Le coma

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Voilà que depuis je ne sais combien de temps je n’arrive ni à ouvrir les yeux, ni à ouvrir la bouche, ni à bouger mon corps. Je me demande bien si je ne suis pas mort mais vu que je ne vois ni ange, ni démon, ni paradis, ni enfer alors peut-être, on m’a encastré dans une boîte noire. Ce qui est terrible est que je ne peux même pas voir mon foutu corps, mon âme non plus tellement le noir absorbe l’espace. D’ailleurs suis-je même dans un espace ? En plus c’est frustrant, de parler tout seul, personne pour m’entendre et personne pour me répondre. De mon côté, je n’entends personne. Mon Dieu, où suis-je?
{Après 53 jours} Voilà, maintenant une longue période que je ne sais plus qui je suis et ce qui s’est passé pour que je me retrouve dans cet endroit. J’ai beau essayé de me souvenir de mes vécus passés, de qui je suis et même d’essayer de me projeter vers le futur mais aucune réponse. En plus je ne peux ni rire, ni pleurer; je ne ressens aucune fatigue, aucune énergie, aucune force et, je n’ai ni faim ni soif. Donc aucune réaction à signaler. Puis soudainement j’entendis un bruit semblable à celui d’une montre qui sonne « tinte- tinte» et aussi un autre semblable à une personne qui essouffle sans arrêt. Cette situation miraculeuse me donna l’espoir de croire que je vais prochainement voir la lumière. Ensuite, il m’est parût les questions : suis-je la personne qui essouffle ? Ou est-ce mon réveil qui me prévient que c’est l’heure de se réveiller ? Alors, je me suis encore concentré pour essayer d’ouvrir les yeux afin de sortir dans ces ténèbres mais en vain. C’est ainsi, que j’ai entendu des pas qui devenaient de plus en plus stridents en s’approchant de l’être que j’étais. Puis, ils s’estompèrent laissant place aux voix :
-Bonjour Mariama ! Comment se porte le chanceux ? Demanda une voix un peu rauque.
-Bonjour Docteur Guèye ! Son état est stable, répondit Mariama, pas de progression ni de régression, il est toujours dans le coma.
-Merci infirmière ! Espérons que son état évolue d’ici un mois sinon nous risquons de le perdre. D’ailleurs ses parents sont là. Vous pouvez les appeler : ordonna le docteur Guèye.
Voilà, donc j’ai eu ma réponse, cet endroit est le coma, blackout total, peut-être c’est le lieu de transition entre le monde des vivants et celui des morts. Maintenant je me demande bien comment je vais me battre pour sortir de cet coma et retourner au près des miens. Le docteur Guèye était toujours là car j’entendais les petits bruits de pas et des choses qu’il touchait. Après, quelques minutes, des personnes entrent dans l’endroit où j’étais physiquement. Ces personnes et le docteur se saluèrent et puis commencent à discuter :
-Bonjour Mr et Mme Ba ! J’espère que vous tenez le coup ? S’interroge le Docteur après les salutations.
-Oui, nous faisons tout pour rester fort afin de soutenir notre fils même si sa mère pense qu’il n’y a plus d’espoir pour qu’il nous revienne, répondît Mr Ba, mon père en interrogeant le docteur. Comment est son état docteur ? Est-ce qu’il évolue ?
- Son état est stable pas d’évolution pour l’instant mais quand même, nous avons confiance durant ces jours qui viennent de voir une amélioration, répondît le docteur et continua en ces termes, il faut bien tenir le coup madame et garder espoir et surtout prier le Seigneur pour qu’il le ramène.
-Rassurez –vous docteur, je fais de mon mieux pour rester forte. Puisse m’approcher de mon fils ? demanda Mme Ba, ma mère.
-Oui Madame allez-y, dit le docteur.
C’est ainsi que j’entendis cette voix merveilleuse qui m’est très familière, m’encourageant comme si elle l’avait toujours fait « soit fort mon fils ; bat toi mon fils ; revient nous mon chéri, moi et ton père nous avons besoin de toi ». Ses mots créèrent en moi une réaction dont je ne peux décrire depuis que je suis dans le noir. Ensuite, elle s’éloignant ; je l’entendis pleurer et se faire consoler par mon père et le docteur. Cette situation m’affecta beaucoup même s’il m’est impossible de pleurer. Après que ma mère s’est calmée, le docteur Guèye s’empressa d’interroger mon père sur le sort des agresseurs.
-Ces jeunes voyous ont été condamnés à une peine de quinze ans fermes. Ils ont expliqué qu’ils avaient un problème avec Tafsir, le compagnon de mon fils, celui qui a été tué ; dit mon père.
-Cette peine, rétorqua le docteur, est petite pour des délinquants comme eux. Mais comment votre fils s’est retrouvé dans un tel milieu ?
- Avant hier, moi et ma femme avions trouvé le journal secret de mon fils, comme je vous l’avais dit c’est un bon étudiant, il aime écrire. Dans son journal, expliqua mon père, il y raconte tous les raisons qui l’ont poussé à entrer dans un ce milieu de trafiquants de drogue. Tout a commencé lorsque qu’il voulait aller au Canada pour continuer ses études universitaires, alors ses meilleurs amis lui ont proposé de l’aider ce qu’il accepta. C’est là qu’a débuté ses problèmes. Au lieu de l’aider, ils ont comploté pour le détruire. Pour ce faire, ils ont concocté un plan : créer une agence fictive d’accompagnement des étudiants dans le processus d’obtention de visa et de préinscription afin de pouvoir y aller. Ainsi, mon fils a pris toute son énergie et sa concentration les mettant dans cette affaire au détriment de ses études qui étaient en cours. Il avait pris toutes ses économies et les a investies mais avant ça, ses amis l’ont d’abord amené chez un marabout qui je pense était sur le coup, afin de l’ensorceler pour mieux l’apprivoiser. Ils ont très bien orchestré leur plan. Après, la réussite de ce plan machiavélique, ils ont pris la fuite. D’ailleurs personne ne sait où ils sont jusqu’à présent. Hier, j’ai déposé une plainte contre eux (Ansou et Ibou), la police commence l’enquête demain. Mon problème est je ne sais pas pourquoi Amadou n’a pas eu à faire la même chose que moi déposer une plainte et pourquoi il ne nous a rien parlé de ça.
- Peut-être, il avait honte, dit le docteur.
-Ce n’est pas honteux de manquer de vigilance surtout si se sont tes amis qui t’ont piégé et en cas de problème ce n’est pas honteux de demander de l’argent, ni de demander de l’aide à ses parents et surtout des conseils. Après, cette situation mon fils a fait une dépression à notre insu vu que moi et sa mère on est toujours occupé par le travail, nous avons rien constaté. Durant cette période dure pour lui, il décida un jour de faire une sortie pour décompresser. C’est à ce moment-là qu’il a rencontré Tafsir un ancien camarade de classe qu’il décrivit dans son journal comme un nullard mais qui était toujours entouré de belles filles et qui portait toujours des habits chic alors même ses parents n’étaient pas friqués. Ce dernier, le voyant un peu déprimé lui proposa de faire affaire. C’est là qu’il commença à vendre de la drogue pour pouvoir rapidement accumuler de l’argent pour reprendre ses projets et sa vie d’avant. De ce fait, il faisait équipe avec Tafsir qui avait des ennemis dont font partie les délinquants qui sont incarcérés. Au fait, ces derniers ont déclaré à la barre qu’à la veille de leurs actes, Tafsir avec son équipe sans la présence de mon fils, les ont attaqués. C’est alors qu’ils ont décidé de se venger. À cet effet, lorsqu’ils ont repéré leur proie tard dans la nuit avec mon fils, ces voyous armés de gourdins les ont surpris par derrière et d’après leurs paroles, ils s’en ont pris beaucoup plus à Tafsir qu’à mon fils c’est pourquoi il a la chance d’être là aujourd’hui. Malheureusement,Tafsir a rendu l’âme.
-Mon père me disait que plus ta réussite est grande, plus il est probable que certaines personnes vous attaquent et cherchent à saper vos efforts. C’est ce qui s’est passé avec votre fils. Ses deux amis se sont sentis menacer par sa réussite d’où la raison de leurs actes ignobles. Prions pour qu’il se réveille et qu’il puisse entreprendre de nouveaux projets ; dit le docteur.
Maintenant, c’est clair, mon combat pour sortir delà peut commencer.