Souffle charognard
avatar d'un dieu glacé
plions sous tes dards
Il y était presque !
Encore quelques minutes et le grand moment allait arriver. Il avait attendu si longtemps qu’il s’en étonnait lui-même. Quelle patience il avait eu pendant toutes ces années ! Il avait résisté à la tentation sachant que tant qu’elle n’aurait pas atteint l’âge requis, il ne pourrait la toucher. Il se permettait seulement de l’admirer et de la caresser des yeux le soir avant de se coucher. Cela faisait 8 ans qu’elle était à lui, trésor enfermé à double tour.
Il avait dû économiser pendant deux ans pour se payer cette petite merveille : 4000 euros ! Une folie ! Une bouteille de Château Petrus 99, achetée en 2007. On lui avait conseillé de ne l’ouvrir qu’à son apogée en 2015.
Un Petrus ! Il anticipait avec délice la première gorgée du nectar humectant ses papilles, dégageant la plénitude de ses arômes subtils, envahissant son palais de ses riches tanins et inondant sa gorge d’un parfum unique et précieux. Son tournedos Rossini n’en serait que sublimé.
Pavlov rentra en action !
Il pressa le pas. À midi, il était spécialement revenu chez lui pour ouvrir le flacon en vrai professionnel en prenant bien soin de ne pas endommager le bouchon. Puis il avait transvasé délicatement, avec amour, le précieux liquide dans un décanteur spécialement acheté pour l’occasion. Quelques heures d’oxygénation étaient recommandées pour ce grand Pomerol. Plutôt que cette carafe anonyme, il aurait préféré tenir en main la bouteille originale pour se servir son premier verre de Petrus, mais comme disait le proverbe : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ».
Il avait choisi cette soirée pour une bonne raison : il serait seul pour savourer ce moment exceptionnel. Son frère, qui squattait chez lui depuis trois mois était parti la veille pour aller habiter chez une nouvelle copine. Bon débarras ! Un château Petrus pouvait justifier un excès d’égoïsme !
Le moment est arrivé.
La porte de la cuisine est entrouverte ! Stupéfaction !
Devant lui sur la table, un verre vide tient compagnie au décanteur... vide ! À côté, un cubi de vin du Gard en promo à 12 euros sur lequel est posé un mot :
« Mon cher frérot, venu te rendre tes clefs, j’ai pas résisté à la tentation de goûter ton petit vin. On aurait dit qu’il m’attendait. Trop bon, j’ai tout bu ! Pour compenser, suis allé t’en acheter 4 litres chez l’épicier du coin.
P.S. : j’ai monté ton courrier. Ne me remercie pas : qu’importe le facteur pourvu qu’on ait l’adresse ! LOL »
Encore quelques minutes et le grand moment allait arriver. Il avait attendu si longtemps qu’il s’en étonnait lui-même. Quelle patience il avait eu pendant toutes ces années ! Il avait résisté à la tentation sachant que tant qu’elle n’aurait pas atteint l’âge requis, il ne pourrait la toucher. Il se permettait seulement de l’admirer et de la caresser des yeux le soir avant de se coucher. Cela faisait 8 ans qu’elle était à lui, trésor enfermé à double tour.
Il avait dû économiser pendant deux ans pour se payer cette petite merveille : 4000 euros ! Une folie ! Une bouteille de Château Petrus 99, achetée en 2007. On lui avait conseillé de ne l’ouvrir qu’à son apogée en 2015.
Un Petrus ! Il anticipait avec délice la première gorgée du nectar humectant ses papilles, dégageant la plénitude de ses arômes subtils, envahissant son palais de ses riches tanins et inondant sa gorge d’un parfum unique et précieux. Son tournedos Rossini n’en serait que sublimé.
Pavlov rentra en action !
Il pressa le pas. À midi, il était spécialement revenu chez lui pour ouvrir le flacon en vrai professionnel en prenant bien soin de ne pas endommager le bouchon. Puis il avait transvasé délicatement, avec amour, le précieux liquide dans un décanteur spécialement acheté pour l’occasion. Quelques heures d’oxygénation étaient recommandées pour ce grand Pomerol. Plutôt que cette carafe anonyme, il aurait préféré tenir en main la bouteille originale pour se servir son premier verre de Petrus, mais comme disait le proverbe : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ».
Il avait choisi cette soirée pour une bonne raison : il serait seul pour savourer ce moment exceptionnel. Son frère, qui squattait chez lui depuis trois mois était parti la veille pour aller habiter chez une nouvelle copine. Bon débarras ! Un château Petrus pouvait justifier un excès d’égoïsme !
Le moment est arrivé.
La porte de la cuisine est entrouverte ! Stupéfaction !
Devant lui sur la table, un verre vide tient compagnie au décanteur... vide ! À côté, un cubi de vin du Gard en promo à 12 euros sur lequel est posé un mot :
« Mon cher frérot, venu te rendre tes clefs, j’ai pas résisté à la tentation de goûter ton petit vin. On aurait dit qu’il m’attendait. Trop bon, j’ai tout bu ! Pour compenser, suis allé t’en acheter 4 litres chez l’épicier du coin.
P.S. : j’ai monté ton courrier. Ne me remercie pas : qu’importe le facteur pourvu qu’on ait l’adresse ! LOL »
Beau texte. Moi, non, je n'ai pas vu venir la fin ! C'était bien vu ! ... bien bu (par le frère).