Journée d'échanges

Nous sommes le dernier mercredi du mois d’avril avant les vacances scolaires et comme chaque année, Valentine va rejoindre avec son chien Némo le groupe de bénévoles sur la plage de Paladru, petit village en Isère. Elle adore cette journée de partage entre valide et handicapé. Elle a remarqué que la présence de Némo aidait beaucoup le contact, surtout auprès des enfants et des handicapés mentaux. Bien que l’heure du rassemblement ne soit fixée qu’à 9H30, elle est présente de bonne heure avec les autres bénévoles pour s’occuper de la logistique. En général elle fait parti du premier groupe qui part pour le grand parcours avec les joëlettes et les bons marcheurs. Les premiers participants arrivent. Elle repère un groupe d’adolescents un peu excités. Ils viennent certainement du lycée qui s’est impliqué dans l’aventure cette année. Elle décide de s’approcher d’eux pour essayer de les convaincre de s’occuper d’une joëlette et de s’entraîner un peu à l’utilisation de l’engin avant le départ. Les garçons acceptent pour pouvoir impressionner les filles. Et voilà que le petit groupe va rejoindre Antoine, le responsable pour une initiation. Ils apprennent que ce chariot est mené par plusieurs porteurs et qu'une personne a mobilité réduite peut s'installer dessus. Si elle est bien maniée, la joëlette passe pratiquement partout. A 10h00, le départ est donné et cette fois-ci il y a Noé, un jeune handicapé moteur, d’installé sur la joëlette. C’est un bon groupe qui s’élance sur le chemin, guidé par Antoine. Le courant passe tout de suite entre les garçons et Noé. Ils font attention à ne pas trop le bousculer. Les conversations vont bon train. Ils parlent du dernier jeu vidéo à la mode. Agacées, les filles se rapprochent de Némo. Valentine le tient en laisse mais dès que le groupe sera sorti du village et qu’ils commenceront à monter dans le bois, le chien sera détaché. Il est habitué maintenant et ne va pas se mettre dans les roues des joëlettes. Il se laisse même mené par des étrangers, tant que sa maîtresse reste dans les environs ce qui ravit en général les handicapés mentaux qui ont à leurs yeux une lourde responsabilité.
La petite colonie commence a sillonner dans le village, puis en légère montée ils rentrent dans le bois. Némo est aux anges. Il peut enfin renifler à droite et à gauche. Les garçons ralentissent la cadence. Ils sont relayés par d’autres bénévoles et reste à côté de Noé pour continuer leur conversation. La troupe arrive au point culminant de la balade. Profitant d’une pause, Valentine profite que l’on surplombe le lac pour raconter son origine et l’histoire du village englouti. Tout le monde l’écoute fasciné, sauf les habitués qui connaissent l’histoire par cœur mais profite de la vue et du repos. Valentine leur fait remarquer le panneau au pied d’un gros caillou « la pierre qui danse ». Elle essaie de faire participer les marcheurs en leur demandant s’ils ont une idée de la signification. Plusieurs hypothèses sont émises. Les garçons pensent que le caillou peut bouger si on le pousse. Valentine leur dit d’essayer mais en vain. Il y en a qui évoque une histoire avec le diable. Ce n’est pas ça non plus. En fait, elle est située sur la limite entre les communes de Le Pin et de Paladru. L’histoire raconte que les deux villages se sont appropriés à tour de rôle le rocher afin d’étendre la commune.
Après ces récits fantastiques, ils prennent tous le chemin du retour. Ils reviennent sur la plage ainsi que les autres groupes de randonneurs. Ils se rassemblent pour prendre le repas tiré des sacs. Les échanges fusent dans tous les coins, que ce soit des échanges verbaux sur leur quotidien ou la randonnée du jour ou des échanges gastronomiques. Il y en a qui ont apporté des biscuits apéritifs, d’autres une bouteille de vin ou encore du café pour aller avec le chocolat de untel et les biscuits d’une autre personne. Beaucoup de personnes veulent donner un petit quelque chose à Némo. Valentine veille au grain et surveille qu’il n’aille pas manger à tous les râteliers. Pour terminer cette belle journée de partage et d’entraide, des jeux sont organisés l’après-midi où tout le monde peut participer. Les garçons en profitent pour prendre Noé dans leur équipe. Ils font une partie de foot improvisée. Hugo, le plus costaud et le plus grand de la bande a pris Noé sur son dos et il arrive encore à dribbler. Noé le renseigne beaucoup aussi sur l’emplacement des joueurs. La partie est serrée mais les garçons l’emportent d’un but. Il y en a d’autres qui font du badminton sans filet. Ils se passent juste le volant et là il n’y a pas de compétition. Heureusement car Valentine a du mal à contenir Némo qui trouve se jeu très intéressant et veut lui aussi participer. Seulement il ne renvoie pas le volant. Quand il réussi à le choper il s’en va avec. Alors la course après le chien est lancée. On entend des éclats de rires lorsque qu’Antoine a voulu plonger sur Némo et s’est retrouvé allongé sur le sable. Heureusement que Valentine a tout de même de l’autorité et Némo rend le volant assez rapidement.
La journée s’achève. La plage se vide petit à petit. Chacun rentre chez soi le cœur rempli de joie et des souvenirs plein la tête.