Parler dans la mort
Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.
Dans le marasme vespéral et ambiant des dieux de la nuit, paradoxe loufoque, dédoublement fonctionnel d’un questionnement alambiqué, fussent-ils mortifiés, ses sens tarabiscotés de l’esprit, Georges Seydu Kunté, éperdu dans les abysses moroses d’un raisonnement servi dans le planning rythmé du compte à rebours de son disque mental, sommeille près du marchand du sable, de ses odeurs légères où le mouvement est inerte, définitivement.
Les festivités macabres du silence volubile, les phobies lynchées dans l’urgence de nuisances phosphorées, là est l’autopsie funeste, peut-être barbante de ce questionnement Sali de deuil. Les battements de cœur arrêtés, le souffle de vie du vieux Georges arpente surplace dans ses certitudes burlesques. La scène morale du pauvre de cujus, troublée de berceuses mortuaires, se noie dans les tasses amphigouriques d’émotions statiques, seaux de larmes des vivants et heureux drames. Il arabise au rythme dantesque de cette interrogation illusoire.
Georges Seydu Kunté, jeté dans le hamac invisible de son alter-ego harassé de vie, ses facultés conscientes arpentent la thébaïde, l’enfer de Dante ; elles se brûlent, se consument dans les eaux, le feu, dans ce pays des joies éphémères. Aucun rire intempestif dans ce mystère caligineux de mélodies incomprises ; l’ataraxie, le paradigme grotesque ses croyances fictives prend le large. L’éphémère dégingandé de ses réflexions infructueuses, incapable de déchiffrer les charades premières d’une question posée à lui-même dans l’espace et le temps de Satan, ce Xénophon divin.
Une vie à la morgue, une interrogation spirituelle ; un risque à courir. La chair, les os, le sang et la vie, l’or matamore du soir, dans les méandres de l’absolu temporel, les a oubliés. Le panthéon des réflexions taciturnes, une réalité hypothétique. En apnée de pensées fagotées, de vains raisonnements, ils saignent d’incohérence. Les préludes symphoniques du sombre paradis, le noumène ostentatoire est versé dans l’imaginaire dogmatique, d’un esprit échappé de la réalité.
‘ Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux, tourment sempiternel dans le dédale édénique où la phobie saigne la tambouille cacophonique des mots qui pleurent. Assit et couvert de poussière, dans le lit de la terre, Georges, paria du grabuge de la conscience, où les allégations utopiques... est un pion dans le jeu d’échecs des lamentations irréelles. Le climax sardonique du repos éternel de la mort est insensé, l’espérance sabordée dans ce banquet fugace de l’esprit sombre dans le décor inexistant de ce pauvre Georges.
Dans les grandeurs mesurables des infinis commensurables, mouvement du vide satané, perception mystérieuse, question existentielle de l’abstrait unitaire. L’inaltérable repère dimensionnel du réel dans les vitesses intrinsèques des mouvements illusoires de l’atmosphère, l’ordre des existences successives, dans les intervalles cosmogoniques de l’univers, bienvenue au pays des joies éphémères. Les mélodies lointaines d’instruments émotionnels, pioncent dans les hauteurs invisibles, degrés abyssaux des péripéties temporelles non palpables. L’entonnoir est noir d’appréhensions inexplicables, le compte à rebours du disque mental va mal comme les courbes idéologiques qui mêlent la mort et la vie.
Dans les continuités eschatologiques, indéfinies, ataviques et labyrinthiques, le verbe loquace s’épuise dans les bifurcations inexistantes, où même les paroliers volubiles, la langueur rythmée de discours accrocheurs s’efface.
‘ Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Non, je suis Georges, « je parle dans ma mort »