme d’expulsion. Pour protester contre cette décision arbitrale, quatre de ses coéquipières se mirent aussi torse nu, espérant que l’arbitre revienne sur sa décision. Ce dernier attribua à chacune d’elles un carton rouge, portant le nombre d’expulsées à cinq. Il arrêta aussitôt le match, attribuant aux Togolaises une victoire par 3-0 conformément au règlement qui stipule que l’équipe qui écope d’au moins cinq cartons rouges soit battue par ce score.
Dans le camp togolais, la joie et l’émotion étaient au rendez-vous. Elles se rendaient compte de leurs chances de remporter le trophée final. L’équipe intensifia ses entrainements, mettant tous les moyens pour rehausser son niveau. La grande finale arriva et en face, c’était l’équipe du Sénégal qui avait une sorte de revanche à prendre sur celle du Togo. Face aux professionnelles du Sénégal, le jeu fut compliqué pour les amateurs Togo. L’équipe subit le match, plia mais ne rompit point. Un score nul et vierge sanctionna la partie. Revigorées lors de la première partie des prolongations, les Togolaises prirent le jeu à leur compte et la capitaine Mafille réussit à ouvrir le score juste avant la petite pause. Secouées, la réaction des Sénégalaises ne s’était pas fait attendre. Elles maitrisèrent totalement la seconde partie et inscrivirent dans la foulée le but égalisateur. 1-1 sera le score final. La fatidique séance des tirs au but s’imposa.
Dans chaque camp, les dix joueuses de champ réussirent un contre-pied parfait. Aicha, la portière togolaise, réussit aussi à mettre la balle au fond des filets. A son tour, Aminata la portière sénégalaise mit une sèche frappe cadrée face à Aicha. Mais cette dernière, ayant sauté du bon côté, put empêcher la balle de rentrer dans sa cage, aidée par ses longs et durs cheveux tressés qui dévièrent très légèrement la balle de sa trajectoire initiale.
Partie de nulle part, l’équipe du Togo devint championne de la plus prestigieuse compétition footballistique internationale réservée à la gent féminine. Elle reçut le trophée et toutes les récompenses auxiliaires. Deux jours après ce sacre, c’était la date du retour au bercail pour la délégation togolaise. Le public, très fier de ses ambassadeurs, les attendait avec impatience à l’aéroport de la capitale lorsqu’il fut informé que l’un des avions de la délégation nationale avait une panne de réacteurs en plein désert du Sahara, et qu’il pourrait faire un terrible crash : c’était l’avion qui transportait les membres de la fédération, le staff technique, les récompenses matérielles et financières puis les joueuses, elles qui s’étaient données corps et âme pour sauver l’honneur du pays.
Nous sommes à deux mois du début de la Queen-Cup, la phase finale de la plus prestigieuse compétition de football réservée aux équipes nationales féminines de la sous-région ouest-africaine, pour laquelle s’était qualifiée par pure chance, voire miraculeusement, l’équipe du Togo, cinq mois auparavant. Logées dans le groupe B des éliminatoires avec les équipes de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal et de la Guinée, les togolaises, toutes issues du championnat interclubs local de niveau amateur, étaient classées quatrième à l’entame de la dernière journée des éliminatoires qui se sont déroulées en six journées au total. Etant éliminées sur le papier au premier coup de sifflet de ce dernier match des éliminatoires qu’elles livraient face aux Sénégalaises, les Togolaises (surnommées Eperviers Dames), tout comme l’ensemble du peuple togolais, gardaient un brin d’espoir en vue de cette qualification qui, au cas où elle est acquise, serait la toute première du genre pour le pays. Malgré le fait qu’elles évoluaient à domicile au stade municipal de Lomé (capitale du pays), les Togolaises eurent beaucoup de mal à dérouler le jeu. Elles subirent d’ailleurs durant toute la rencontre le haut pressing imposé par l’adversaire.
En toute fin de match, à la dernière des quatre minutes de temps additionnel accordés par l’arbitre de la partie, le cours des événements changea brusquement en faveur du Togo. En effet, sur un dégagement d’Aminata, l’arrière-garde sénégalaise, la balle heurta au dos une défenseuse centrale de son équipe qui se trouvait lors aux abords de la surface de réparation. La balle fit demi-tour et reprit le chemin de la cage sénégalaise. N’étant pas prédisposée à un retour aussi rapide de la balle, Aminata ne put rien pour l’empêcher de franchir la ligne de but. Score final : 1-0 pour le Togo qui se qualifia ainsi en tant que meilleur troisième des éliminatoires. Ayant validé son ticket la journée précédente, le Sénégal ne s’inquiéta guère.
Pour préparer la phase finale, Mme Kayi, la sélectionneuse de l’équipe du Togo, convoqua trois stages qui s’achevaient chacun par un match amical international, histoire de rehausser le niveau de son équipe pour espérer une bonne place dans le classement final. Les Eperviers Dames perdirent lourdement chacun des trois matchs amicaux. Conscient du niveau amateur de son équipe nationale, le public togolais, même s’il souhaitait que cette sélection aille loin, était persuadé qu’elle en avait très peu de chances. Même la sélectionneuse partageait cette idée qu’elle exprima implicitement aux journalistes peu avant le départ de la délégation togolaise pour le Mali, pays organisateur, en disant : «Nous y allons pour apprendre», une sorte d’excuses au cas où les résultats seraient pareils à ceux des rencontres amicales.
Quelques jours plus tard, l’heure étant aux quarts de finale, le Togo affronta en match d’ouverture le Mali. Consciente du faible niveau de son équipe, Mme Kayi avait mis en place un système collectif de défense et d’attaque de telle sorte que les insuffisances individuelles soient compensées par le bloc-équipe. Cette stratégie permit aux Togolaises de tenir tête aux athlétiques maliennes devenues méconnaissables, vues leurs précédentes performances. L’on assistait à un match très équilibré lorsqu’en fin de partie, les Eperviers Dames obtinrent un coup-franc suite à une faute malienne dans le demi-camp malien. La capitaine togolaise Mafille, la victime de la faute, se chargea d’exécuter le coup-franc. Elle prit un élan qui trompa à la fois le mur formé par cinq joueuses maliennes et l’arrière-garde de cette équipe. Le mur sauta pour dévier son tir qui, au contraire, étant à ras de terre, passa par-dessous le mur et franchit la ligne de but par l’angle extrême, hors de portée de la gardienne de buts. Le Togo était alors en demi-finale.
Fier de son équipe, l’Etat togolais envoya au Mali un grand nombre de supporters, histoire de motiver davantage la sélection. Dans le dernier carré figuraient le Cameroun, le Niger, le Sénégal et le Togo. Les Togolaises croisèrent les crampons avec les Nigériennes en demi-finale. N’étant pas aussi professionnelle, l’équipe du Niger redoutait celle du Togo. Mais déjà à la demi-heure de jeu, le Niger menait par 3-0 et ce fut le score à la pause.Au retour des citrons, Rachida, une jeune joueuse du Niger qui disputait son tout premier match officiel avec l’équipe nationale comme remplaçante inscrivit à la 62ème minute le quatrième but du Niger. Emerveillée par sa performance et pour la célébrer, elle se mit torse nu. L’arbitre de la partie lui attribua un carton rouge direct, synonyme d’expulsion. Pour protester contre cette décision arbitrale, quatre de ses coéquipières se mirent aussi torse nu, espérant que l’arbitre revienne sur sa décision. Ce dernier attribua à chacune d’elles un carton rouge, portant le nombre d’expulsées à cinq. Il arrêta aussitôt le match, attribuant aux Togolaises une victoire par 3-0 conformément au règlement qui stipule que l’équipe qui écope d’au moins cinq cartons rouges soit battue par ce score.
Dans le camp togolais, la joie et l’émotion étaient au rendez-vous. Elles se rendaient compte de leurs chances de remporter le trophée final. L’équipe intensifia ses entrainements, mettant tous les moyens pour rehausser son niveau. La grande finale arriva et en face, c’était l’équipe du Sénégal qui avait une sorte de revanche à prendre sur celle du Togo. Face aux professionnelles du Sénégal, le jeu fut compliqué pour les amateurs Togo. L’équipe subit le match, plia mais ne rompit point. Un score nul et vierge sanctionna la partie. Revigorées lors de la première partie des prolongations, les Togolaises prirent le jeu à leur compte et la capitaine Mafille réussit à ouvrir le score juste avant la petite pause. Secouées, la réaction des Sénégalaises ne s’était pas fait attendre. Elles maitrisèrent totalement la seconde partie et inscrivirent dans la foulée le but égalisateur. 1-1 sera le score final. La fatidique séance des tirs au but s’imposa.
Dans chaque camp, les dix joueuses de champ réussirent un contre-pied parfait. Aicha, la portière togolaise, réussit aussi à mettre la balle au fond des filets. A son tour, Aminata la portière sénégalaise mit une sèche frappe cadrée face à Aicha. Mais cette dernière, ayant sauté du bon côté, put empêcher la balle de rentrer dans sa cage, aidée par ses longs et durs cheveux tressés qui dévièrent très légèrement la balle de sa trajectoire initiale.
Partie de nulle part, l’équipe du Togo devint championne de la plus prestigieuse compétition footballistique internationale réservée à la gent féminine. Elle reçut le trophée et toutes les récompenses auxiliaires. Deux jours après ce sacre, c’était la date du retour au bercail pour la délégation togolaise. Le public, très fier de ses ambassadeurs, les attendait avec impatience à l’aéroport de la capitale lorsqu’il fut informé que l’un des avions de la délégation nationale avait une panne de réacteurs en plein désert du Sahara, et qu’il pourrait faire un terrible crash : c’était l’avion qui transportait les membres de la fédération, le staff technique, les récompenses matérielles et financières puis les joueuses, elles qui s’étaient données corps et âme pour sauver l’honneur du pays.