Rose a 8 ans, lorsque timide et introvertie elle prend son premier cours de Danse Classique. Contre toute attente, celle qu’on trouve plutôt grassouillette, peu dégourdie tombe amoureuse de cet art. De sa première salle de danse elle retiendra l’odeur si particulière, elle ne sait pas vraiment la définir, mais pour elle « c’est une odeur de bonheur ».
Elle a 10 ans quand elle assiste à son premier Ballet.
Le Théâtre lui rappelle la jolie boite à musique, celle que sa grand-mère lui a offerte avec la petite Danseuse qui tourne quand on la remonte avec la clé.
Lorsque le spectacle est terminé sa décision est prise : elle sera Danseuse étoile.
Elle a douze ans, son amour pour la danse n’a pas changé. Elle suit des cours à la ville. On choisit pour elle une académie réputée pour sa rigueur et ses règles drastiques. Son ventre est toujours crispé avant d’y aller, à la limite de la nausée. Très vite elle abandonne son rêve d’enfant, se tourne vers le modern’-Jazz et en deviendra professeur. Cela ne se fera pas sans heurts, sa famille n’est pas d’accord mais elle est déterminée et ne cédera pas.
Rose a vingt ans lorsque timidement, elle ose pousser la porte du foyer rural de son village pour proposer ses services. C’est ici qu’elle commence à enseigner, elle a aujourd’hui une immense gratitude envers ceux qui l’ont aidé à grandir et à s’affirmer.
Elle a trente-cinq ans, avec l’aide précieuse de ses amies, elle fonde une école associative. Elle obtient une salle municipale. Elle déploiera toute son énergie afin que l’on casse un mur pour avoir plus d’espace. Elle s’acharnera, pour obtenir des miroirs, des barres, et un sol convenable. La pièce est maintenant superbe. Elle s’y sent bien comme dans celle de son enfance. Il y règne cette bonne « odeur de bonheur ».
Rose a quarante ans, elle intervient dans les deux groupes scolaires de son village. Elle a à cœur de faire aimer la danse aux garçons comme aux filles. Ce n’est pas tâche facile, mais elle y croit et ça fonctionne. Ce qu’elle souhaite par-dessus tout c’est offrir un vrai spectacle aux parents spectateurs. Avec l’aide du personnel enseignant, elle demande la grande salle des fêtes, des projecteurs, des costumes, un maquillage, une coiffure imposée, des spectateurs assis, elle ne lâchera rien. Devant son entêtement, tout le monde s’y met et le résultat est à la hauteur de ses espérances.
Parallèlement, elle accepte de travailler avec de jeunes autistes. Grâce à l’éducatrice qu’elle admire et qui lui apprend beaucoup, elle les traite comme des personnes normales. Elle décide de les intégrer à son spectacle de fin d’année. Elle prend le temps d’expliquer à ses élèves ce qu’est une personne autiste, quel peut-être son comportement comment ne pas trop la brusquer. Le résultat est magique, l’alchimie prend, tout le monde s’entend, s’accepte, c’est une réussite.
Elle s’ouvre à l’extérieur et s’enrichit de rencontres de danse, de concours, auxquels elle participe avec ses danseuses.
Et pourquoi ne pas organiser ça chez elle, en milieu rural ? Elle met en place des « rencontres de danse amateur », des « festivals de danse pour enfant » un concours chorégraphique. Créer du lien, échanger, se rencontrer, c’est ça qui la fait vibrer.
Elle a cinquante-cinq ans et subitement, elle n’en peut plus. Elle boucle son année en catastrophe, annonce son départ définitif. En fait c’est la dépression qui la gagne peu à peu.
Elle a cinquante-sept ans une amnésie post traumatique surgit tel un tsunami qui va dévaster sa vie. Elle découvre avec horreur qu’elle a été victime d’inceste, qu’elle a eu une enfance maltraitée physiquement et psychologiquement.
Elle tremble, elle a peur qu’on la prenne pour une folle, peur qu’on ne la croit pas, elle fait des cauchemars, elle est terrorisée. Complétement démolie, méconnaissable, elle avance tel un zombie, elle n’est plus que l’ombre de son ombre, totalement anéantie. L’inceste est un sujet tabou ses proches n’ont pas toujours les mots pour l’aider. Elle sent que son histoire dérange et se culpabilise. Tout dans va vie est remis en question, elle titube, avance comme elle peut. Elle découvre le déni, ceux qui plutôt que d’avouer préfèrent dire qu’elle « est folle », ou « qu’elle a un mal-être » ou encore qu’elle a juste fait « un mauvais rêve ».
Elle entreprend alors les démarches nécessaires pour se soigner, une psychothérapie mais pas seulement. Elle veut tout savoir tout connaître de ce qu’il lui est arrivé. C’est jour est nuit qu’elle étudie sur le sujet, qu’elle écoute des conférences, elle fait partie d’un groupe de paroles, elle lit.
C’est grâce à l’aide de celui qu’elle connaît depuis l’âge de quinze ans, celui qui a toujours été là pour elle tout au long de sa vie, son mari, qu’elle tient bon.
Rose a soixante ans, aujourd’hui elle a retrouvé l’estime de soi. Quand elle regarde son parcours, elle le regarde avec fierté. Elle s’est battue pour faire le métier qu’elle a choisi, elle s’est battue pour avoir sa jolie salle, elle s’est battue pour sortir de son tsunami.
Aujourd’hui, elle a fait du tri dans sa vie, elle a appris à s’aimer, à se respecter, à se protéger, elle est plus calme et apaisée, aujourd’hui elle se connait.
Un nouveau chemin de vie s’ouvre devant elle et elle n’a qu’une envie c’est de recommencer à danser.
Elle a 10 ans quand elle assiste à son premier Ballet.
Le Théâtre lui rappelle la jolie boite à musique, celle que sa grand-mère lui a offerte avec la petite Danseuse qui tourne quand on la remonte avec la clé.
Lorsque le spectacle est terminé sa décision est prise : elle sera Danseuse étoile.
Elle a douze ans, son amour pour la danse n’a pas changé. Elle suit des cours à la ville. On choisit pour elle une académie réputée pour sa rigueur et ses règles drastiques. Son ventre est toujours crispé avant d’y aller, à la limite de la nausée. Très vite elle abandonne son rêve d’enfant, se tourne vers le modern’-Jazz et en deviendra professeur. Cela ne se fera pas sans heurts, sa famille n’est pas d’accord mais elle est déterminée et ne cédera pas.
Rose a vingt ans lorsque timidement, elle ose pousser la porte du foyer rural de son village pour proposer ses services. C’est ici qu’elle commence à enseigner, elle a aujourd’hui une immense gratitude envers ceux qui l’ont aidé à grandir et à s’affirmer.
Elle a trente-cinq ans, avec l’aide précieuse de ses amies, elle fonde une école associative. Elle obtient une salle municipale. Elle déploiera toute son énergie afin que l’on casse un mur pour avoir plus d’espace. Elle s’acharnera, pour obtenir des miroirs, des barres, et un sol convenable. La pièce est maintenant superbe. Elle s’y sent bien comme dans celle de son enfance. Il y règne cette bonne « odeur de bonheur ».
Rose a quarante ans, elle intervient dans les deux groupes scolaires de son village. Elle a à cœur de faire aimer la danse aux garçons comme aux filles. Ce n’est pas tâche facile, mais elle y croit et ça fonctionne. Ce qu’elle souhaite par-dessus tout c’est offrir un vrai spectacle aux parents spectateurs. Avec l’aide du personnel enseignant, elle demande la grande salle des fêtes, des projecteurs, des costumes, un maquillage, une coiffure imposée, des spectateurs assis, elle ne lâchera rien. Devant son entêtement, tout le monde s’y met et le résultat est à la hauteur de ses espérances.
Parallèlement, elle accepte de travailler avec de jeunes autistes. Grâce à l’éducatrice qu’elle admire et qui lui apprend beaucoup, elle les traite comme des personnes normales. Elle décide de les intégrer à son spectacle de fin d’année. Elle prend le temps d’expliquer à ses élèves ce qu’est une personne autiste, quel peut-être son comportement comment ne pas trop la brusquer. Le résultat est magique, l’alchimie prend, tout le monde s’entend, s’accepte, c’est une réussite.
Elle s’ouvre à l’extérieur et s’enrichit de rencontres de danse, de concours, auxquels elle participe avec ses danseuses.
Et pourquoi ne pas organiser ça chez elle, en milieu rural ? Elle met en place des « rencontres de danse amateur », des « festivals de danse pour enfant » un concours chorégraphique. Créer du lien, échanger, se rencontrer, c’est ça qui la fait vibrer.
Elle a cinquante-cinq ans et subitement, elle n’en peut plus. Elle boucle son année en catastrophe, annonce son départ définitif. En fait c’est la dépression qui la gagne peu à peu.
Elle a cinquante-sept ans une amnésie post traumatique surgit tel un tsunami qui va dévaster sa vie. Elle découvre avec horreur qu’elle a été victime d’inceste, qu’elle a eu une enfance maltraitée physiquement et psychologiquement.
Elle tremble, elle a peur qu’on la prenne pour une folle, peur qu’on ne la croit pas, elle fait des cauchemars, elle est terrorisée. Complétement démolie, méconnaissable, elle avance tel un zombie, elle n’est plus que l’ombre de son ombre, totalement anéantie. L’inceste est un sujet tabou ses proches n’ont pas toujours les mots pour l’aider. Elle sent que son histoire dérange et se culpabilise. Tout dans va vie est remis en question, elle titube, avance comme elle peut. Elle découvre le déni, ceux qui plutôt que d’avouer préfèrent dire qu’elle « est folle », ou « qu’elle a un mal-être » ou encore qu’elle a juste fait « un mauvais rêve ».
Elle entreprend alors les démarches nécessaires pour se soigner, une psychothérapie mais pas seulement. Elle veut tout savoir tout connaître de ce qu’il lui est arrivé. C’est jour est nuit qu’elle étudie sur le sujet, qu’elle écoute des conférences, elle fait partie d’un groupe de paroles, elle lit.
C’est grâce à l’aide de celui qu’elle connaît depuis l’âge de quinze ans, celui qui a toujours été là pour elle tout au long de sa vie, son mari, qu’elle tient bon.
Rose a soixante ans, aujourd’hui elle a retrouvé l’estime de soi. Quand elle regarde son parcours, elle le regarde avec fierté. Elle s’est battue pour faire le métier qu’elle a choisi, elle s’est battue pour avoir sa jolie salle, elle s’est battue pour sortir de son tsunami.
Aujourd’hui, elle a fait du tri dans sa vie, elle a appris à s’aimer, à se respecter, à se protéger, elle est plus calme et apaisée, aujourd’hui elle se connait.
Un nouveau chemin de vie s’ouvre devant elle et elle n’a qu’une envie c’est de recommencer à danser.