La Rage du désespoir

«Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.»
Ainsi devait commencer le texte à soumettre au concours d'écriture. En lisant cet incipit pour la première fois, je n'avais pas fait attention à la partie après la question. Cette dernière m'avait tout de suite captivé, déclenchant dans mon cerveau une série d'interprétation possible. La première interprétation que je décidais de développer était la suivante : je me suis imaginé être en face d'un fait ou d'un événement que je ne comprenais pas soit parce qu'il y avait des détails qui m'échappaient, dans ce cas je suis dans le noir, ou soit parce que mon cerveau se refuse à voir la vérité, et dans ce cas j'ai les yeux fermés. Jackpot j'étais dans une situation semblable. Quoi de mieux que d'écrire sur la divergence d'opinion qui me fait passer pour un fou aux yeux de mes proches. Je pourrais enfin déverser toutes ces émotions contradictoires qui m'empêchent de m'épanouir me suis-je dis. Alors j'ai écrit. J'ai écrit sur mon entêtement à croire que la bêtise est de répéter les mêmes actions en s'attendant à un résultat différent. J'ai écrit sur le fait que je ne veux pas me limiter aux ambitions de mon père me concernant. Pourquoi m'a t-il mis à l'école si c'est pour m'empêcher d'utiliser mes connaissances. Pourquoi devrais je croire comme mon père que la terre ne tourne pas alors que la logique me dit que si. Devrais je faire abstraction de mon bon sens pour plaire à ma famille. Je ne crois pas. Je connais des termes scientifiques que ma famille ne peut imaginer. Je comprends que mes parents, illettrés qu'ils sont, ne puissent avoir les mêmes perspectives que moi, mais comment veulent ils que j'avance s'ils sont le premier frein à mon ascension. Je n'ai pas envie de cette vie pathétique et ennuyeuse qu'est devenu l'existence de mon père. Dieu n'est pas venu en aide aux enfants qui se font bombardés en Syrie, pourquoi devrais je donc mettre tout mes espoirs sur lui ? Dieu, s'il existe, n'évolue pas, moi si. C'est peut être que je suis borné, quoi qu'il en soit j'ai décidé de n'accuser personne de mes malheurs, je suis le seul et l'unique responsable de tout ce qui m'arrive. Avoir des rêves ne suffit pas, j'accepte donc d'être le fou dans mon désir de faire des miens une réalité. C'est dommage que j'aie du mal à trouver des investisseurs en Guinée juste parce que je n'ai pas envie de suivre la voie de mes ancêtres. Cet habitude de remettre tout ce qu'on ne comprend pas à la fatalité. Quel sottise ! Puis on s'étonne que l'Afrique est pauvre, et au lieu de se demander ce qu'on a mal fait, on continue de se lamenter sur notre sort, et lorsqu'une nouvelle idée se présente, on essaie de l'enfermer en argumentant que les ancêtres n'ont pas fait ainsi. C'est si triste et si révoltant. J'ai déversé ma colère contre une société aux coutumes stupide à travers ma plume, puis j'ai découvert que l'incipit ne se limitait pas à la question alors j'ai écrit une nouvelle histoire, puis une autre, et une autre juste pour le plaisir de transcrire ma pensée à travers quelques gouttes d'encre. J'ai écrit sept histoire en sachant qu'on ne m'en demandait qu'un, mais ça faisait tellement de bien d'écrire, Rien de mieux que de confier ses inquiétudes à un tierce pour se soulager de son fardeau. Le calme m'envahit petit à petit pour laisser mon cerveau ouvert à toutes les possibilités et une fois là meme la déception perd son intensité pour devenir plus riche en substance. Quelle importance en fin de compte que je sois dans le noir ou que j'aie les yeux fermés, j'ai des rêves, et j'en ferai des réalités. Nos ancêtres ont échoué à conquérir leur propre liberté et dignité, nous nous irons conquérir le monde.
Bienvenue dans ma folie.