Une nuit obscure

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. »
Un dimanche matin, je me suis réveillé très tôt pour aller à l’église accompagné de toute la famille, connu sous le nom de Petit Roger, je suis le plus populaire de mon quartier dans cette ville si florissante que l’horizon sourit vespéralement autant que matinalement qui n’est autre que Pignon, à la fin de la messe je passais prendre quelques amis parmi lesquels : Ben et Josh pour une petite balade en ville comme à l’ordinaire. Dans la ruelle Acacia habite une fille dont je suis éperdument tombé amoureux, elle avait succombé à toutes mes flagorneries.

Chez nous, nos parents nous conseillent toujours de rester à la maison la nuit suivant un enterrement. Ce soir-là je me suis dit que quoi qu’il en soit, je devrais voir à tout prix Wandlie ; son père n’était pas là et elle avait l’habitude d’aller à DINEWES Bar avec ses copines de danse tous les dimanches dans la soirée, passé à côté d’une telle occasion serait une erreur fatalement fatale, mon amour pour elle a obnubilé mon jugement nonobstant que je sache qu’il a eu un enterrement pendant la journée en allant chez Shelky.

La nuit tombe, moi et mes potes sommes allés directement dans ce bar sans se soucier de la suite, comme prévu, nous les avons vues entrain de vider des verres qui étaient sans doute remplis de « Gwòg Pa m’ » c’était leur préféré et nous sommes venus compléter la bande pour continuer la fête en leur offrant de verres supplémentaires. J’ai vite saisi l’occasion pour mettre tout au clair avec Wandlie et ça a marché mais le vrai problème, c’est que nous étions beurrés. Il commençait à se faire tard quand nous avons décidé de s’en aller, moi, j’allais ramener Wandlie chez elle mais je n’ai pas pu arriver à destination malheureusement parce que j’avais trop peur, c’était trop calme et sombre. Arrivés au point de bifurcation, nous étions séparés pour que chacun puisse rentrer chez soi.

Couvert par cette ignominie, j’ai repris le chemin en pensant à la façon dont je vais mettre au point mon mea culpa le lendemain matin, j’étais sur le point d’aller m’entasser au coin de la rue quand j’ai entendu des pas et des bruits étranges derrière moi, le temps s’est rasséréné et agité en même temps dans ma tête et quand je me suis retourné ; j’ai vu quelqu’un fouetter dans le vide en disant : « mache, mache frenk ! Ou dwe konnen bitasyon papa a te dous. » Je me suis dit : mais, c’est quoi ce machin ? Ce qui est sûr c’est que je n’étais pas en train de délirer même si j’étais comme un page au milieu d’une page d’un océan d’une histoire aristocratiquement alcoolique. À force de me rapprocher j’ai remarqué un truc tout blanc, on dirait une espèce de mort-vivant avec des yeux ensanglantés et un visage de déterré, pieds nus, marchant par-dessus des aiguilles tendus au sol ; et là, mon sang se glaçait dans mes veines, mes cheveux se hérissaient et je n’arrivais plus à placer un seul mot. Cette mésaventure ne m’est jamais arrivée avec une telle frayeur sempiternelle qui me ronge que je me suis questionné sur mon existence pendant cet instant, sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci continue à frapper le pauvre éternellement, à cet instant, je méritais un Oscar pour tous les films que je me suis fait dans ma tête jusqu'à penser que je vais me faire *hécatomber, du coup, je suis devenu *Bruxiste avec mon courage anodin qui veut aller coûte que coûte au secours du pauvre.

J’étais las d’entendre ces bruits alors je continuais mon chemin tout en tremblant sans plus, en empruntant l’Avenue Notre Dame dans le seul but de regagner mon domicile. Mon esprit était instable donc j’ai dû courir jusqu'à ce que je me suis époumoné pourtant ; je voyais près de chez moi, les chiens qui aboient d’une voix blanche simultanément ce qui me rendait malade avec cette cacophonie que je n’arrivais plus à supporter, le mot qui me vient tout de suite à l’esprit c’est « Galpòt » j’étais la seule personne présente sur la route, in illo tempore pourquoi ils aboient comme ça ? Ils n’ont pas l’habitude de faire ça en ma présence et c’était la première fois mais de quoi s’agit-il ? Peut-être qu’ils voyaient quelqu’un ou quelque chose d’autre, l’image était floue de loin mais à quelque pâté de maisons je croyais voir un veau tout en noir avec des cornes spiralées et des yeux rougeâtres clignotant comme un pulsar post-supernovæ qui s’avance, par curiosité à l’encontre des leçons de vie nocturne de mes parents, j’ai attendu qu’il soit prêt de moi pour y voir plus clair et contre toute attente, il devient doux et paisible, ce comportement me rappelle la personne morte et enterrée aujourd’hui puisque je la connaissais, on habitait le même quartier. Est-ce bien elle mais en une version différente ? Mais pourquoi leur comportement est-il similaire ? La personne soi-disant responsable de sa mort aurait-pu la faire revenir sous une autre forme la nuit pour être à sa merci ?

Et là j’ai vite su qu’il y avait quelque chose qui cloche et je rentre chez moi avec une vélocité exceptionnelle toutefois selon la légende après avoir vécu un tel évènement, il faut se déshabiller complètement avant de pénétrer à l’intérieur et de ne rien raconter à qui que ce soit jusqu’au lendemain et c’est ce que je dois faire puisque je ne veux pas passer pour une tête de mule.



*1-verbe provient du mot hécatombe
*2-adjectif dérivé de bruxisme
N.B : ces mots (mots-fantôme) existent seulement dans le [Colasionnaire]