Longtemps après nous, j'ai pensé à vous...

Et puis vous m'avez invitée
En italique,
Police Arial ou bien Gothic,
Am Bodensee*
Vous aviez choisi l'instant et le banc
Et j'étais là à l'heure dite
Nos souvenirs au cœur battant

Ma nuit d'avant peuplée de vous...

Le banc était glacé
Et le bleu de vos yeux s'était teinté d'un gris
Qui m'était étranger
Et vous parliez de tout, de rien
Vous breloquiez des mots
Quadrillant de vos mains
Le soir incertain
En effleurant mes doigts
Qui ne se retiraient pas.

Mais ce sourire c'était bien vous ?

L'herbage de vos paroles était de foin séché
Le lac saignait son soleil inversé
Une odeur froide de rouille s'exhalait de l'eau
Mais vous parliez toujours
Et mon cœur s'effeuillait
À l'idée que nos derniers instants
Jouaient là leur va-tout

Tellement loin de vous...

Je voulais vous tenir à l'écorce des yeux
Je voulais du silence sur des mots échappés
Je voulais votre épaule à ma joue
Pour m'enivrer à deux
De l'ambre des souvenirs
Je voulais...
Mais vous parliez

Et vous parliez encore
Quand, soudain, quelque part
Une voix a crié
Vous avez frissonné
Vos deux mains ont cessé de danser
Et vous vous êtes levé.

***

Le soir s'effiloche sur mon hiver.
Du Bodensee où vous n'êtes pas,
Je pense à vous qui n'êtes plus vous
En Verdana.

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* « Bodensee » est un mot allemand pour désigner le lac de Constance
« Am Bodensee » signifie « Au bord du lac de Constance »