« Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître. »
A cette réponse, je vis leurs yeux devenir comme du feu et leurs mains devenir des poings...
Une odeur forte et nauséabonde me fit sursauter où j'étais couchée. Ce bébé qui pleurait à moins d'un mètre aggravait mes maux de tête. Cet endroit était dégoutant, mon village, ma famille, mes amis me manquaient.
Quarante jours que je quittai mon pays à la recherche d'une vie meilleure en occident, je gardai toujours ma détermination, il restait juste la méditerranée à traverser.
Nous fûmes tous pris trois jours avant dans le campement par des hommes cagoulés et armés, ils nous emmenèrent dans ce qui ressemblait à un village abandonné avec des constructions en dunes souterraines. Nous étions plus de cinquante, toutes nationalités confondues, des hommes, des femmes, des adolescents et même des bébés. Ils avaient
Nous étions tous en marche pour l'eldorado et la mer ne nous terrorisa pas comme ces hommes. Ils nous kidnappèrent et demandèrent des rançons à nos familles restées dans nos pays.
Le séjour dans cette prison fut terrible, ils prenaient une personne dans la dune où j'étais toutes les trente minutes et l'emmenèrent dans un endroit à l'écart. La personne revenait scarifiée, blessée, terrorisée et en larmes. Ce fut mon tour d'y passer.
Deux hommes, grands de taille et musclés, m'attrapèrent par les bras et me trainèrent jusqu'à une autre pièce. Je trouvai un homme, de la quarantaine environ avec des balafres au visage assis sur une veille chaise en bois. Les deux hommes me laissèrent seule avec lui, les mains enchainées.
Il me demanda d'où je venais, si j'avais de la famille, si ma famille savait que je me trouvais là et à quel numéro de téléphone il pouvait joindre les miens. Je n'y fis aucun commentaire et le monsieur me dit que si je voulais partir de là saine et sauve, il fallait que je coopère. Je ne pouvais bien évidemment pas couvrir ma mère de chagrin puisqu'étant parti sans en informer personne, ayant vendu mon fonds de commerce dans mon village. Il me dit que j'étais une belle femme et qu'il voulait bien m'aider. Il me proposa donc que si je n'avais pas d'argent pour payer ma rançon, je pus aussi m'acquitter en devenant son esclave sexuelle. Je pourrai donc quitter cette prison sale et avoir de l'eau et à manger comme je veux dans sa maison.
Jamais de ma vie, je ne songeai à devenir esclave sexuelle d'un homme, je n'étais pas une prostituée, je refusai bien évidemment sa proposition. Il appela les deux hommes restés dehors et il leur dit de me traiter comme les autres. Je reçus des sévices corporels indescriptibles. L'un prit une barre de fer, la chauffa et la déposa sur mon pied. Je criai, je me débattis et pendant ce temps, ils éclatèrent de rire en mimant des cris de singe à chacun de mes cris. Ce quart d'heure fut l'un des plus horribles de mes vingt-trois ans, ces tyrans prirent plaisir à me torturer et vinrent me jeter après dans la dune avec les autres.
Fatou, une jeune fille bienveillante s'approcha de moi, en sanglots et tenta de me rassurer. Elle était dans la dune depuis plus d'un mois dans l'attente de sa famille qui collectait le total de sa rançon. Elle commença l'aventure en groupe avec deux de ses amis et sa sœur mais était la seule survivante. Elle me raconta les atrocités qu'elle subit tout au long de son voyage, des multiples viols subit et pleines d'autres choses inhumaines vécues. Il avait été demandé cent soixante mille dinars pour qu'elle fut relâché et sa famille rassemblait l'argent dans son pays, entre temps, elle subissait des sévices corporels tous les jours, elle avait des brûlures sur tout le corps. Son histoire fut similaire à la mienne mais elle, comparée à moi, avait au moins des diplômes. Elle voulait traverser pour donner une vie meilleure à son fils resté dans son pays avec sa maman. Elle avait fait des études en marketing mais était au chômage depuis deux ans.
Quand je fus plus calme, elle me demanda ce que je faisais là, si jeune, au lieu d'aller à l'école. Je ne sus quoi lui dire, je ne pus rien lui dire. Elle me demanda si je savais nager, si j'étais prête pour la suite de l'aventure, si je n'avais pas peur, si mes parents étaient au courant. Je n'eus pensé un seul instant à tout cela, je voulais juste traverser pour aller en Europe. Elle me dit qu'elle ne pouvait pas faire marche arrière, qu'elle devait réaliser le rêve de sa sœur.
Il fut très difficile de dormir dans cet endroit, qu'allais-je faire ? Comment allais-je sortir de là ?
Le lendemain, ces hommes revinrent me chercher. Je ne laissai pas parler le chef, quand j'entrai, j'acceptai sa demande de la veille. Je fus ramené dans la dune sans être cette fois ci torturée. Les autres me regardèrent surpris par mon état, et surtout par mon calme.
Le soir vint et les deux hommes baraqués vinrent me chercher.
Le chef m'attendit dehors, je montai dans sa voiture et nous quittâmes de là. Quelques heures plus tard, nous arrivâmes chez lui. Ce n'était pas le luxe mais c'était mieux. Je pris une douche et le chef me rejoignit...
J'avais mal partout, j'avais des bleus sur le corps, au cou, aux bras et surtout je n'arrivai pas à déplacer mon pied droit. Quand j'ouvris les yeux, il y'avait ce boulet.
Je me trainai jusqu'au séjour où le chef était au téléphone, j'entendis juste : « ramenez-les au camp. »
Il me demanda ironiquement si j'avais apprécié la veille et si j'avais bien dormi. Je hochai juste la tête et je répondis que je voulais manger. Il ramena des croissants et du lait, les posa sur la table et m'indiqua où je pouvais trouver à manger quand il ne sera pas là. Marcher avec cette masse sur mon pied m'était difficile, il sourit, me tapota la poitrine et s'en alla.
Une semaine passa, mes journées furent pareilles, mes nuits difficiles, mes plans changèrent. Il vint un soir, ivre, se coucha. Je pris son briquet et enflamma le matelas où il était couché.
Le feu se répandit rapidement dans toute la maison, la fumée qui envahit toutes les pièces commença à nous étouffer. Heureusement que les pompiers vinrent juste à temps et nous retirèrent de la maison. Nous fûmes tous conduits aux urgences, il avait des brûlures de troisième degré, je m'en sortis idem de cet incendie. Je demandai au docteur de contacter l'ambassade de mon pays pour que je puisse rentrer chez moi.
Le six Janvier, je foulai de nouveau ma terre natale. Quatre mois jour pour jour après avoir quitté mon pays, je rentrai sans rien, je devais recommencer à zéro. C'était mieux que rien, j'étais vivante. Tant qu'il y a la vie, il y a espoir.
A cette réponse, je vis leurs yeux devenir comme du feu et leurs mains devenir des poings...
Une odeur forte et nauséabonde me fit sursauter où j'étais couchée. Ce bébé qui pleurait à moins d'un mètre aggravait mes maux de tête. Cet endroit était dégoutant, mon village, ma famille, mes amis me manquaient.
Quarante jours que je quittai mon pays à la recherche d'une vie meilleure en occident, je gardai toujours ma détermination, il restait juste la méditerranée à traverser.
Nous fûmes tous pris trois jours avant dans le campement par des hommes cagoulés et armés, ils nous emmenèrent dans ce qui ressemblait à un village abandonné avec des constructions en dunes souterraines. Nous étions plus de cinquante, toutes nationalités confondues, des hommes, des femmes, des adolescents et même des bébés. Ils avaient
Nous étions tous en marche pour l'eldorado et la mer ne nous terrorisa pas comme ces hommes. Ils nous kidnappèrent et demandèrent des rançons à nos familles restées dans nos pays.
Le séjour dans cette prison fut terrible, ils prenaient une personne dans la dune où j'étais toutes les trente minutes et l'emmenèrent dans un endroit à l'écart. La personne revenait scarifiée, blessée, terrorisée et en larmes. Ce fut mon tour d'y passer.
Deux hommes, grands de taille et musclés, m'attrapèrent par les bras et me trainèrent jusqu'à une autre pièce. Je trouvai un homme, de la quarantaine environ avec des balafres au visage assis sur une veille chaise en bois. Les deux hommes me laissèrent seule avec lui, les mains enchainées.
Il me demanda d'où je venais, si j'avais de la famille, si ma famille savait que je me trouvais là et à quel numéro de téléphone il pouvait joindre les miens. Je n'y fis aucun commentaire et le monsieur me dit que si je voulais partir de là saine et sauve, il fallait que je coopère. Je ne pouvais bien évidemment pas couvrir ma mère de chagrin puisqu'étant parti sans en informer personne, ayant vendu mon fonds de commerce dans mon village. Il me dit que j'étais une belle femme et qu'il voulait bien m'aider. Il me proposa donc que si je n'avais pas d'argent pour payer ma rançon, je pus aussi m'acquitter en devenant son esclave sexuelle. Je pourrai donc quitter cette prison sale et avoir de l'eau et à manger comme je veux dans sa maison.
Jamais de ma vie, je ne songeai à devenir esclave sexuelle d'un homme, je n'étais pas une prostituée, je refusai bien évidemment sa proposition. Il appela les deux hommes restés dehors et il leur dit de me traiter comme les autres. Je reçus des sévices corporels indescriptibles. L'un prit une barre de fer, la chauffa et la déposa sur mon pied. Je criai, je me débattis et pendant ce temps, ils éclatèrent de rire en mimant des cris de singe à chacun de mes cris. Ce quart d'heure fut l'un des plus horribles de mes vingt-trois ans, ces tyrans prirent plaisir à me torturer et vinrent me jeter après dans la dune avec les autres.
Fatou, une jeune fille bienveillante s'approcha de moi, en sanglots et tenta de me rassurer. Elle était dans la dune depuis plus d'un mois dans l'attente de sa famille qui collectait le total de sa rançon. Elle commença l'aventure en groupe avec deux de ses amis et sa sœur mais était la seule survivante. Elle me raconta les atrocités qu'elle subit tout au long de son voyage, des multiples viols subit et pleines d'autres choses inhumaines vécues. Il avait été demandé cent soixante mille dinars pour qu'elle fut relâché et sa famille rassemblait l'argent dans son pays, entre temps, elle subissait des sévices corporels tous les jours, elle avait des brûlures sur tout le corps. Son histoire fut similaire à la mienne mais elle, comparée à moi, avait au moins des diplômes. Elle voulait traverser pour donner une vie meilleure à son fils resté dans son pays avec sa maman. Elle avait fait des études en marketing mais était au chômage depuis deux ans.
Quand je fus plus calme, elle me demanda ce que je faisais là, si jeune, au lieu d'aller à l'école. Je ne sus quoi lui dire, je ne pus rien lui dire. Elle me demanda si je savais nager, si j'étais prête pour la suite de l'aventure, si je n'avais pas peur, si mes parents étaient au courant. Je n'eus pensé un seul instant à tout cela, je voulais juste traverser pour aller en Europe. Elle me dit qu'elle ne pouvait pas faire marche arrière, qu'elle devait réaliser le rêve de sa sœur.
Il fut très difficile de dormir dans cet endroit, qu'allais-je faire ? Comment allais-je sortir de là ?
Le lendemain, ces hommes revinrent me chercher. Je ne laissai pas parler le chef, quand j'entrai, j'acceptai sa demande de la veille. Je fus ramené dans la dune sans être cette fois ci torturée. Les autres me regardèrent surpris par mon état, et surtout par mon calme.
Le soir vint et les deux hommes baraqués vinrent me chercher.
Le chef m'attendit dehors, je montai dans sa voiture et nous quittâmes de là. Quelques heures plus tard, nous arrivâmes chez lui. Ce n'était pas le luxe mais c'était mieux. Je pris une douche et le chef me rejoignit...
J'avais mal partout, j'avais des bleus sur le corps, au cou, aux bras et surtout je n'arrivai pas à déplacer mon pied droit. Quand j'ouvris les yeux, il y'avait ce boulet.
Je me trainai jusqu'au séjour où le chef était au téléphone, j'entendis juste : « ramenez-les au camp. »
Il me demanda ironiquement si j'avais apprécié la veille et si j'avais bien dormi. Je hochai juste la tête et je répondis que je voulais manger. Il ramena des croissants et du lait, les posa sur la table et m'indiqua où je pouvais trouver à manger quand il ne sera pas là. Marcher avec cette masse sur mon pied m'était difficile, il sourit, me tapota la poitrine et s'en alla.
Une semaine passa, mes journées furent pareilles, mes nuits difficiles, mes plans changèrent. Il vint un soir, ivre, se coucha. Je pris son briquet et enflamma le matelas où il était couché.
Le feu se répandit rapidement dans toute la maison, la fumée qui envahit toutes les pièces commença à nous étouffer. Heureusement que les pompiers vinrent juste à temps et nous retirèrent de la maison. Nous fûmes tous conduits aux urgences, il avait des brûlures de troisième degré, je m'en sortis idem de cet incendie. Je demandai au docteur de contacter l'ambassade de mon pays pour que je puisse rentrer chez moi.
Le six Janvier, je foulai de nouveau ma terre natale. Quatre mois jour pour jour après avoir quitté mon pays, je rentrai sans rien, je devais recommencer à zéro. C'était mieux que rien, j'étais vivante. Tant qu'il y a la vie, il y a espoir.